9. Des propositions républicaines pour une politique des langues

Dans les 7 articles précédants (hormis le premier article d’introduction), il a été abordé l’essentiel des différents aspects que posent l’impérialisme linguistique de l’anglais au service de la mondialisatiobn néolibérale et le totalitarisme linguistique à base de filiation ethnique et d’enfermement identitaire prôné par certains défenseurs de langues régionales et communautaires.
Le moment est donc venu d’énoncer des propositions concrètes de conception républicaine pour une politique publique des langues en France, mais aussi par extension en Europe et dans le monde.

En premier lieu, il est indispensable que les républicains de notre pays :
1/ S’opposent de toutes leurs forces à la ratification par la France de la Charte Européenne des langues régionales et minoritaires, véritable cheval de Troie des ennemis de la république laïque, à cause de ses visées totalitaires à long terme (imposition à peine déguisée de l’apprentissage et de l’usage d’une langue dans une aire géographique donnée ou à des membres ayant une appartenance réelle ou supposée à une communauté identifiée, donc avec la référence de filiation ethnique). N’oublions pas ses visées évidentes de destruction du lien national dans les structures de l’état-nation (obligation de rédiger dans ces langues lois et règlements, obligation de faire en sorte que les administrations nationales et régionales soient tenues d’utiliser et de fournir des renseignements dans ces dites langues, alors que partout ce ne sont désormais qu’une petite minorité de la population le parlent), ce qui est globalement une atteinte directe à l’application des principes de liberté individuelle et d’égalité en droit.
2/ Réclament l’inscription dans la Constitution de la République française (et non seulement par une loi comme la loi Toubon), aux côtés de celle proclamant que les langues régionales de France font partie du patrimoine de notre pays, que la langue française est la langue nationale de la République, langue unique des institutions républicaines, des lois, régalements et administrations sur tout le territoire national/
3/ Exigent une refonte des structures et un changement de responsables de la Délégation Générale à la Langue Française et aux Langues de France (DGLFLF), avec une nouvelle définition des objectifs des méthodes amenant à la reconnaissance de langues régionales et communautaires utilisées en France.
Doivent etre prises en compte seulement celles qui ont un un minimum de locuteurs (comme le catalan, le basque, l’alsacien, le corse , le breton, le kabyle; l’arabe, et autres), en réservant à l’étude universitaire les langues ou dialectes en perte totale ou presque de locuteurs (comme les patois de langue d’oil, le judéoespagnol, et la plupart des dialectes occitans) [voire les articles 5 et 6], en n’oubliant pas la langue Espéranto puisque les 5 000 à 6000 locuteurs actifs (sans compter le double de locuteurs passifs) dépassent largement le nombre de locuteurs de certains dialectes actuellement reconnue par la DGLFDF.
4/ Appellent à l’arrêt de l’apprentissage précoce de l’anglais dans les écoles élémentaires, source de d’aggravation du fossé linguistique inégalitaire entre les milieux aisés et les autres, et aux dispositions diverses tolérées aboutissant dans les milieux professionnels à son hégémonie..
Mais une politique publique doit toujours comprendre des objectifs, des moyens de promotions et d’actions dynamiques pour ne pas apparaître purement négative, donc uniquement répressive. Et cela doit s’appliquer en l’occurrence aux langues utilisées en France dans le domaine privé et pour les relations internationales.
Il est nécessaire en effet que les républicains dont les ancêtres ont lutté pendant des siècles pour imposer par l’instruction publique l’usage sur tout le territoire national de la langue française, facteur indispensable de construction du lien national que supportent les lois et les dispositions réglementaires, prennent en compte désormais l’enrichissement culturel que peut apporter à toute la population la connaissance et l’utilisation d’autres langues que la langue nationale, quelles soient régionales, communautaires, transfrontalières, lointaines ou internationales.
Le jacobinisme républicain n’a jamais prôné autre chose que les lois et règlements soient les mêmes pour toute la population et s’appliquent de la même manière sur tout le territoire national, facteurs indispensables pour permettre l’égalité en droit et l’émancipation individuelle et collective dont la la laicité est l’expression aboutie de ces principes.
D’une part il parait nécessaire que l’obscurantisme de la superstition, la haine de la république. laïque, le fanatisme xénophobe, pour reprendre des termes utilisés par la conventionnel Barrère en 1794 (cf article 1), qui restent d’actualité, ne puissent plus se servir des langues régionales et communautaires comme vecteur de leurs objectifs rétogrades.
D’autre part on veut que ce soient le progrès social et sociétal, l’émancipation individuelle et collective qui utilisent cette arme culturelle du plurilinguisme, alors le devoir des républicains, donc jacobins, est de proposer une politique publique dynamique dans ce domaine.
Nous allons donc envisager une politique publique de l’enseignement des langues que doit porter notre « république laïque et sociale ».
L’enseignement précoce des langues à l’école élémentaire en est le socle primordial.
Pour écarter tout risque d’enseignement précoce de la langue anglaise en école élémentaire, (risque à conséquences graves dénoncés par le rappoert Grin, voire l’article 8), pour lequel les pressions s’accentuent (rapport Attali après le rapport Thélot et les politiques allant dans ce sens mises en place ici et là en Scandinavie et en Grèce par exemple), afin de favoriser l’impérialisme culturel de la langue anglaise vecteur de l’acceptation de la mondialisation néolibérale (cf article 2), il est utile d’organiser un enseignement précoce des langues pour contrer ces tentatives multiples d’asservissement et d’enfermement.
