Débat télévisé : Riposte Laïque malmène les arguments de la porte-parole des Indigènes de la République

Le 23 juin 2009, Guylain Chevrier et Marie-José Letailleur, collaborateurs de Riposte Laïque ont été invités par ITTA Tv, une chaine de télévision du net, à participer à un débat sur le thème « L’instrumentalisation de la laïcité : qui lui est restée fidèle ? ». Le principe de l’émission nommée « Place privée » veut que, après une brève présentation du thème par un journaliste, les invités restent seuls en scène et prennent la parole comme ils l’entendent ou le peuvent !
Les participants étaient :
– Houria Bouteldja, porte-parole du Mouvement des Indigènes de la République (MIR)
– Ghaleb Bencheikh, fils de l’ancien recteur de la Mosquée de Paris, animateur de l’émission sur l’islam le dimanche matin sur France 2, physicien et écrivain.
– Omar Sabri, militant PS du 93
– Marie-José Letailleur, Infirmière, Présidente de l’UFAL de Champs-sur-Marne.
– Guylain Chevrier, historien et formateur, membre de Riposte Laïque, auteur “la laïcité, pilier de la République, un enjeu universel, chapitre 17 de “Les dessous du voile”.
Après la séance maquillage et pendant le réglage des spots, certains des invités commencèrent à parler sur un ton peu complaisant de Riposte Laïque, parlant même d’ « une clique ». Guylain et Marie-José après un bref silence complice, précisaient qu’ils étaient aussi des contributeurs de Riposte Laïque… Léger froid malgré la température élevée du plateau sous les sunlights.
Après une présentation sommaire de chaque intervenant, l’animateur posait quelques pistes de discussion. Qu’est ce que la laïcité ? Qui la défend ? Que penser du projet d’interdire en France la burqa ? Puis, l’animateur a quitté le plateau de façon à laisser les invités débattre entre eux.
Guylain prit la parole en premier. Il fit un rappel historique de la laïcité, de ses grands principes et des valeurs fondamentales de la République : « Liberté », libertés et droits des individus inaliénables, entre droits de l’homme et Etat de droits ; « égalité » chacun possédant les mêmes libertés et droits, ils représentent un bien commun, tel que les services publiques, prolongeant la République, qui sont fondés sur l’égalité de traitement des individus devant la loi l’illustrent ; « fraternité », liberté et égalité constituant un bien commun au-dessus des différences selon un sens de l’intérêt général qui vaut pour tous, ces principes encouragent le mélange au lieu des mises à part, favorisant un vivre ensemble respectueux et fraternel.
Houria Bouteldja devait intervenir à la suite pour dire que tout cela n’était que théorique, car l’égalité n’existerait pas. La preuve à ses yeux, la loi de 2004, loi qui refuse les signes religieux à l’école, loi d’exclusion selon elle discriminatoire. Une loi qui stigmatiserait les filles musulmanes en les excluant du système scolaire.
Marie-José lui rétorqua que cette loi visait l’ensemble des religions et qu’elle concernait autant les kippas et les croix que les foulards islamiques, et qu’il ne s’agissait aucunement d’un rejet particulier des musulmanes, mais d’une réaffirmation du principe de laïcité pour tous.
Guylain reprit la parole en insistant sur l’égalité des hommes et des femmes au sein de la République, alors que l’islam impose un statut juridique inférieur aux femmes inscrit dans le Coran. Il poursuivait en revenant sur « l’affaire du foulard » et la volonté d’imposer à travers lui la religion dans l’école, cheval de Troie pour les autres religions, qui a largement justifié cette loi, dans un contexte de montée des revendications communautaires. Il devait expliquer que, laisser à l’entrée de l’école la religion, la tradition, était la seule méthode si on voulait que chaque enfant puisse trouver le chemin de sa propre liberté. D’autant que l’une des missions essentielles de l’école est de former de futurs citoyens.
