Driss Ghali : la remigration est impossible, donc séparatisme !

Driss Ghali, un Marocain humaniste et francophile 2/3 : berbères, été 2021 en France, Israël, crise sanitaire

Driss Ghali, 42 ans, un citoyen engagé sur 3 continents.


Thèse de Driss Ghali dans son ebook : la remigration est impossible donc séparatisme.

Il faut faire sauter nos « cages mentales », stopper l’immigration, réaffirmer la supériorité de la civilisation française sur son sol et vouloir la préserver coûte que coûte. La remigration est trop compliquée, et il faut de facto accepter le séparatisme déjà en place, postule Driss Ghali, qui va jusqu’à envisager des différences de statuts entre ceux qui aiment la France et embrassent sa civilisation et ceux qui la refusent et lui seront alors seulement « associés ».

Préambule de Driss Ghali :

Tout d’abord, je vous remercie de m’avoir invité à m’exprimer dans vos colonnes, alors que je pense à contre-pied de plusieurs de vos auteurs. Bien que je partage leurs inquiétudes au sujet de l’Islam, je trouve que certaines prises de position sont excessives. Elles désignent un seul coupable pour le « mal français », alors qu’il s’agit d’un problème multiforme. Je crois, aussi, qu’il faut construire des ponts avec les musulmans qui aiment votre pays et non mettre tout le monde dans le même sac. Il y a une alternative à la soumission, c’est l’action intelligente, ferme.

Entretien 2/3 :

Pouvez-vous nous parler des Berbères au Maghreb, de leur colonisation et islamisation par les Arabes, de leurs situations politique et culturelle, de leur poids politique actuel, des mouvements indépendantistes et identitaires ?

DG Les Berbères sont les autochtones au Maroc et au Maghreb. Ils ont souffert d’un Grand Remplacement perpétré par les Arabes venus de l’Arabie saoudite actuelle, du Yémen, de l’Égypte et du Moyen-Orient d’une manière générale.

La colonisation arabe est une colonisation de très longue haleine, profonde et tenace. Elle dure depuis le VIIe siècle et ne cesse d’avancer. Les Berbères de nos jours sont bien plus arabisés et islamisés que leurs ancêtres qui ont vécu dans le Maroc ou l’Algérie des années 1950.

À ce propos, la colonisation française, en apportant la stabilité politique et la sécurité, a rendu service (sans s’en rendre compte) aux Arabes puisqu’elle leur a permis de pénétrer dans l’arrière-pays berbère dont ils étaient traditionnellement refoulés.  Ce fut le cas notamment au Maroc où les bourgeois de Fez ont pu, dès les années 1920-30, arpenter les zones berbères et y diffuser leurs idées. Plus tard à l’Indépendance, la radio (introduite par les colons) a servi à forger une identité nationale arabe et musulmane, du Maroc à la Tunisie en passant par l’Algérie. Dans ce pays, la colonisation est allée plus loin puisqu’elle a placé les zones berbères, pour la première fois dans leur histoire, sous le contrôle direct et total des Arabes. Le Sahara et la Kabylie sont un « cadeau » que la France a fait à l’Algérie, car ces deux « pays » vivaient en totale autonomie avant la colonisation, ni les Turcs ni aucune autre puissance n’avait réussi à leur imposer sa volonté.

Les Berbères aujourd’hui sont assaillis par des influences qui veulent les submerger définitivement. On peut en citer quatre :

(a) l’instruction publique qui transforme leurs enfants en petits Arabes et en islamistes potentiels, les éloignant dès le berceau si l’on peut dire de leur histoire réelle ;

(b) la télévision par satellite et internet qui diffusent la culture arabe et surtout les mentalités du Moyen-Orient ;

(c) le capitalisme consumériste qui veut faire d’eux des êtres insipides et sans épaisseur, il détruit surtout leurs liens communautaires de solidarité, ces liens qui ont garanti la transmission de leur identité depuis des siècles ;

(d) l’immigration en Europe qui transforme leurs enfants nés à Amsterdam ou à Vérone en « Maghrébins », se définissant plus par la haine de l’Européen et la sympathie pour l’islamisme que par l’affiliation au monde berbère.

