Deux conseils amicaux à Macron, avant qu’il ne soit trop tard…

Dominique JACOVIDES – POOL/SIPA

Manu !

Alors que tes concitoyens sont à cran, tu t’es cru avisé de déclarer que « la foule » n’a « pas de légitimité face au peuple qui s’exprime souverain à travers ses élus ». Et tu en as rajouté une couche en précisant que « les meutes ne l’emportent pas sur les représentants du peuple ».

Je ne sais pas ce que tu cherches. Tu as certainement raison. Mais je vais te donner un conseil. Pas un conseil d’ami, bien sûr ! Mais un conseil !

Si dans les jours qui viennent, l’envie te prend d’un bain de foule en compagnie de ton pote Charles, pense à mettre ton protège-dents ! Tu t’es déjà pris des mandales à deux reprises, dans de semblables circonstances, sans conséquences fâcheuses. Je crains que cette fois-ci, après ces deux avertissements, la foule n’ait envie de te faire la démonstration de sa légitimité en te rectifiant tes dents du bonheur, puisque décidément tu ne veux rien comprendre. Tu n’es peut-être « ni sourd, ni aveugle » comme le prétend ton entourage, mais tu risques quand même de te mettre à zozoter pour de bon !

Autre chose ! Tu as déclaré également qu’ “en démocratie, ce n’est pas parce qu’un texte passe à très peu de voix qu’il est illégitime”. J’ai l’impression que tu cherches des crosses ! C’est le printemps qui t’énerve ? Et là, en plus, tu me fais de la peine, toi si fier de ton vernis de philosophe habitué à peser le sens des mots ! C’est vrai que ce rejet de la motion de censure est légitime en ce qu’il est conforme au droit. Mais tu sais bien qu’il est illégitime en ce qu’il n’est pas conforme à la justice et à l’équité car il est la conséquence d’une tricherie, certes légale, qui a consisté pour toi à mettre en branle le 49.3 vingt minutes avant le vote « à la loyale » dès lors que tu as eu la certitude de devoir perdre ce scrutin.

Il est vrai qu’un « combat à la loyale » ne peut faire partie de tes valeurs de broker puisque quand tes copains apprenaient les règles du foot ou du rugby ou vivaient des aventures scénarisées dans les ouvrages de la collection « Signes de Piste » à base de drapeau, de foulard ou de main plate, tu tripotais déjà ta prof. Tu as été précoce par certains côtés mais il t’a quand même manqué les bases d’une éducation puérile et honnête, saine et virile, qui t’aurait fait haïr la triche.

Pour les retraites, tu as préféré l’esquive. Tu nous l’as fait à l’envers, Manu the sharper ! C’est pas glorieux et on n’est pas près de l’oublier.

Et puisqu’on parle de légitimité, toi et moi, je vais me permettre de te rappeler qu’il peut y avoir plusieurs types de légitimités : la légitimité indiscutable, issue d’un plébiscite, comme celle d’un Lisnard qui rafle sa Mairie de Cannes au premier tour avec plus de 88 % des voix ! Chapeau l’artiste ! Et des légitimités plus laborieuses, plus étroites… comme la tienne !

J’ai la cruauté de te rappeler qu’au premier tour de la présidentielle, le seul qui compte pour évaluer le poids relatif de ceux qui te désiraient vraiment, seuls 20,07 % du corps électoral a pensé qu’il était indispensable de glisser dans l’urne un bulletin à ton nom. Tandis que près de 80 % de ce corps électoral, t’ayant déjà subi cinq ans durant, ne te faisait pas suffisamment confiance pour prendre la peine d’exprimer le désir de te voir redevenir le boss.

Et tu ne peux pas te prévaloir d’une victoire nette au second tour puisque son résultat a reposé sur une vieille escroquerie mise en place par ton maître et inspirateur Mitterrand, au siècle dernier, et qui, mystérieusement, a conservé son pouvoir de nuisance : la diabolisation du Front et de sa patronne. Pauv’tite mère : si tu la voyais brosser ses chats, en ce moment, alors qu’ils perdent leur poil d’hiver !

Si nous ne marchions pas sur la tête dans ce pays, si nos institutions n’avaient pas été imprudemment bidouillées par tous les successeurs du géant pour lequel elles avaient été taillées, cette FAIBLE LÉGITIMITÉ, réduite, étroite, modeste ne devrait te conférer que le pouvoir légal de gérer les affaires courantes, sans t’autoriser à faire flamber un chéquier en bois, modifier profondément et définitivement la structure même de notre nation, faire le gugusse à l’étranger jusqu’à attiser les feux qui risquent de nous conduire à une troisième guerre mondiale, le tout sans contrôle du Parlement, ou envoyer tes nervis dans les faubourgs bastonner les braves gens. Tu es un usurpateur, un cauchemar que nous vivons éveillés depuis six ans.

Tu as lu les auteurs grecs et Shakespeare et tu sais que ce genre de parcours finit toujours mal. C’est donc mon deuxième conseil que tu ne suivras pas : prends l’oseille, ce qu’il en reste du moins, et tire-toi tant qu’il est temps. Ça va mal finir !

Calixte Joüon