Trouvant le raisonnement de Guylain simpliste, Houria Bouteldja désirait, dit-elle, complexifier le débat. Elle affirma que la République ne veut pas intégrer les personnes d’origine immigrée. Elle dérivait les issus de dans des termes tels que les basanés…
Guylain réagissait en s’exclamant pour contester cette appellation selon lui dégradante, irrespectueuse pour les personnes désignées, flirtant avec un certain racisme victimaire et qu’il avait plus de respect pour les personnes en cause que la représentantes des indigènes qui les instrumentalisait.
Ghaleb Bencheikh parla de la non-représentativité des minorités visibles dans les postes à responsabilités que ce soit au niveau de l’Etat ou des entreprises, voire des médias, que cela était le prolongement d’une discrimination dont étaient victimes les minorités religieuse ou ethniques.
Guylain répondit alors que ce n’était pas la République qui était responsable de la situation d’exclusion décrite ici, qu’elle n’était pas le fait d’une discrimination raciste mais avant tout avait des causes sociales, propre au système capitaliste qui exclut les personnes les plus vulnérables dont font partie souvent celles issues de l’immigration, avec des difficultés réelles pour parvenir à se faire une place en conséquence dans la société, mais que cela était bien moins général qu’on le laissait entendre en grossissant le trait de façon opportune.
Houria Bouteldja enchaîna sur les minorités, accusant la France d’être un état jacobin qui opprime les basques, les bretons et que l’égalité n’existerait pas.
Guylain rappela que c’est cet état jacobin qui au-delà des différences culturelles a créé un cadre commun de valeur et de droits égaux, pour formuler une identité nationale qui est notre bien commun à travers le modèle social français dont tous bénéficient. Il donna comme exemple l’attribution du RSA qui ne tient pas compte des différences et des origines.
Houria Bouteldja et Ghaleb Bencheikh s’esclaffaient alors pour dire leur dégoût de la notion d’identité nationale.
Guylain leur rétorquait que cette dénonciation de l’identité nationale française présentée comme porteuse de racisme est une instrumentalisation du droit à la différence confinant à la différence des droits, car on ne songerait jamais demander aux Algériens de ne pas se réclamer de leur identité nationale !
Houria Bouteldja, un peu décontenancée prôna un islam libre !
Marie-José intervint alors : aucune religion n’est libre, toute religion opprime.
Guylain renfonça le clou en précisant que toutes les religions monothéistes sont de nature patriarcale et dogmatique et ne portent en elle nullement spontanément la liberté.
Houria Bouteldja reprit la parole et dit combattre toute idée d’intégration utilisant la laïcité comme instrument pour opprimer les différences. Elle accusait alors le féminisme d’être responsable d’un nivellement oppressif des femmes et des droits.
Marie-José lui posa à la suite une seule question : combattez-vous alors le féminisme qui lutte contre l’excision ? Nulle réponse.
Vous osez parler d’un « islam libre » surenchérissait Guylain, vous avez raison, comme le montre la burka par exemple, qui est si significative d’un islam qui enferme et prive de liberté, qui exclut, qui opprime au nom du droit à la différence, avec des femmes qui, pour en justifier le port, parlent du risque de bruler en enfer, montrant ici un recul obscurantiste des mentalités digne du moyen-âge que l’on doit en France à l’islam, précisément !
Ghaleb Bencheikh prit la parole pour faire référence à la « multitude » des savants arabes que la mémoire collective refuserait selon lui de retenir, pour les opposer à la raison grecque et à leur science, comme l’Orient à l’Occident, sur un mode victimaire. Il évoquait que l’éducation tienne compte de ces références et les transmette.
Guylain rappela que ce sont les Grecs qui initièrent la division hommes –dieux dans l’histoire, et eux-seuls, à travers la philosophie du « gouvernement des hommes par les hommes » contenu dans l’invention de la démocratie inspirant la laïcité.
Houria Bouteldja rebondit sur cela et nous sortit alors son sempiternel couplet des indigènes qui sous entend un racisme des blancs ancré dans une mentalité française poste-coloniale.
