En bon élève de l’existentialisme, Macron se permet tout

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L’existentialisme est un courant philosophique illustré par plusieurs penseurs, le Danois Kierkegaard (1813-1855), l’Allemand Karl Jaspers (1883-1969), le Français Jean-Paul Sartre (1905-1980). Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, cette doctrine philosophique suscite un fort engouement dans certains milieux de Saint-Germain-des-Prés. Les caves étaient devenues les temples de cette nouvelle religion, la jeunesse venait oublier les années de guerre dans le bruit du jazz. La terrasse du Flore et celle des Deux Magots en étaient la Mecque parce que Sartre venait de temps en temps boire un café-crème.

L’existentialisme se définit d’abord par une certaine conception de l’existence humaine. Cette conception est en désaccord complet avec toutes celles qui ont jalonné l’histoire de la pensée. En effet, il y a plusieurs façons d’envisager les rapports entre l’homme et le monde dans lequel il vit.
1- L’être humain est soumis à une volonté divine : c’est ce qui caractérise la philosophie chrétienne en général. Dieu crée l’homme, d’après l’idée qu’il a de l’homme. Alors, l’homme a une nature, une essence, cette essence précède et détermine son existence.
2- L’homme est défini par sa nature humaine, toujours et partout identique à lui-même : c’est le point de vue des philosophes du XVIIIe siècle, Rousseau, Diderot, Voltaire. Pour les uns, l’homme est bon, pour les autres, l’homme est mauvais, parce que telle est sa nature.
3- L’homme est soumis à un déterminisme général, régi par des lois physiques, physiologiques, sociales, historiques : c’est le point de vue de la science.

Un principe commun se dégage de ces trois conceptions. L’homme est toujours défini par une essence, sous la forme d’un destin ou d’une nature humaine ou d’un déterminisme. Autrement dit, avant même que d’exister, l’homme est déjà défini, son destin fixé. Un destin qui s’accomplit. Le mot destinée convient mieux pour évoquer une suite, un avenir, car la destinée s’élabore.

Selon tous ces points de vue, l’homme est conçu comme un objet, par exemple la table du menuisier, le vase du potier. Le menuisier, le potier ont dans l’esprit une image bien définie de ce qu’ils vont réaliser. « L’essence de l’objet précède son existence », dirait Sartre.
À l’encontre de ces théories, l’existentialisme affirme : « l’existence de l’homme précède son essence ». L’homme surgit d’abord dans le monde, il existe, il se définit ensuite. Son destin, sa nature, ne sont pas fixés à l’avance. L’homme détermine lui-même sa nature et son destin. « Il est entièrement responsable », dit Sartre.

Cette affirmation de l’antériorité de l’existence par rapport à l’essence est le résultat d’une expérience singulière, vécue par l’esprit et le corps. Pour le chrétien, c’est l’expérience angoissante de la foi qui ne repose sur aucune certitude, car Dieu ne parle pas. Pour l’individu athée, c’est l’expérience angoissée de l’absurdité de l’existence : « Vanité des vanités, tout n’est que vanité et poursuite du vent », dit l’Ecclésiaste, livre de l’Ancien Testament. Roquentin, personnage de « La Nausée », le découvre : « Tout est gratuit, ce jardin, cette ville, moi-même. Quand il arrive à s’en rendre compte, l’estomac se retourne et tout se met à flotter… »
Ainsi, la vie n’a pas de sens a priori. Cette attitude désenchantée peut entraîner le rejet de la foi pour le chrétien, le refus de toute action et de toute morale pour l’athée. Mais ces attitudes n’ont rien de logiquement nécessaire.

Pour l’existentialisme, la vie ne prend de sens que dans son déroulement même, dans le choix permanent que l’homme fait de ses actes. L’existentialisme débouche sur la liberté qui est la seule essence de l’homme. Cette liberté peut l’amener à construire un monde dont il est le seul sujet et la seule valeur. L’existentialisme devient alors une philosophie de l’action et de l’engagement moral et politique.