– soit des langues régionales, communautaires, transfrontalières exclusivement pour les familles qui le demandent pour leurs enfants (et sur tout le territoire national pour chacune de ses langues si il y a assez de demandes localement et sans référence de filiation ethnique que ce soit de nature géographique ou communautaire).
– soit de la langue espéranto pour les familles qui préféreraient cet enseignement à la place des langues précitées vue sa facilité d’apprentissage et sa grande qualité dans la communication (cf le rapport officiel Grin dans l’article8), d’autant qu’il sera vite constater que les enfants ayant commencé à apprendre l’espéranto vont apprendre de 35 % à 50 % plus vite une autre langue ultérieurement. (cf toujours article8).
Cet enseignement doit s’effectuer sur un horaire réduit (pas plus de 4 heures hebdomadaires) afin de laisser une place primordiale à l’enseignement de la langue française et des autres matières également en français.
Il apparaît d’ailleurs que le système des « sections internationales, » de l’enseignement public permettant un enseignement bilingue rognant sur l’enseignement des autres matières et destiné en premier lieu aux enfants de parents étrangers de haut niveau culturel venant travailler temporairement en France et à des enfants français de milieu culturel également élevé les fréquentant, ne soit pas une formule adéquate pour un enseignement de masse.
Une meilleure solution serait sans doute d’organiser cet enseignement dans le cadre des enseignements parascolaires les mercredi et samedi (ou dimanche) avec la musique, le sport et autres activités artistiques. Tout en étant financé par la puissance publique, quelle soit nationale ou régionale (mais toujours de la manière égalitaire dans tout le territoire national), ces enseignements et activités parascolaires devraient être exclusivement confiées à des associations familiales et de parents d’élèves agréées offrant toute les garanties d’allégeance à la république.
Cela empêcherait les dérives des associations autonomistes (les écoles Diwan en Bretagne offrant un enseignement exclusivement en breton au début des cycles de l’école élémentaires non seulement devraient donc se voir retirer leur licence d’enseignement, comme les associations fanatiques indépendantistes basques et corses).
Dans ces régions sensibles à la pression violente de ces organisations totalitaires, le choix pour les parents d’associations diverses implantées sur tout le territoire national et soumises à agrément éviterait sans doute nombre de pressions, par exemple pour les familles préférant l’enseignement de l’espagnol à celui du basque ou du catalan, de l’italien à celui du corse, comme de l’allemand à l’alsacien ou au francique.
C’est sur le choix volontaire des familles avec un nombre suffisant de demandes à déterminer que pourraient s’organiser ces enseignements de langues diverses dans les communes, cantons ou arrondissements de département, les mercredis et samedi, en rappelant que si des familles suffisamment nombreuses préfèrent l’enseignement de l’arabe standard à l’arabe dialectal maghrébin, de l’hébreu moderne au yiddish, de l’arménien oriental à l’arménien occidental (cf article 6) cela devrait être possible et accordé, n’en déplaise à M.Cerquilini, le pape de la DGLFLF, qui figent les langues des communautés dans des communautés à filiation ethnique. N’oublions pas d’autre part que le choix de communiquer dans une langue quelle qu’elle soit se fait toujours si l’on y trouve un intérêt, et que cet intérêt peut évoluer de génération en génération.
La poursuite de l’enseignement des langues en collège et en lycée se poursuivrait naturellement dans ce contexte. Certes l’enseignement de l’anglais, considéré à juste titre le plus souvent comme un vecteur nécessaire d’une réussite professionnelle ultérieure dans notre société actuelle se taillerait la part du lion dès l’entrée au collège en 6ème, cela va de soi, (et devrait certainemeny etre plus efficace). Malgré tout, l’ouverture à d’autres langues en école primaire permettrait aux élèves de choisir plus sereinement une autre langue dans le cursus du collège (comme actuellement en 4ème par exemple), qu’elle soit considérée comme centrale (espagnol, allemand) ou non (italien, polonais) ou lointaine (chinois) allant dans la perspective d’ailleurs d’un choix plus libre si l’espéranto devient une langue suffisante à terme aux coté de l’anglais à l’instauration d’une communication internationale facile.
L’université ou autres organisations d’enseignement pour les adultes pourraient prendre en compte ensuite d’autres langues , notamment celles disparues ou en voie de disparition (que ce soit le latin, le grec ancien et les dialectes anciens de la France).
Ces choix de politique publique de l’enseignement des langues dans les écoles élémentaires et secondaires conforteraient pour chaque état-nation la place de la langue nationale choisie par lui, permettrait la facilité de communication par le développement de la pratique de la langue internationale espéranto aussi bien pour l’ Europe que pour le monde entier (cf article 8). Il concourrerait au maintien de la pratique en famille et en communautés des langues vernaculaires géographiques et communautaires ayant une assise importan de locuteurs pour un enrichissement culturel offert aux citoyennes et citoyens. Le soutien de la puissance publique aux différents niveauxnational et régional se feraiet alors sans arrière pensée pour les manifestations culturelles et artistiques utilisant ces langues.
Ces quelques propositions d’une politique publique des langues selon une conception républicaine à visée laïque et sociale n’est certainement pas une panacée pour résoudre tous les problèmes face à l’offensive de l’impérialisme linguistique de l’anglais et à celle de l’enfermement idenditaire prôné par les forces obscurantistes hypernationalistes.
Elles ont en tout cas le mérite d’être claires, réalisables facilement en moyens et en coûts (en tout cas plus facilement qu’une politique multilingue brouillonne tout azimut comme le propose Sarkozy). De plus elle donne des objectifs clairs aux républicains donc jacobins face aux ennemis de la conception républicaine de l’état-nation fondée sur les principes de l’égalité en droit et de la liberté individuelle.
Valentin Boudras-Chapon

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