“Et la gauche devint la putain de l’islam” édité en Hongrie

En Hongrie, la majorité des périodiques est conservatrice ou de droite modérée, mais quelques représentants de la gauche classique sont également présents. Pour des raisons historiques, en Hongrie et en Europe de l’Est, l’école et l’Église sont des institutions importantes, car ce sont celles qui ont donné de la force et une certaine identité durant la domination soviétique. Ce n’est pas par hasard que ce soient l’Église et l’école qui ont récemment été attaquées en France.

Le texte suivant est l’épilogue écourté du livre de Pierre Cassen, traduit en hongrois et en cours de publication. Il est destiné aux lecteurs hongrois. Son auteur n’est membre d’aucun parti. Son intention n’est pas, et de loin, de donner des leçons aux Français : il veut plutôt exprimer son inquiétude car il les considère comme les membres d’une nation-sœur.

La culture et la langue françaises, les traditions en voie d’extinction m’impressionnent beaucoup. Comme dans mon pays la domination soviétique a accaparé les valeurs de gauche, nous ne croyons ni aux médias, ni aux partis de gauche, prépondérant à l’Ouest, ni aux dirigeants de l’Union européenne qui chantent sur une partition écrite par Soros.

Je considère le livre de Pierre Cassen d’une valeur exceptionnelle, car il prouve pour les Hongrois que même la gauche peut être attachée à la nation, à la patrie, que l’ordre des valeurs chrétiennes, indispensables aux Hongrois, et une religion catholique omettant les appels du pape François sont importants même pour la gauche.

Croissant vert sur tricolore français

Après quarante ans – à la plus grande surprise de ses lecteurs –, Le Débat, l’une des revues aux intellectuels français des plus hauts niveaux, a connu une fin abrupte. Selon l’historien Pierre Nora, qui était son âme, le virus intellectuel arrivant des universités américaines, le cancel culture d’extrême gauche a définitivement contaminé la culture française, ou plutôt les restes qui subsistaient encore. Une lutte impitoyable d’éviction est en cours et les médias de gauche qui se teintent actuellement en vert écologique, s’associant avec une partie des milieux juridiques, rendent le débat constructif impossible. En même temps, de l’autre côté, les « populistes », affectés du mépris général, choisissent également une manière de combattre qui les rend similaires à ceux qui se contentent de les traiter de fascistes depuis 50 ans.

Alors que les États-Unis, la Chine, la Russie et la Turquie mènent une realpolitik, n’ayant pas peur de faire valoir leur intérêts, si nécessaire, avec des moyens militaires, notre continent, avec son pacifisme, avec son idéologie de    « droits de l’homme » entièrement modulable, et avec son Union européenne qui n’arrête pas de se culpabiliser, de radoter ses « crimes » historiques, s’apprête à se retirer de l’Histoire. À l’ouest de l’Elbe, il a longtemps été impossible de mettre un nom sur les meurtres commis au nom d’Allah, la violence continue et qui se renouvelle chaque jour. En France, une personne qui parle publiquement de l’esclavagisme arabe ou celui des Africains entre eux, un usage qui se pratiquait pendant des siècles, est traduite devant un tribunal, tout comme ceux qui écrivent des livres en disant que l’esclavagisme est loin d’être le privilège des Blancs, alors que ce sont ces derniers qui l’ont aboli pour la première fois dans l’Histoire.

Une série interminable de procédures judiciaires, pénalités, campagnes de discrédit, appels téléphoniques en pleine nuit, menaces de mort seront l’apanage de ceux qui défendent de façon conséquente les droits des Français natifs, qui désireraient baisser l’immigration à un niveau normal et qui préféraient renvoyer chez eux les migrants clandestins. Il s’agit pourtant du sixième plus grand État du monde, doté d’une bombe atomique et d’une armée encore non affaiblie ! Il serait encore capable d’agir, si ses intellectuels néfastes et ses dirigeants éphémères étaient capables de réfléchir en terme de nation, s’ils avaient la culture historique et l’intégrité nécessaire pour le faire. Le livre de Pierre Cassen intitulé « Et la gauche devint la putain de l’islam » traite ce calvaire.

Certains me reprochaient – et ils n’avaient pas tort – qu’il était facile de trouver des conservateurs, ou plus encore des droitistes, ou même des populistes qui s’expriment avec détermination contre la migration mercantile. C’est la raison pour laquelle j’ai contacté Pierre Cassen, cet activiste de gauche engagé depuis des décennies. Durant cette période, il a déjà porté l’uniforme de tous les groupes combattant à gauche. À l’opposé de ses confrères d’aujourd’hui, il a toujours été généreux et franc du collier, comme les gauchistes classiques et honorables. Quand on lui a reproché d’avoir utilisé le mot « putain » dans le titre de son livre, en haussant ses épaules il a répondu : si Jean-Paul Sartre, son « grand » précurseur avait le droit d’utiliser ce terme sans en être critiqué, il faut être aussi tolérant si c’est lui qui s’en sert.

