Allez, pour une fois, une anecdote tirée de ma vie privée.
Hier, nous étions chez des amis en bord de mer, devisant calmement dans le jardin quand un vacarme pas possible s’élève. Ma grand-mère aurait dit “un potin”. C’était ça un potin du tonnerre de Dieu et, paradoxe, ce bruit venait d’instruments de musique, essentiellement à percussion, tambourins notamment. La musique adoucit les mœurs, qu’ils disent… euh ! pas toujours, et pas n’importe laquelle !
La première fois que le bruit s’élève, nous nous regardons, nous sortons dans la rue, nous nous demandons si c’est un cirque qui fait sa pub pour le soir… hélas, le bruit a l’air bien ancré localement, car il perdure ; on ne s’entend plus parler, et moi qui ai horreur du bruit (même une télé allumée quand je suis chez quelqu’un me fait hérisser les poils des bras) j’ai la tête comme une pastèque…
Pierre décide d’aller voir. Apparemment le “concert” vient d’une espèce d’auberge de jeunesse proche… Au moment où il revient, nous retrouvons le silence. Il est acclamé. Il a découvert une “chorale de tambourins”. C’est ce que la responsable avec laquelle il s’est entretenu lui a dit. Moi je suis un peu vieux jeu et marquée par ma formation es théâtre grec ancien, une chorale est formée de choristes, qui chantent en chœur… Objets inanimés avez-vous donc une âme ? demandait Lamartine… Voilà donc que ces petits tambours (qui font autant de bruit que les grands) seraient eux aussi dotés d’âmes ? Mais passons, là n’est pas l’important.
Pierre, donc, a expliqué gentiment à la dame que ce bruit était difficilement supportable, elle lui a répondu ”ah bon ? ça s’entend à ce point ? et a ajouté “vous comprenez il faut bien qu’ils répètent !” Pierre lui a dit “trop c’est trop” et qu’ils devaient respecter les voisins.
Il revient, nous nous sentons soulagés, nous nous croyons délivrés… quand, un quart d’heure après, le tintamarre reprend.
Je deviens enragée… et je file voir les emmerdeurs. J’entre dans le lieu qui les accueille et je fonce droit sur les musiciens… et là, après un bonjour très sec, je vide mon sac. Je me mets rarement en colère mais, comme disait une de mes élèves de 4e il y a plus de 30 ans “vous êtes sympa, mais quand vous êtes en colère, on a intérêt à se cacher sous les tables”. Et donc je leur sors, poliment mais sans sourire, tout ce que j’ai sur la patate, je n’en peux plus, je vais finir par tuer quelqu’un, personne n’a le droit d’imposer à autrui sa musique ; si vous voulez répéter vous louez une salle ou bien vous vous installez en pleine nature à des kilomètres de lieux habités, mais vous n’imposez pas aux riverains vos répétitions. L’une des musiciennes, gentille au demeurant (ils n’étaient pas agressifs du tout, tous, c’était essentiellement de jeunes Gaulois bien élevés, mais c’est pas une raison et j’aurais foncé dans le tas de la même manière avec des Ostrogoths, ça se serait sans doute moins bien passé pour moi mais je n’aurais pas reculé) a essayé de me vendre que c’était de la musique, que c’était beau… J’ai répondu que la question n’était pas si c’était beau ou pas, et qu’on aime ou qu’on n’aime pas, on n’a pas à casser la tête des gens.
La responsable du groupe a simplement dit : OK. Je les ai salués, suis repartie et, miracle, on a pu finir l’après-midi sans bruit…
J’en veux malgré tout aux responsables de cette maison de vacances dédiée aux jeunes qui n’ont pas pris la peine d’expliquer qu’une maison de vacances n’est pas un lieu où l’on peut faire subir n’importe quoi à autrui ; mais j’en veux aussi aux voisins, passants et autres riverains qui se sont pris cette musique qu’ils n’ont pas choisie et qui n’ont rien dit…
Je comprends quelque part, bien sûr : il y a tellement de sauvages, tellement de violence dans cette société que les Français ont peur. Peur de dire non. Peur de se faire remarquer. Et ils finissent par se laisser manger la laine sur le dos.
Le problème c’est que plus on se tait, plus on a peur, plus les autres, que ce soit les nôtres ou les autres, se sentent en territoire conquis et nous imposent, de fait, leur bon plaisir.
Je sais que c’est facile à dire “réagissez !” quand on est isolé, vieux, malade, en territoire ennemi. Ce n’est pas ce cas de figure que j’évoque.
J’évoque juste la révolte nécessaire, indispensable, qui ne vous met pas nécessairement en danger, les petits “non” de la vie quotidienne. On n’est pas plus obligés de hurler avec les loups que de se laisser emmerder.
C’est à nous, qui voyons encore clair, de défendre et d’imposer nos valeurs, et la première, c’est le respect de l’autre.