Certains cultivent la tentation séparatiste. Je crois qu’ils se trompent de combat, car il n’y a pas de quoi « se payer » le luxe de jouer aux indépendantistes quand on crève la dalle. Le Rif n’est pas la Catalogne et la Kabylie n’est pas le Pays Basque. Il vaudrait mieux se dire : « qu’est-ce que je peux faire pour échapper au sous-développement ? » Et là, la réponse réside dans les mentalités qui, chez les Berbères comme chez les Arabes, sont fâchées avec la productivité et l’éthique citoyenne. Finalement, Arabes et Berbères se renvoient l’un à l’autre la même image, celle de l’échec d’une civilisation à se réformer.

Dans votre livre ebook récent – dont a parlé notre confrère RR, article relayé par RL –  vous parlez des ratés de la politique française dans sa gestion des immigrés d’origine africaine comme évoqué dans Causeur dont vous êtes un contributeur régulier ?

DG Les voix autorisées ne perçoivent pas que l’immigration est avant tout une rencontre entre civilisations. Les individus ne sont que des exécutants dont l’attitude est largement déterminée par une force supérieure qui réside dans leurs mentalités et leurs réflexes culturels.  Ignorer cela est le principal raté de la politique française depuis les années 1960.

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Dans mon livre, j’explique cette tragédie autour de quatre arguments principaux.

E-book – De la diversité au séparatisme

Premier argument, la thèse du rendez-vous impossible entre les civilisations. Du fait de l’immigration, la France est devenue le rendez-vous de trois grands corps malades : la civilisation française qui décline sous nos yeux ; la civilisation maghrébine qui est gangrenée par la corruption systématique, l’arbitraire et l’ignorance ; la civilisation africaine qui est encore sidérée par le choc de la modernisation et de l’urbanisation. On ne va pas aller loin avec ça ! Réunir trois oiseaux blessés n’est pas forcément ce que l’on pourrait qualifier de « chance pour la France ».

Deuxième argument, la thèse que la diversité est le cache-sexe habile de l’islamisation et de l’africanisation de la France. Il n’est guère question de diversité ethnique et religieuse (où sont les Vietnamiens, les Mexicains ou les Russes orthodoxes ?).

Troisième argument, cette diversité-là est porteuse de conflits qui débordent de loin la question religieuse. Vous avez par exemple ce que j’appelle « le match retour de la colonisation ». Certains immigrés s’autorisent à enfreindre les lois et à pratiquer la violence sur les Français au motif d’une vengeance pour une colonisation qu’ils n’ont même pas connue !

Quatrième argument,  cette rencontre douloureuse entre les civilisations aura bientôt sa traduction politique. Vous verrez (ça a déjà commencé) l’émergence d’un peuple nouveau en France, distinct et séparé du peuple de souche. Ce peuple immigré exigera son dû à savoir le droit de disposer de lui-même. Et là, commencera un autre chapitre de l’Histoire de France.

Comment percevez-vous la situation politique en France après le discours de Macron le 12 juillet, les manifestations des samedis contre le passe sanitaire et la décision du Conseil constitutionnel ?

DG C’est une tragédie. C’est la fin de la démocratie. En un clin d’œil, Macron et sa caste ont liquidé l’héritage des Lumières et des Droits de l’Homme. La Constitution est outragée au vu et au su des intellectuels et des grandes consciences qui se taisent. On se croirait en 1940 lorsque la France a enterré vivante la IIIe République. À la décharge des Français de l’époque, le ciel était patrouillé par les terribles chasseurs « stukas » et le territoire avait été enfoncé par les chars allemands : 100 000 morts quand même en cinq semaines ! Là, il s’agit d’un renoncement à soi-même, à son honneur et à ses valeurs qui est gratuit, délibéré et inutile.

