Éric Zemmour censuré : silence complice des journalistes serviles

Hier soir,  je regardais Cnews « Face à l’Info » comme chaque soir depuis bientôt deux ans. Au bout de dix minutes, j’éteignais la télévision. Aucun intérêt. Autant regarder BFM TV si c’est pour avoir la même soupe.

Face à l’Info devait sa réussite et son « agaçante » audience record à la présence d’Éric Zemmour. Son franc parler, sa culture géopolitique indéniable, son honnêteté intellectuelle et son amour de la France – lui qui pourtant disait venir également de l’immigration – faisaient toute la différence.

Après avoir subi une première amende de 200 000 €, lundi 13 septembre, CNews publiait un communiqué de presse annonçant la nouvelle : « Bien qu’Éric Zemmour ne se soit pas déclaré candidat à l’élection présidentielle qui aura lieu dans sept mois, le CSA, par sa décision du 9 septembre, contraint CNews et Éric Zemmour à ne pas pouvoir continuer l’émission qu’ils faisaient ensemble. La chaîne d’information CNews regrette une telle décision, qui prive des millions de téléspectateurs des interventions du chroniqueur. »

Le couperet était tombé : Éric Zemmour subissait un lynchage médiatique sans précédent dans l’Histoire de la presse française. On faisait taire un journaliste politique qui ne faisait rien d’autre que d’exercer son métier mais qui avait trop souvent à l’antenne le tort d’avoir raison.

Ce lynchage, il a tenu à l’annoncer lui-même lundi matin dans l’émission de Pascal Praud. « Je pense que c’était inévitable, je pense que le CSA l’a fait exprès, l’a fait volontairement. Après mûre réflexion durant le week-end on a bien compris que c’était la seule solution. Vous savez lorsque l’on ne peut pas résister, il faut rompre et résister ailleurs. C’est ce que je vais faire. J’ai vraiment beaucoup de vague à l’âme après deux ans d’une aventure extraordinaire. Une aventure amicale avec des gens extraordinaires. »

Le plus inqualifiable, le plus honteux de toute cette affaire est le silence réjoui du monde journalistique.

J’exerce le métier de journaliste depuis 40 ans. Pour avoir le même âge, la même culture et un cursus similaire à celui d’Éric Zemmour, je partage entièrement sa vision des choses. J’ai débuté cette profession à une époque où le simple fait d’être journaliste voulait dire « se serrer les coudes ». Nous n’avions certes pas tous les mêmes idées, bien qu’en ce temps-là la grande majorité d’entre nous était « de droite ». Il était habituel d’entendre que « seuls les mauvais » allaient écrire dans la presse de gauche. Mais, quel que soit le bord auquel nous appartenions, nous faisions face ensemble lorsque l’un d’entre nous était attaqué. Les journalistes des années 80 savaient ce que voulaient dire le terme « confraternel ». Nous pouvions nous chamailler, nous traiter de tous les noms d’oiseaux inimaginables mais, face à l’éditeur, à la direction, nous faisions corps envers et contre tous. Aujourd’hui, devant la lâcheté ambiante, j’ai honte de ce que je constate ! Non seulement nos confrères font l’autruche mais encore nombre se réjouissent d’être « débarrassés » d’Éric Zemmour.

Une attitude qui est loin d’être une preuve d’intelligence !

La question d’aujourd’hui serait plutôt « les journalistes encore en fonction sont-ils toujours intelligents ou seulement obéissants ? »

Je me souviens d’une réflexion de François Hollande, à qui le Président chinois faisait remarquer que les journalistes qui l’accompagnaient lors d’une visite officielle étaient très « dociles », et qui lui a répondu « ils sont bien obéissants ».

Alors, c’est ça désormais la presse française ? Un troupeau de moutons bêlant en cœur pour recevoir sa pitance ? C’est navrant !

Navrant, mais également très grave. Car ce que nos confrères n’ont visiblement pas compris, c’est qu’en « laissant faire », en participant même au lynchage d’un confrère, que ce soit par jalousie, par inconséquence ou par pure bêtise, ils se mettent eux-mêmes en danger. Pourquoi en effet, le CSA, le gouvernement, les groupes d’édition se gêneraient-ils désormais pour « guillotiner » celui ou celle qui refusera d’écrire ou de dire exactement ce qu’on lui demande ? Sous cette forme servile, la presse ne sert plus à rien puisqu’elle ne remplit pas son rôle d’information.

En effet, la mission essentielle d‘un journaliste consiste à rechercher et vérifier des informations et à les transmettre de façon à les rendre compréhensibles et accessibles au plus grand nombre. Le rôle du journaliste est d’analyser des événements et de rapporter des faits de manière aussi équitable que possible et non pas de se contenter de relayer « bêtement »  des communiqués de presse, d’où qu’ils viennent, sans en vérifier le contenu. L’intégrité professionnelle, longtemps pierre angulaire de la crédibilité de notre profession, a désormais disparu pour faire place au ressentiment, à la jalousie, à l’envie et à la pauvreté intellectuelle. Un cocktail désolant qui en dit long sur l’avenir d’une presse française devenue parfaitement inutile.

Nous sommes nombreux à comprendre ce que peut ressentir Éric Zemmour pour avoir subi le même type de lynchage. Lorsque vous êtes fidèle à votre éthique, à votre déontologie, que vous refusez de publier autre chose que la vérité, on a vite fait de vous dégager. Comme par un mauvais sort toutes les portes se ferment devant vous et vous vous retrouvez tricard pour de nombreuses années.

Quant à nos politiciens, où sont-ils ? Qui de Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan ou encore Florian Philippot a-t-on entendu crier au scandale devant tant d’injustice ? Qui s’est élevé contre cette décision inique ? Aucun ! Seul le silence assourdissant de la classe politique s’est fait entendre. Eux, si prompts à faire semblant de défendre nos libertés pour ne protéger en fait que leurs intérêts personnels, ne nous démontrent une fois encore que l’éternel lâcheté qui les caractérise.

Éric Zemmour disait il y a peu qu’il « avait des amis ». Souhaitons-lui que ces derniers soient réellement des amis. Là encore c’est un excellent moyen de « faire du ménage » dans son carnet d’adresses. Lorsque vous n’êtes plus « en poste » vous réalisez que vos soi-disant « amis » ne sont plus au rendez-vous. Seuls les « vrais » ne vous lâchent pas et vous découvrez parfois, avec surprise, que certaines personnes que vous croisiez sans qu’elles ne vous prêtent plus d’attention que cela vont réellement vous épauler sans rien demander en retour. Par simple solidarité devant l’adversité !

À toute chose malheur est bon… Éric Zemmour a du talent et même si les gens talentueux dérangent ceux qui ne leur arrivent pas à la cheville, il pourra désormais se consacrer librement à la promotion de son livre et envisager de nouveaux projets que nous lui souhaitons de tout cœur fructueux. Quant à sa candidature éventuelle à la présidentielle, il est le seul à savoir ce qu’il fera réellement. Mais dans tous les cas, il trouvera là encore des amis qu’il ne se connaissait pas et qui seront prêts à l’épauler, en toute confraternité !

Valérie Bérenger