Christine Tasin
https://resistancerepublicaine.com/2023/06/04/du-vecu-ne-vous-laissez-pas-emmerder/
(suite 2) J’ai d’abord dû aller dormir chez des amis pendant des mois avant de déménager car il m’a été impossible de faire respecter la loi contre le bruit ! C’était un jeune plein de vices, tous les vices de l’époque : drogue, expériences sexuelles bi, homo, etc… J’entendais tout de ses délires. J’en garde un souvenir atroce ! Tout ça pour dire que même si l’on fait preuve de cran et de courage il est parfois impossible avec certains individus, d’avoir gain de cause et la seule solution et de fuir, hélas… (PS : comme il dormait le jour, mes bruits ménagers : aspirateur, lave-linge, le dérangeait dans son sommeil et il hurlait sa colère et sa haine)…
(suite) Puis, un grenier jouxtant mon appartement est devenu un studio et c’est un jeune DJ de boîte de nuit qui s’est installé… Il dormait le jour et quand il ne travaillait pas la nuit, il veillait, faisait la bringue en mettant la sono à fond. J’ai fait intervenir la police mais il savait se plaindre et me faire passer pour une emmerdeuse…
Quand j’habitais le centre ancien de ma ville, j’ai été confrontée, en tant que locataire, à des “étudiants” – nombreux – en co-location, qui mettaient leur musique à fond, à n’importe quelle heure, y compris le soir… Les vieux appartements sont très mal insonorisés et je subissais leurs débordements comme s’ils étaient chez moi. J’ai eu beau protesté, ils ont continué…
Bravo, c’est toujours ainsi que je procède, que j’ai toujours procédé et à 80 ans je continue !
Bien dit Christine ! La prochaine fois que Nénette, ma voisine de 90 ans, met la sono à fond et m’empêche de faire ma sieste, je vous appelle pour aller l’engueuler !
on n’a pas a demander à quiconque la permission de pouvoir dormir.
Je me souviens d’un clip du groupe Téléphone dans les années 80 je crois. Le clip les montrait en train de faire un boucan d’enfer dans un appartement un soir jouant leur musique à fond. Et le clip montrait aussi les voisins attérrés , présentés comme des gros cons de beaufs
Tout à fait d’accord mais dans ce monde de fou la ville devient un “cirque”! Ce n’est plus vivable, il y a quelques années je me rappelle que lorsqu’on avait un pot d’échappement qui se détachait la police vous arrêtait et vous deviez dans les 3 jours réparer votre véhicule, maintenant il semble qu’on achète des “pots d’échappement” bruyant POUR faire du bruit! Les nuits deviennent infernales, radios à tue-tête (du rap de préférence), des boums-boums, motos qui pétaradent, les éboueurs à minuit qui balancent les poubelles… pour peu que vous ayez des feux de signalisation devant votre immeuble même avec des bouchons d’oreilles c’est infernal! Vive la police qui vous met un PV si vous marchez avec votre petit chien en laisse dans un parc mal entretenu… et que vous ramassez scrupuleusement ses déjections!
nous habitons une zone industrielle et avons ce genre de pb : nuisances en tout genre (bruit, musique, bagnoles) n’importe quand (nuit/jour/semaine/weekend/jours fériés), la police ne fait rien, le proprio des emmerdeurs non plus, on est à bout, personne ne fait rien, on est seuls au monde
Le problème c’est qu’il y a des gens qui réagissent à ce genre de situation (ou autres situations), et finissent paraplégique, tétraplégique ou entre 4 planches. Alors oui, la peur est légitime, le danger bel et bien réel. Il suffit de consulter Fdesouche pour s’en convaincre.
Il y en a très peu qui réagissent, hélas ! j’en ai fait mainte fois l’expérience (dans le métro par exemple où une rame entière se rangeait contre moi, suite à une réflexion contre un gêneur)). Et c’est pour cela que ça continue, par peur, par lâcheté.
Bravo Christine Tasin
Par lâcheté ? Vous trouvez que c’est du courage de réagir, et de finir estropié à vie ? Moi j’appelle ça de l’inconscience totale. Comme tenter un plongeon de 20 mètres lorsqu’on na jamais plongé de sa vie.
Je vous invite à regarder cette vidéo
https://www.youtube.com/watch?v=ibIuZsi870A
d’un journaliste du Figaro qui a défendu une femme dans la métro. Le gars s’est fait exploser la tête, et ça ne s’est même pas passé comme vous pourriez le penser.
D’accord Christine nous devons réagir, cependant à la campagne nous avons aussi droit au calme.
on n’est pas obligé de se laisser emmerder, ça c’est ben vrai ça
Pareil partout..des que la chaleur et les longues soirées démarrent c est tintamarre dans tous les quartiers sans plus de retenue.mais comme christine on peut tjrs intervenir ou faire intervenir la gendarmerie..dur dur de vivre peinards.
A la place des dirigeants j’aurais invité les voisins à assister aux répétitions en insistant bien que c’est des percussions. Ceux qui aiment seraient venus et les autres auraient pris leurs dispositions pour être ailleurs.
Et vous dites ailleurs? ça veut dire quoi? Je doute que des gens “normaux” puissent supporter pendant des heures le tintamarre de percussions…Si chacun voulait faire un effort pour pouvoir respecter le calme des voisins tout irait mieux dans ce monde de fous…
Je pense qu’avec un répétition de rap, l’issue aurait été différente.