Un brin d’ironie quand même dans ce désastre : le président qui a dit vouloir lutter contre le séparatisme instaure lui-même le séparatisme vaccinal à travers le passe sanitaire.

Comment interprétez-vous la gestion de la crise sanitaire en France, au Maroc et au Brésil ?

DG. Pendant cette crise, la France s’est sabordée. Le Maroc a mis fin à la « récréation » démocratique, entamée à la fin des années 1990.  Du jour au lendemain, les partis politiques et les ONG des droits de l’hommes ont fait vœu de silence, comme si les beaux discours et le militantisme pré-pandémie n’étaient qu’une immense comédie, jouée avec l’assentiment des pouvoirs publics. Même les figures publiques les plus remuantes n’ont rien trouvé à redire au fait que les blindés patrouillaient les villes et que les enfants étaient privés d’école. Je n’ai entendu personne dénoncer le sort des enfants de la campagne à qui on a demandé de faire de l’e-learning alors qu’ils n’ont ni internet ni matériel informatique !

L’Histoire jugera les uns et les autres pour leurs silences et compromissions.  Cela dit, je suis moins sévère avec le Maroc qu’avec la France car le Maroc n’a jamais clamé haut et fort qu’il avait inventé la démocratie ou les droits de l’homme. Rousseau n’est pas né à Marrakech !  Et je rajouterai que le Maroc a utilisé la chloroquine alors que la France a diabolisé ce médicament par pure folie et soumission à des intérêts occultes. Donc, tout jugement doit être nuancé, même s’il est sévère.

Le Brésil, lui, a été le plus démocratique des trois dans cette crise car la volonté de confiner les gens a été mise en déroute par le président Bolsonaro. Lui n’a jamais cru qu’il était possible et encore moins licite de confiner le prolétariat qui vit dans des favelas, sans eau potable et sans tout-à-l’égout.  Malheureusement, la Cour Suprême a permis aux gouverneurs et aux maires de décréter des couvre-feux et des confinements locaux, certes moins sévères qu’en France ou qu’au Maroc, mais qui ont fait très mal aux classes populaires.

Vous avez pris une position peu courante à l’égard d’Israël comme indiqué dans votre article de Causeur ? Pouvez-vous nous l’expliquer ?

DG. Mes parents m’ont enseigné une certaine sympathie à l’endroit des Juifs sépharades, qu’ils avaient fréquentés à Séfrou et Marrakech du temps de la colonisation. Ces Juifs marocains sont partis dans les années 1960-1970, ils sont presque un million en Israël et témoignent constamment de leur attachement à leur passé marocain. Ils nous aiment bien, même si nous ne les avons pas forcément très bien traités lorsqu’ils vivaient parmi nous (il y eut plusieurs incidents graves entre juifs et musulmans au Maroc avant la colonisation). Dans ce sens, que le Maroc normalise ses relations avec Israël s’inscrit dans une réconciliation nationale et dans un processus de réunification à la limite.

Tout le monde parle du business et des « opportunités » commerciales offertes par ce rapprochement, moi j’insiste sur le côté sentimental. C’est de la complicité entre les gens que naissent les meilleures affaires. C’est de la confiance réciproque que l’on fabrique les fortunes. Le capital et la technologie ne sont rien sans la patte humaine. Le simple fait que ces Juifs marocains parlent encore notre dialecte est un véritable gage de succès de la coopération à venir.

Cela dit, les Marocains doivent être sincères avec eux-mêmes : ils ont choisi leur cause nationale et tourné le dos à la cause palestinienne. Il n’y a pas de mal à cela. Ça va mieux en le disant.  Et peut-être que les Israéliens laisseront les Marocains leur dire des choses qu’ils n’ont pas envie d’entendre au sujet des droits des Palestiniens. C’est l’avantage d’être en famille : on se dit les choses, on s’engueule parfois mais le lien est éternel.

À suivre…

Claude Lefranc

Déjà paru : entretien avec DG 1/3

Driss Ghali, un Marocain humaniste et francophile 1/3

 

 

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Article par Christine Tasin