Duflot est un croisement Kouchner-Aubry qui, avec 2 %, veut imposer les roms à la France

Suite du portrait politico-idéologique de Cécile Duflot entamé dans RL du lundi 20 août à partir de son texte de Libération du 17 août 2012.

13 / « UNE POLITIQUE DURABLE »

«  Pourtant une politique durable, humaine, efficace et exemplaire reste à construire. C’était le sens de l’engagement du candidat  Francois Hollande : « Pas de démantèlement sans solutions alternatives » Telle est donc la feuille de route validée par les électeurs. C’est sur le terrain qu’il faut agir. »

Passons sur un tic de langage très écolo, le « durable ».  Ici le mot ne désigne pas une filière énergétique, mais  bien une politique, et une politique à long terme. Il s’agit d’institutionnaliser des modalités d’accueil des Roms. Même si elle est incapable pour l’heure d’en dessiner les contours (voir 15), il s’agit bien d’un souhait de planification, pour l’installation d’un autre peuple, installation pleinement consentie et administrée comme un phénomène naturel, quelque chose qui va de soi ! Traduisons l’implicite du discours, ce qui ne saurait s’avouer clairement : on aurait des dispositifs bureaucratiques spécifiques, une sorte de plan ORSEC-ROMS permanent, activé au gré de vagues d’arrivants acceptés par avance, comme pour les catastrophes. Ce plan préparerait à la fois l’installation immédiate, automatique et de plein « droit », les fameux droits abstraits édictés par Bruxelles, mais aussi des infrastructures affectées et pérennisées (campings, terrains réservés à l’avance,   aménagés, dotés de mobil-homes, d’algécos,  de pavillons, de réseaux hôteliers, de l’«immobilier social » à bâtir par anticipation, en attente et dans chaque ville). Le texte dit bien : une  politique à « construire ». On comprend qu’il s’agit là d’une organisation et des réseaux stables et non conjoncturels qu’il va falloir créer et surtout  financer ; mais dans l’idée de Duflot, l’intendance ne saurait que suivre, même en temps de crise.

D’ailleurs, outre le caractère quelque peu vaniteux du mot « construire » (Cecile D. se posant en législatrice), on peut aussi s’attarder sur le mot « exemplaire », on voit là une ambition : celle de faire une politique qui place la France à l’avant garde d’une hospitalité démographique permanente ; une politique qui, aussi, lui assure une grande  visibilité morale parce qu’elle aura su bloquer grandes ouvertes toutes les écluses, su faire de ce pays un déversoir légalisé de toutes les ethnies : un eldorado migratoire. Un quinquennat donne le temps de couler dans le béton des telles mesures et de créer l’irréversible….

Quant aux propos qui suivent sur l’engagement du candidat Hollande, « C’était le sens de l’engagement… », ils ont deux cibles :

Manuel Valls d’abord, qui est pris en flagrant délit d’initiative personnelle intempestive. Hollande avait bien dit, et imprudemment, dans ses promesses de campagne, qu’on ne ferait rien sans « solutions alternatives ». Le rappel de cette formule, qu’elle est allée pêcher dans un courrier de Hollande au collectif Romeurope de mars 2012 et qui aurait dû bloquer toute action de l’Intérieur, vaut lapidation pour Valls, ce pour cause de sarkozysation ! En résumé,  Valls a outrepassé les consignes, alors qu’elle-même, bonne élève, est la meilleure interprète de la pensée du président HO. Il y a un exemple (mauvais) à ne pas suivre : Valls, un « Méchant garnement ! », et puis un brillant contre-exemple qu’elle, incarnerait…. Et pour ceux qui auraient mal compris, (« validée par les électeurs »), Valls a non seulement trahi l’oncle HO, mais tous les électeurs dudit et la “feuille de route” démocratique qui avait été donnée et sacralisée le 6 mai par le suffrage universel…! L’archétype de la trahison social-démocrate, un descendant de Jules Moch !

Duflot se retourne aussi contre Hollande : pourriez-vous ne pas tenir vos engagements de campagne ? Pouvez-vous vous déjuger, semble-t-elle lui dire indirectement ? Comment, dans ces propos, ne pas voir une mise en demeure, un maître chantage  ?

14 / « L’ACCOMPAGNEMENT DES POPULATIONS ROMS… »

«  Suite aux décisions de justice, dès maintenant, nous recensons les locaux et les terrains disponibles immédiatement dans les département qui sont en premier lieu concernés : Seine Saint Denis, Paris, Nord, Bouches du Rhône. Un peu partout sur notre territoire sont menées des initiatives prometteuses alliant hébergement et accompagnement des populations roms vers des dispositifs de droit commun en matière de travail, de santé d’emploi et de logement. »

Après l’exposé des principes, après la législatrice prévoyante et anticipatrice, voici la « femme de « terrain ». Mais attention, après les décisions de justice et dans le plus grand respect de la légalité ! Elle ajoute une formule qui reprend les termes même de Hollande dans sa lettre : « l’accompagnement des populations roms vers des dispositifs de droit commun en matière de travail, de santé d’emploi et de logement ». Outre les infrastructures, on va  assister à la mobilisation de tout ce que les régions citées comptent d’assistantialisme social pour les faire profiter de la manne de tout le savoir faire accumulé depuis des décennies dans le domaine du Welfare, de l’aide aux chômeurs et aux nécessiteux, autrement dit une autoroute d’accès aux guichets, sans la moindre justification d’une appartenance à une collectivité nationale et de cotisations.