Le livre de Cassen est composé de 12 portraits vitriolés et une autobiographie pas moins cruelle. Que nous soyons d’accord avec lui ou pas, il est difficile de trouver une meilleure description du monde médiatique hypocrite occidental. Il dresse une image crédible des actions compensatrices d’Emmanuel Macron, qui visent à garder le pouvoir, sur son comportement indigne à son poste, sur ses outrages à la nation, sur sa gestion opportuniste. Mais il n’est pas un exemple unique à gauche. Michel Onfray, le célèbre philosophe, relève des réflexions allant dans le même sens dans son journal, parsemé d’excellentes analyses sur la campagne électorale.

L’auteur fait également le portrait des drôles d’oiseau de gauche de deuxième zone. Comme il l’a expliqué lors de nombreux entretiens télévisés, il a eu du mal à sélectionner ses sujets, tellement le choix était abondant. Depuis ses 17 ans, où il gagnait son pain en tant qu’imprimeur, il n’attendait rien de bon de la part de la droite. Il a exprimé son espoir qu’un militant de droite se décide enfin – à son instar – de dénoncer les intrigues menées par Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, François Bayrou. J’ajouterais sur ce point-là qu’Éric Zemmour l’a déjà fait dans son livre noir écrit sur la droite. Certain lecteurs peuvent trouver le style de Pierre Cassen choquant, mais comme les livres de Michel Onfray traduits en une trentaine de langues le prouvent, ce ton est loin d’être unique dans les débats médiatiques français, comme il gagne d’ailleurs de plus en plus de terrain dans les débats hongrois aussi. En outre, sa façon de parler est subtile et distinguée par rapport aux journalistes « à la sauvette » qui, en utilisant un ton ignoble, l’attaquent, lui et tous ceux qui osent élever la voix contre la dictature d’opinion parisienne. Le journal de gauche Libération se moque du site internet de Cassen et représente ses rédacteurs comme des femmes qui, tout en s’appuyant au mur, vomissent des tricolores français en raison de leur islamophobie. Il faut bien prendre en compte que l’américanisation de style « fuck off », les émissions-débats télévisées ignominieuses, les « crachoirs » anonymes sur internet, l’industrie du porno, ont eu leur impact sur toute l’Europe : du point de vue de la civilisation et de la politique, l’Europe est devenue la « pièce-jointe » des États-Unis.

En lisant le livre de Cassen, on comprend bien que les fossoyeurs de la civilisation française ne sont pas ceux qui arrivent d’autre continents : il ne sont que des moyens pour remplacer les Blancs dont le nombre est en baisse, pour assurer assez de consommateurs pour les supermarchés. Ils cherchent leur place désespérément, et dès qu’ils comprennent avoir été dupés, ils se vengent sur les Français moyens pour les blessures subies. La vraie menace sont ceux qui les attirent et organisent leur arrivée en Europe : les organisations civiles financées par les milliardaires et les gouvernements des décennies dernières, avec leur entourage médiatique. La population du Japon est également en déclin et pourtant, personne n’ose y mettre le pied, tout comme l’Australie.

Je le répète : même si nous étions munis de la lampe de Diogène, il serait difficile de trouver un gauchiste plus excellent que Pierre Cassen. Bien qu’il ait été activiste au Parti communiste et dans les organisations de la gauche radicale, trotskiste, il a toujours gardé ses distances avec les socialistes, considérés comme des traîtres ayant trahi la gauche à partir de 1983 et qui sont les plus importants soutiens à l’immigration. À un moment donné, il a pourtant compris que seule une unité nationale est en mesure de sauver sa patrie qui est sur la mauvaise pente, ce qui est une raison suffisante pour que ses anciens camarades et ses délateurs le traitent d’extrême-droitiste. Dans un reportage de Novorossia Today, il explique que sous la présidence de Nicolas Sarkozy, on n’avait porté plainte contre lui qu’une seule fois, alors que sous Hollande et Macron, jusqu’au début de 2018, il a dû comparaître devant le tribunal avec sa compagne, Christine Tasin, 55 fois.

Le calvaire de Cassen illustre bien la situation funeste de la liberté de la presse en France, où l’objectif est de balayer la poussière des problèmes sévères causés par l’immigration et la mettre sous le tapis. Les médias, entre autres, sont chargés de maintenir le mythe selon lequel l’immigration, un processus aussi naturel que le changement des saisons, rend le pays plus riche. En fin de compte, nous sommes tous des immigrés, n’est-ce pas ? (Un argument qu’on a déjà entendu à Budapest aussi). Un fait très parlant est que c’est le Conseil supérieur de l’audiovisuel, une autorité fondée en 1986 sous la présidence de Mitterrand, et la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels, ainsi que le palais présidentiel, qui décident d’attribuer la carte de presse à quelqu’un ou pas. C’est inouï dans un pays où les intellectuels de salon gauchistes ont l’intention de donner des leçons sur la démocratie et sur les « valeurs républicaines » vagues à l’Europe, mais surtout à l’Europe de l’Est. Renforçant et soutenant l’immigration, les canaux de communication les plus importants du pouvoir de gauche français– sans rechercher l’exhaustivité – sont : France 3, ITélé, LCI, BFM TV, TV5 Monde ; L’Humanité – financé par l’Union soviétique jusqu’en 1990 –, le journal Libération, L’Express, L’Obs et le magazine Le Point. Mais n’oublions surtout pas le Great Gatsby : le journal Le Monde.