Ainsi, Sartre identifie existence et liberté. Cette identification explique son athéisme. Exister, c’est se jeter sur un avenir et être conscient de s’y projeter. Exister, c’est être une conscience, un pour-soi. Si le monde est absurde, l’homme ne l’est pas. L’homme est le porteur de sens, celui par qui le sens advient au monde. Rien n’existe préalablement au projet : l’homme est ce qu’il projette d’être. Etre libre, c’est décider de sa propre existence, être totalement responsable, ne pas avoir de vocation.

Cette conception de la liberté pose le problème des rapports avec les autres. Quand les autres me regardent, je tends à perdre ma subjectivité, à devenir objet. À la fin de la pièce Huit clos, le personnage Garcin dit : « Tous ces regards qui me mangent… Pas besoin de gril, l’enfer, c’est les autres ». Garcin déplore de ne jamais pouvoir s’extraire du jugement d’autrui. Les autres ont de moi une certaine image, ils m’identifient à mon passé, à la mort. Je ne suis plus alors que ce que les autres pensent de moi. Etre mort, c’est n’être plus et être devenu mon passé. « L’enfer, c’est les autres » a le même sens que l’enfer, c’est mon passé.

Etre libre, c’est se recréer sans cesse, en néantisant son passé, c’est échapper à ses causes.
À la liberté, s’oppose l’aliénation, que Sartre appelle séquestration. Le thème de la séquestration est une clé de son théâtre, de son oeuvre. Au début, il dénonce la séquestration intérieure, le renoncement personnel. Puis il se soucie des conditionnements sociaux et politiques de la liberté. Il désigne les diverses formes de séquestration : la famille, la nation, le capitalisme… Même dans cette séquestration, la liberté n’est pas morte, mais il faut la libérer. Ainsi, la philosophie de Sartre est avant tout une éthique de la création, de la création même des valeurs. Exister, et non pas seulement être, c’est toute la morale.

Pour Sartre, l’homme est condamné à être libre : « En un sens, nous choisissons même notre naissance ». L’existence est choix : comme l’homme est transcendance, la réalité humaine est un projet perpétuel. « L’homme naît libre, responsable, et sans excuse ». Nous ne pouvons pas être déterminé. Vouloir être déterminé, chercher des justifications, des excuses, c’est fondamentalement fuir notre authenticité, c’est être de mauvaise foi, c’est simuler l’existence, et non pas être au plein sens du mot un homme. Car l’homme doit assumer son être, accepter la condition humaine.

Pour Sartre, le pour-soi est l’être qui prend conscience de lui-même, l’être « tel que dans son être il est question de son être ». La matière résiste, l’objet consiste, l’animal subsiste, seul l’homme existe vraiment. La vie n’est qu’une donnée matérielle, quelque chose de brut qui ne nous engage pas. L’existence se situe très au-dessus, à travers et par-delà la vie matérielle. Selon Sartre, l’existence humaine se confond avec une sorte de surexistence.
Sartre oppose le pour-soi à l’en-soi. Par en-soi, il désigne ce qui ne peut être changé, la matière brute, l’invariable, l’invariant. Tout ce qui est objet, matière, fait historique, passé, animaux, vie sans existence.

Sartre dit encore : La liberté « coïncide en son fond avec le néant qui est au cœur de l’homme pour la réalité humaine ; être, c’est se choisir : rien ne lui vient du dehors ni du dedans non plus qu’elle puisse recevoir ou accepter. Elle est entièrement abandonnée, sans aide d’aucune sorte, à l’insoutenable nécessité de se faire être de l’homme, c’est à dire son néant d’être. Si l’on concevait d’abord l’homme comme un plein, il serait absurde de chercher, en lui, par après, des moments ou des régions psychiques où il serait libre : autant chercher du vide dans un récipient qu’on a préalablement rempli jusqu’aux bords. L’homme ne saurait être tantôt libre et tantôt esclave ; il est tout entier et toujours libre, ou il ne l’est pas ». Autrement dit, pour la réalité humaine, être se réduit à faire. L’être humain apparaît comme l’unité organisée de conduite et de comportement.

