En 1940, Jeannette Bougrab aurait été du côté des résistants !

On n’a pas fini de parler de Jeannette Bougrab (1), car on n’a pas fini de parler du droit de parler. 

 A-t-on, oui ou non, en France, le droit de parler ?

 Et d’abord, de parler de quoi ?

 De ce dont parle tout le monde.

 Ensuite, de parler pour dire quoi ?

 Pour dire ce qu’on pense de ce qui est dit.

 Et pour le dire comment ?

 Pour le dire ouvertement !

En d’autres termes, a-t-on, oui ou non, en France, le droit de parler autrement qu’à soi-même ?

Parler, n’est-ce pas parler à quelqu’un ? N’est-ce pas ouvrir une porte sur l’extérieur ? Qui parlerait, sans autrui ? Qui parlerait, sans la différence ? Si parler dans son for intérieur est on ne peut plus légitime, parler à visage découvert serait-il devenu illégal ? Cette illégalité ne risque-t-elle pas de faire le lit de toutes les inhumanités ? Si l’on n’a plus le droit de dire ce que l’on pense, que peut valoir ce que l’on dit ? Qui, au demeurant, peut dire quoi que ce soit… sans pensée ? L’être humain n’est-il pas condamné à penser, lui qui est «condamné à être libre» (2) ? Et s’il est «condamné à être libre», n’est-il pas condamné à résister à ceux qui veulent condamner cette liberté ?

Il est donc absurde de condamner Jeannette Bougrab pour des propos qu’elle a le droit de tenir (3), sauf à réintroduire le délit d’opinion et, par suite, l’obscurantisme !

Il est même monstrueux de réagir ainsi dans la France du début du 21ème siècle, car c’est replonger notre pays dans les périodes les moins glorieuses de son histoire, et notamment sous l’Occupation – où l’on fusillait les résistants pour «haute trahison», c’est-à-dire pour «intelligence avec une puissance étrangère ou ennemie, en vue de guerre ou en cours de guerre» (Petit Robert).

Mais qui, à cette époque, luttait contre la «puissance étrangère», sinon les «résistants» ? Et qui était coupable de «haute trahison», sinon ceux qui accusaient les «résistants» de «haute trahison» ?

Matignon ferait bien de s’en souvenir, qui semble ne pas supporter que l’islam puisse tomber sous le coup de la moindre critique objective ! Car s’il existe un «islam modéré», alors il existe un Coran modéré et un Prophète modéré, ce qui revient à dire qu’il existe deux religions musulmanes. Est-ce le cas ? Si c’est le cas, pourquoi Recep Tayyip Erdogan (4)déclare-t-il qu’«Il n’y a pas d’islam modéré. Il y a l’islam tout court» ?Et pourquoi prend-il soin d’ajouter que cet islam, «c’est l’islam du Coran», c’est-à-dire l’islam d’un unique ouvrage sans lequel il n’y aurait point d’islam ?

Que font donc nos haut responsables lorsqu’ils taxent la parole vraie de «haute trahison», sinon revêtir l’uniforme des collaborateurs de sinistre mémoire ? Ceux qui nous gouvernent sont-ils déjà bâillonnés par l’islam ? L’islam serait-il devenu l’omerta nationale ?

Quand les instances dirigeantes de quelque pays que ce soit mettent au placard les vérités qui fâchent, et au tribunal ceux qui osent les dire, c’est que ces mêmes vérités leur sont devenues problématiques… par excès de visibilité !

La présence sur le sol français d’un islam islamique, c’est-à-dire du seul islam existant depuis que l’islam existe, est l’une de ces vérités, car l’«islam» exige, pour quelque croyant que ce soit et en quelque lieu qu’il se trouve, «soumission» (5) inconditionnelle à la parole d’Allah telle qu’elle est consignée dans le Coran, ce qui, évidemment, ne saurait convenir à la République laïque du 9 décembre 1905 à laquelle nous appartenons toujours, et que nous avons le devoir de défendre.  

L’islamisation de la France comme conséquence de cette présence en est une autre.

L’allégeance de nos gouvernants à cette présence en est une troisième.

La quatrième risque d’être la dhimmitude de trop, car accuser Jeannette Bougrab de «haute trahison», c’est dire, sans le dire, que notre République est déjà islamique.Et ça, messieurs les gouvernants, la France profonde n’en veut pas !

 Maurice Vidal

(1) Secrétaire d’Etat à la Jeunesse et à la Vie associative, depuis le 14 novembre 2010.

(2) Sartre.

(3) S’exprimant à titre personnel et, plus précisément, en tant que «femme d’origine arabe», Jeannette Bougrab a réfuté la notion d’«islamisme modéré» défendue par le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. Cette prise de position lui a valu les sévères reproches du directeur de cabinet de François Fillon, Jean-Paul Faugère, qui l’a accusée de «haute trahison» (sic).

(4) Premier ministre turc.

(5) Ce sont les mots qui le disent.


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