Détruire le père, empêcher les femmes de penser, ôter le plaisir du jeu à l’enfant

« Terminé le cliché “poupées pour les filles, voitures pour les garçons”. Le gouvernement veut combattre le sexisme dans les jouets et “lutter contre les stéréotypes” de genre. » nous annonce France Info. Après tout, on peut envisager la chose sous l’angle de ne plus orienter les petits garçons vers les kalach en plastique dans certaines banlieues… Ce que l’on ne peut que souhaiter. Mais à vrai dire, il s’agit ici d’autre chose qui nous semble tout aussi peu justifiée que de parler du sexe des anges.

“On sait que la période des mille premiers jours (de vie), c’est là où beaucoup de choses se construisent pour l’enfant” et “lutter contre les discriminations plus tard, cela passe par une action dès ces premiers jours-là”, nous dit le secrétaire d’État à l’Enfance, Adrien Taquet. 1 000 jours ? Dès ces premiers jours-là ? Moins de trois ans de vie… D’aucun verrait-il quelque stéréotype de genre dans l’Activity-Center Fisher-Price ou les hochets ? Gloups… Z’ont dû mal regarder ! Ou c’est moi qui ne compris pas que le cadran du téléphone indique aux filles l’heure d’appeler leur mère, durant que le bruyant lapin d’en bas est indiscutablement masculin. Mais justement, sur ce jeu, chaque élément est offert sans distinction de race, de religion ou de genre (de sexe). Serait-ce alors que les premières boîtes de cubes du plus grand au plus petit sont sexuées ou d’autres décorées de scènes genrées, et qu’il faille déconstruire ou dégenrer l’assemblage permettant de les voir en entier ? Dire adieu à Blanche-Neige et Bambi ? Qui sait si même quelque esprit tordu ne crut pas, dans les boîtes trouées où s’insèrent des pièces géométriques, qu’il s’agissait d’un jeu indiscutablement masculin que les filles laissent à leur petit frère ? Mais le gouvernement doit avoir raison, un ballon est bien sur genré, un vélo à trois ans avec ses roulettes l’est autant, n’est-ce pas ?

Ces gens qui n’aiment les enfants ne les comprennent pas. Ces gens-là n’ont pas d’enfant. Drôle de genre qu’ils sont !

« Selon la secrétaire d’État à l’Économie – nous dit aussi France-Info -, cette démarche est partie “d’un constat économique” : “la présence d’un nombre limité de femmes dans les carrières scientifiques”. Selon l’association “Elles Bougent”, qui promeut les carrières scientifiques auprès des filles : “Dans la construction de soi et donc dans l’orientation, la place du jouet est fondamentale, si on ne donne pas à voir à des jeunes filles des jouets qui sont en lien avec la science, elles ne pourront pas se projeter dans ces métiers-là.”

On peut être perplexe devant ce credo. Car outre les fonctions de professeur où les femmes dominent, le dernier médecin que je vis m’a semblé malgré son masque être bel et bien une femme. La laborantine de même. Les séries télévisées y incitent et nous en offrent tout autant : Les experts, Le bureau des légendes, etc. Digischool nous apprend que 45 % des filles passent un Bac scientifique. Mineur cela ? Et Le Monde nous informait en 2016 que 30 % des diplomés d’écoles d’ingénieurs étaient des filles – elles étaient 27 % en 2011. Pour minoritaire que ce soit, cette minorité-là est bien consistante…

Et puis… Si la majorité d’entre elles s’orientent vers les carrières littéraires ou celles des sciences humaines – celles où l’on pense ! – doit-on voir en la politique gouvernementale un souhait que le beau sexe ne pense plus ?

Notons enfin que seule une association féministe fut reçue par Madame le ministre. De cette exclusive doit-on pressentir qu’il s’agit encore et toujours de dissoudre l’image du père ?

 

Bertrand du Boullay