Ainsi donc, l’homme se choisit. Il peut choisir d’être un « salaud », c’est-à-dire être de mauvaise foi, refuser sa liberté, ignorer l’idée de la mort, méconnaître l’angoisse, être comme un dessin animé. Il peut aussi être un homme authentique, au sens plein du mot. Il pourra se choisir. Il créera peu à peu son essence.
L’existence, en se créant, fait l’essence de l’homme. Lorsque l’homme sera mort, on pourra dire ce qu’il aura été. L’existentialisme est un optimisme, hautement moralisateur. Et Sartre soutient que l’existentialisme est un humanisme.

Chez Nietzsche et ses successeurs existentialistes athées, Sartre, Camus, Malraux, la dignité de l’homme est affirmée concurremment avec la « mort de Dieu », avec le refus d’une destinée préparée d’avance. Chez Sartre, la liberté humaine exige la mort de Dieu. L’homme assume héroïquement sa « déréliction », c’est-à-dire sa solitude, dans un monde où « Dieu est mort », l’homme se divinise. L’homme n’a pas d’essence, pas de nature. Il crée lui-même son idéal comme il invente ses actes. Sa responsabilité est totale. C’est de lui-même et de lui seul qu’il tire les valeurs qui donneront un sens à sa vie.
Mais peut-on librement « inventer » un sens de la vie ?
L’existentialisme ne justifie-t-il pas n’importe quoi ?
Les valeurs inventées sont-elles toujours les valeurs traditionnelles de l’humanisme, l’idéal de justice, la construction d’une société où tous les hommes seraient plus heureux ?

En fait, l’existentialisme sartrien ouvre la porte à la permissivité, au laxisme, à la transgression, à la provocation, à l’agressivité et à l’agression, à la bravade, au défi, à l’excitation, à l’incitation…. jusqu’aux tabous les plus extrêmes, le crime, le meurtre, la pratique des paraphilies, la pédocriminalité…

Macron, dans tous ses faits et gestes, est un bon élève de la philosophie existentialiste.
Il surgit dans le monde, il existe entièrement, sans réserve et sans restriction.
Il détermine lui-même sa nature et son destin, sans se préoccuper des autres. Tout est gratuit.
La vie prend sens dans son déroulement.
Il choisit et calcule ses actes, délibérément, consciemment, volontairement.
La liberté est sa seule essence.
Il construit un monde dont il est le seul sujet, le seul acteur, la seule valeur : il est seul au monde.
Il s’engage « moralement » et politiquement, un engagement purement subjectif et intéressé.
Face aux autres, il ne ressent jamais aucune gêne, en aucune circonstance, il élimine et anéantit son passé.
Il refuse et néantise toute détermination, il ne se cherche jamais de justifications ou d’excuses.
Il assume fièrement et orgueilleusement son être. Il assume sa solitude.
Il a conscience de lui-même, de ses égarements, il vit pour-soi. Son être se réduit à faire.
Sa liberté coïncide avec le néant qui l’habite.
Il crée son « idéal », il invente ses actes, il produit ses « valeurs ».
A-t-il choisi d’être un salaud ou un homme authentique ? Sa vie est une réponse.

En bon élève de l’existentialisme, Macron se permet tout. Il transgresse, il provoque, il agresse, il brave, il défie, il excite, il incite… Il insulte la France et les Français. Il accepte implicitement les dérives sexuelles les plus horribles. Il approuve la culture de mort, l’eugénisme, l’euthanasie, l’avortement généralisé. Il encourage la médiocrité et la vulgarité. Il vit d’expédients inavoués et inavouables. Il mène une politique de déconstruction et de destruction tous azimuts. Sa culture est le wokisme et la cancel culture. Il donne des leçons de morale. Il danse sur le perron de l’Élysée avec des homosexuels. Il boit une bière au goulot dans les rues d’une ville d’Afrique, comme un ivrogne. Il embrasse les Africains et tabasse les Français….

Macron est possédé par Satan, ou par le Mal. Il a parfaitement conscience de ses abus, de sa perversité, des souffrances qu’il inflige au peuple français. Et il s’en délecte.
Hélas, une bonne partie des Français adhère à cette dégénérescence ou l’ignore.

Jean Saunier