Entre l’islam et l’homosexualité, ce n’est pas simple !

MosqueeberlinA Berlin, il était question que la mosquée turque Sehitlik, dans le district de Neukölln, invite les gays et lesbiennes de la métropole en vue d’un dialogue sur l’islam et l’homosexualité. Suite à cette information plutôt inédite parue dans la presse allemande, même les autorités politiques à Ankara en ont été averties. Et l’on sait combien le gouvernement ré-islamisateur d’Erdogan aime, en des gestes réminiscents de l’Empire ottoman, à lancer des firmans (1) partout où vit la diaspora turque, de peur que les membres d’icelle ne s’intègrent trop dans leurs pays d’accueil respectifs. Pour Erdogan le destructeur de la laïcité turque, il n’était pas question de laisser commettre un tel acte dans la capitale allemande.

Ender Celin, président du conseil d’administration de ladite mosquée obtempéra pour sauver les apparences. Mais comme il se démarque visiblement de la plupart des couards responsables musulmans aux ordres d’Ankara, la réunion eut lieu néanmoins, dans un édifice municipal sans connotation turco-islamique.

Au vu du compte-rendu de cette conférence, on évoqua certes la sempiternelle question du vivre-ensemble, le nécessaire changement d’attitude de part et d’autre, le besoin de tolérance, bref le laïus classique. Pour Celin, les gays musulmans doivent être protégés et sont les bienvenus à la mosquée. Cela signifie évidemment, sans le dire expressément, qu’ils doivent avant tout être protégés de leurs coreligionnaires qui ne tiennent pas en odeur de sainteté l’homosexualité décamouflée qui a lieu aujourd’hui dans la plupart des pays occidentaux. Et c’est là que le bât blesse, car les questions qui fâchent n’ont pas du tout été abordées, même pas esquissées. Pourtant les rapports entre l’islam et l’homosexualité -masculine essentiellement- sont, comme on va le voir, plus qu’épineux.

Il y a deux ans, Heinz Buschkowsky, le bourgmestre du susnommé district de Neukölln, a publié le livre (2) Neukölln ist überall (Neukölln est partout) qui retrace la mutation profonde qu’a subie ladite municipalité au cours des derniers lustres, entendez: son islamisation. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les effets induits par ce changement n’apparaissent guère sereins et positifs. Je cite:
– page 227: Au terme de ses études et recherches, le professeur Pfeiffer est parvenu à la conclusion suivante: c’est parmi les jeunes musulmans que l’hostilité vis-à-vis d’autres cultures, modes de vie et religions, est la plus vive, particulièrement à l’encontre des Allemands, des homos et des juifs.
– page 232: Alors que le bourgmestre s’étonne de la disparité des résultats scolaires entre les jeunes musulmans et leurs soeurs, un de ces djeunes lui répond: “Apprendre, c’est comme habiller des poupées, c’est pédé”.
– page 312: Un travail de bureau ne correspond pas à ce qui dans leur esprit constitue le devoir d’un homme. Alors qu’un jour je demandais à l’un de ces jeunes hommes s’il n’avait pas envie de postuler un poste à la mairie, j’eus droit à cette réponse: “Tu crois que je suis pédé ou quoi”?

Ne nous berçons pas d’illusions. Les idées que véhiculent ces djeunes, et leur vision stéréotypée de ce que signifie être homo, ne tombent pas du ciel. Ils les entendent de la bouche de leurs parents, au sein de la famille élargie, dans leur voisinage; ils les entendent à la mosquée et savent de par la télévision le sort qu’on réserve aux homos réels ou supposés dans les pays où sévit la charia. Ils les répètent entre pairs, c’est-à-dire entre mâles élevés comme des petits princes nullement soumis aux normes de retenue et d’étiquette sociale rigide comme le sont leurs soeurs. La violence larvée ou explicite que contiennent ces opinions ne les gêne pas du tout apparemment puisqu’ils les distillent à l’envi. Et de la parole au geste, il n’y a parfois qu’un pas aisément franchi.