Marie-José lui dit qu’elle faisait de l’auto-flagellation et que le MIR était un mouvement « bobo parisien » qui n’avait aucun écho dans les banlieues.
Omar Sabri prit la parole et vanta le discours d’Obama au Caire quant à sa position sur la liberté femmes musulmanes de porter les vêtements qu’elles souhaitent.
Marie-José rebondit sur son intervention pour lui préciser qu’un président qui jure sur la bible n’a aucune leçon à nous donner.
Guylain dénonçait alors le morcellement communautariste de la société américaine avec sa discrimination positive qui oppose les individus en groupes concurrents de droits selon une multitude d’appartenances qui justement empêchent toute capacité à mobiliser le peuple sur la moindre question sociale. Montrant ainsi que la démarche communautariste était un des plus grands dangers pour l’intérêt des peuples, ainsi divisés face aux puissances d’argent responsables des grands déséquilibres du monde. D’autre part que, concernant l’accusation d ‘une France raciste, il suffisait de se référer aux 82,2 % de votes contre Lepen au second tour des présidentielles de 2002 pour se convaincre que le peuple français rejetait ce sentiment et que ces accusations d’un racisme français de masse ne reposait que sur un victimage en dehors de toute réalité, ne servant qu’a alimenter un discours communautariste.
Marie-José précisa aussi que le CFCM, institutionnalisé par Nicolas Sarkozy, était noyauté par l’UOIF et que cette organisation n’était pas représentative des musulmans. Guylain rappela que l’UOIF prône toujours la lapidation des femmes.
Omar Sabri et Ghaleb Bencheikh dénoncèrent ce fait, mais silence d’Houria.
Au bout de plus d’une heure d’échanges parfois vifs, l’animateur revint sur le plateau pour accorder un temps de conclusion à chacun.
Ghaleb Bencheikh insista sur le rôle de l’éducation pour faire évoluer les mentalités et les comportements, mais impossible de savoir s’il s’agissait de faire évoluer les musulmans vers plus ou moins d’affirmation identitaire, où les autres vers plus ou moins de tolérance à l’égard de l’islam… Enfin, rien d’explicite pour comprendre à quelle laïcité se vouait l’intervenant dont le propos restait largement opaque.
Marie-José parla de la laïcité vécue au quotidien à l’hôpital où le personnel est tenu de n’arborer aucun signe religieux pour remplir sa mission sans autre considération que la santé du patient et des chartes qui interdisent de choisir son médecin en cas d’urgence, contrant les revendications des femmes musulmanes répétant la volonté des hommes auxquels elles se soumettent, de n’être soignées à l’hôpital que par des femmes.
Houria Bouteldja tira à nouveau à boulets rouges sur la loi de 2004 parlant de loi scélérate, et du droit de l’islam, victime à ses yeux de persécutions, à s’affirmer sans contrainte.
Guylain réagissait à ces propos en en dénonçant le ressentiment, reflet d’une sorte de dérive religieuse qui s’apparente à une forme de nouveau nationalisme, qui est extrêmement dangereuse en nourrissant chez les personnes issues de l’immigration un sentiment de revanche sur la société française. Il expliquait qu’en fait de croyance religieuse, on joue sur le sentiment d’appartenance par ré-identification, fabriquant de façon artificielle de l’identité en jouant sur une victimisation à outrance. On instrumentalise la religion pour organiser de nouvelles mises à part affirmait-il encore. Contre cela, il n’y a qu’un remède, la lutte sans concession pour l’égalité entre les individus, tout particulièrement entre les sexes, où la laïcité est l’enjeu primordial, concluait-il.
Omar Sabri osa dire qu’il fallait moderniser la loi de 1905, mais sans pour autant développer le moindre argumentaire.
Le temps imparti étant écoulé, un point final fut mis à l’émission. Les techniciens du plateau applaudirent la prestation puis firent part de leur satisfaction relativement à la teneur du débat. Une réaction qui n’était pas étrangère à la hauteur de la prestation de nos deux intervenants de Riposte Laïque.
Lucette Jeanpierre

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