14 / LES ASSOCIATIONS, LES COLLECTIVITES LOCALES…

« Espaces aménagés pour un accueil individuel ou collectif, structures d’habitat temporaires, places d’accueil d’urgence spécifiques, expérimentations de l’accompagnement dans le logement diffus, : il faut recenser et évaluer ces projets, afin de pouvoir GENERALISER ceux qui fonctionnent. Les structures d’insertion soutenues par les associations et largement améliorées depuis les premières expériences doivent être valorisées lorsqu’elle permettent de rendre  efficace l’accès au droit. Dans ces dispositifs, la concertation locale est centrale ; les initiatives les plus pertinentes, sont le fruit d’un travail commun entre familles, associations, collectivités locales, représentants de l’état, voire bailleurs sociaux. Les moyens nécessaire peuvent être mobilisés, et ces dispositifs ne sont pas nécessairement coûteux. D’ailleurs, le Fond Européen de Développement Régional prévoit des crédits spécifiques pour le logement de populations marginalisées : plusieurs projets d’aide aux roms sont déjà soutenus dans ce cadre ».

Voilà un projet apparemment bluffant. Une interminable énumération, cela fait toujours son effet. On a l’impression d’un plan de bataille en bonne et due forme. En réalité,  ses « solutions » (« alternatives ») n’en sont pas. On est dans l’ »expérimentation » comme elle l’avoue. Sinon, pourquoi « recenser »,  racler tous les fonds de tiroir des initiatives associatives pour ensuite « évaluer », et ensuite « généraliser ». Il est clair que la ministre n’a, pour l’essentiel rien en magasin à proposer de sérieux. Rien, sinon des incantations moralisantes avec des verbes modaux « Les structures… doivent… »,« Les moyens…. peuvent… », ou autres : « Il faut… !» La tartufferie vaticinante masque en fait l’impréparation, l’amateurisme.

Mais au delà d’un numéro de futurologie gratuite  pour lequel les Verts ont un grand entraînement (ils savent faire parler l’avenir comme peu de partis sauf feu le PCF de la grande époque), c’est peut-être aussi sur un effet politique qu’elle mise, effet qui lui semble prioritaire : le « projet », la « solution alternative » se présente comme un comité Théodule où tout le monde sera impliqué à égalité, comme un modèle de démocratie participative, emblématique d’une vision de la politique propre à un courant, où par ailleurs l’état et le national se seraient évaporés. On reste prioritairement dans le local, on donne la priorité aux « familles, associations, collectivités locales, bailleurs sociaux ». Mais on  implique l’état qu’au niveau de  ses représentants locaux, à qui on donne un strapontin. Après tout, ils peuvent encore servir pour faire des papiers ! On est en plein dans l’idéologie managériale propre au privé, le brain storming  collectif et décisif, d’où sont sensées sortir des solutions miraculeuses…

Et au delà du local, il n’y a que l’Europe, l’Europe bienfaitrice car dispensatrice de mannes providentielles. On aura remarqué que dans la pensée de cette ministre de la République, l’Etat français avec sa capacité de décision, d’organisation et d’intervention est désormais une case vide, un cadavre qu’on peut détourner, contourner à sa guise, même si on est sensé le représenter et parler en son nom, voire en tirer quelques avantages…..

15 / « UNE POLITIQUE D’AVENIR POUR LES ROMS EN FRANCE »

« En y consacrant les moyens nécessaires, en mobilisant les pouvoirs locaux et en étendant les premières expériences mises en place et qui produisent des résultats, nous avons la possibilité dans les semaines et mois à venir, de mettre en place une politique d’avenir pour les roms en France, qui sera exemplaire en Europe, au lieu d’être pointée du doigt comme le fut celle du précédent gouvernement ».

Le profil qui se dessine au terme de cette analyse est bien  celui d’une mystique droidelhommistique, prétenduement auto gestionnaire, européiste et fondamentalement ONG, c’est à dire non gouvernementale, en somme un néo-kouchnéro-aubrisme décomplexé. On peut se demander si le personnel politique à la Duflot, qui ne représente que 2% des présidentielles mais qui prétend imposer son fanatisme aux 80 % de français (fin août) qui se déclarent favorables au démantèlement des camps roms, un personnel politique qui fait une impasse systématique sur les enjeux nationaux, internationaux, économiques, démographiques, sociaux posés par les roms à la collectivité nationale, autrement dit qui n’a qu’une approche idéologique de la politique, est bien qualifié pour traiter les problèmes à leur niveau de gravité et de responsabilité. Surtout dans le contexte revanchard, qui est une sorte d’aveu final, où il ne s’agit en fait que de faire de l’anti-sarkozysme comme on a fait pendant des lustres de l’anti-lepénisme, avec les résultats que l’on sait.

Finalement, avec une Duflot qui met en demeure Hollande de respecter ses engagements électoraux et de tenir en laisse son homme des basses œuvres, avec une Duflot qui reprend l’intégralité du programme du « Care » cher à la maire de Lille en 2011, (la politique réduite au caritatif, aux bonnes œuvres pour les masses, avec un GOUVERNEMAMAN dispensateur d’aides en tout genres, au corsage toujours ouvert, pendant que les acteurs de la mondialisation, tous ceux qui lui payaient des jetons de présence dans les conseils d’administration, s’occuperont de choses sérieuses), Aubry peut abandonner le secrétariat du PS l’esprit tranquille. Elle peut, de la coulisse, savourer le spectacle. Elle a en effet une disciple douée qui va idéologiquement dépasser sa maîtresse. Grâce aux privilèges électoraux donnés au Verts,  elle a surtout la satisfaction d’avoir introduit au cœur du dispositif gouvernemental, le cheval de Troie d’une contestation permanente de la politique de son pire ennemi des primaires.

André Bordes

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