A Berlin par exemple, les musulmans constituent 7% de la population. Mais les violences verbales et physiques à l’endroit des homos y sont à 40% l’oeuvre de jeunes musulmans, principalement turcs et arabes. Ces faits très parlants sont corroborés aussi bien par des statistiques menées par les autorités municipales que par Maneo, une association qui est l’équivalent allemand de SOS Homophobie en France. En dépit de cela, comme le déplorait récemment un homo sur un site de réinformation germanophone, il existe toujours trop de gays qui se contentent de dire de façon désinvolte: “Nous, nous avons bien notre Dieu; eh bien eux, ils ont Allah! Et les mêmes de voter invariablement pour les partis immigrationnistes, les Grünen (les Verts) en particulier, lesquels se disent les meilleurs alliés des LGBT (3), mais cautionnent une immigration musulmane dont les membres sont en majorité hostiles aux valeurs occidentales, partant, aux homos qui refusent de se cacher”. Faudra-t-il qu’un samedi soir à la sortie d’une boîte gaye, ces grands naïfs se fassent tabasser en règle par de tels serviteurs d’Allah, et restent le visage et le corps en sang et tuméfiés, pour qu’enfin ils se réveillent de leur déni de réalité? Il n’est même pas sûr qu’une telle expérience traumatisante les ferait changer d’avis, car chez certains sujets, le fameux syndrome de Stockholm fonctionne à plein régime. Même victimisés à l’extrême, ils accorderont toujours plein d’excuses à leurs bourreaux.

Il serait malhonnête évidemment de faire croire que l’homophobie est l’apanage des sociétés musulmanes. C’est même, au contraire du racisme et de l’antisémitisme, un des rares préjugés qui reste respectacle et donc tolérable aux yeux de plus de personnes que l’on imagine. Mais ce qui différencie l’homophobie musulmane de celle sévissant dans d’autres cultures et d’autres religions, c’est le degré de violence qu’elle peut atteindre. A l’heure actuelle, l’homosexualité reste passible de mort dans 11 pays au monde. Tous ces pays, sans exception, obéissent à la loi de la charia. Ce sont l’Afghanistan, l’Arabie Saoudite, le Bruneï, les Emirats Arabes Unis, l’Iran, la Mauritanie, le Nigéria dans les 12 Etats du nord ayant adopté la charia, le Soudan, la Somalie, le Somaliland, le Yémen. Dans l’Amérique profonde de la Bible Belt (Ceinture de la Bible), les “fous de la bible”, homoclastes jusqu’à la caricature, appellent à la repentance, au châtiment divin, à toutes sortes de punitions, mais pas au meurtre. Il est probable que le commandement biblique “Tu ne tueras pas” ait un effet dissuasif plus fort que leur haine.

Au vu de tous ces constats peu ragoûtants, le projet d’Ender Celin consistant à accueillir les homos musulmans dans sa mosquée part d’un bon sentiment. Mais les bons sentiments resteront insuffisants s’ils ne s’accompagnent pas d’une remise à plat radicale de l’islam dans son entièreté, d’une vraie prise de conscience non seulement religieuse, mais aussi politique puisqu’en Islamistan on ne rend pas à Dieu ce qui revient à Dieu et à l’empereur ce qui revient à l’empereur. Dans l’arsenal idéologique totalisant et totalitaire qu’est l’islam, le rapport délétère et violent à l’homosexualité n’est qu’un élément d’hyper-contrôle et d’embrigadement parmi d’autres, même si effectivement il doit être abordé dans sa spécifité, en l’occurrence par ceux et celles qui en sont les premières victimes.

Charles Adam

(1) firman: n.m. < persan “ferman” = ordre.
Edit du souverain dans l’Empire ottoman et en Iran.
(2) Heinz Buschkowsky: Neukölln ist überall (Ullstein Verlag, Berlin). www.ullstein.de
ISBN: 978-3-550-08011-1
(3) acronyme pour Lesbiennes Gays Bi Trans.

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