Déterminant les mœurs et façonnant les valeurs, le réseau médiatique présente Cassen comme un renégat qui a abandonné la gauche, alors que sa place est plutôt parmi les souverainistes qui font face à une gauche renégate, qui ont accaparé le pouvoir. Le camp inorganisé des penseurs et militants souverainistes peuvent rendre la vie du pouvoir très difficile, mais cela ne suffit plus. La tâche de Riposte Laïque est de mobiliser pour les élections de 2022. Dans une émission de TV5 Monde, Michael Onfray a déclaré que la gauche se présente actuellement sous quatre formes officielles : le Parti socialiste, la France insoumise de Mélenchon, le Nouveau parti anticapitaliste et la Lutte ouvrière trotskiste. Si quelqu’un ne rentre pas dans l’une de ces quatre cases, il n’est pas considéré comme de gauche, même s’il a beau se déclarer ainsi. Mais attention : si quelqu’un n’est pas de gauche, il est considéré – mutatis mutandis – de droite, ce qui est équivaut à faire partie de l’extrême droite ! Et après, cela ne s’arrête plus : on devient automatiquement islamophobe, nationaliste, antisémite, antiprogressiste, misogyne, homophobe et de surcroît – voyons, voyons – pédophile affamé.

Bien qu’il écrive beaucoup sur les intrus français du monde musulman, Cassen est loin d’être islamo- ou arabophobe. La seule chose qu’il aimerait obtenir, c’est que la loi sur la séparation de l’État et de l’Église, adoptée en 1905 ne soit pas uniquement appliquée dans le cas des chrétiens et juifs respectant la loi, mais aussi dans celui des adeptes de l’islam. Étant l’enfant gâté de la politique et du milieu entrepreneurial, cette religion semble bénéficier d’un statut privilégié. De plus, il y a deux poids deux mesures, car ce qui est permis aux musulmans-Jupiter ne l’est pas aux athéistes-vaches (quod licet lovi, non licet bovi). Comme Alain Finkielkraut l’écrit : « Les destructeurs actuels de la conversation civique ne militent pas pour le renversement du capitalisme, ils combattent résolument le nouvel avatar de la Bête immonde. Dans la vision binaire de la nouvelle gauche divine, l’exclu remplace l’exploité, le musulman est, après le Juif, la nouvelle figure de l’autre.»

Les citoyens européens éprouvent chaque jour l’expérience de la menace de l’immigration sur la civilisation européenne, alors que l’Europe officielle sous le nom Union européenne conteste cette affirmation et interdit les actions anti-immigration aux citoyens. Le théorème est vrai pour tous les pays et tous les continents : ceux ou celles qui sont démographiquement affaiblis, qui manquent de force de cohésion, deviennent le jouet des grandes puissances, des organisations internationales et des élites traîtres qui ont surgi de leur propre corps. Nous ne choisissons pas notre ennemi, c’est lui qui nous désigne. Selon l’enquête AFP réalisée le 16 septembre 2017, 85 % des Français considèrent que le nombre d’immigrants a augmenté ces cinq dernières années, mais ni le gouvernement ni les médias n’ont montré le moindre intérêt à l’opinion de la majorité, ils ont préféré se focaliser sur la consolidation des droits des minorités, toujours plus nombreux.

La question se pose : comment est-ce possible ? Pourquoi n’y-a-t-il pas de politique d’État souveraine aujourd’hui, en Europe de l’Ouest ? Pourquoi la base de référence est toujours la République et jamais la France ? Tout en étant fier de ses luttes à gauche, Pierre Cassen avoue que, du point de vue de l’avenir, la distinction entre la droite et la gauche est tout à fait marginale, c’est la préservation de la nation qui compte. Mais prolongeons cette idée : aujourd’hui, la ligne de démarcation principale se trouve entre ceux qui ont accès aux ressources financières et ceux qui ne l’ont pas. Comme on dit : chacun pour soi, Dieu pour tous. Il n’est pas la peine de formuler des énonciations morales concernant la nouvelle génération qui se précipite vers la gestion politique : ils ont été socialisés d’une façon différente que leurs prédécesseurs.

Cassen explique de manière suggestive pourquoi la gauche actuelle n’a plus de principes. L’ancienne génération – jusqu’à la fin des années 70 – , a connu des conséquences de la guerre, ils travaillaient âprement pour redresser le pays, ils ont bien leurs mérites dans les « Trente Glorieuses », l’époque où la France était le Japon de l’Europe. L’ancienne gauche travaillait à la sueur de son front, ils avaient des principes et des arguments. Principalement issus de la campagne, ils faisaient beaucoup de bien pour leurs compatriotes en tant que maires ou députés. Cependant, aujourd’hui, être de gauche veut dire construire une carrière. D’abord, il faut exceller dans le syndicat de la fac, ensuite il faut s’imposer devant les hommes de confiance de l’appareil du parti, comme par exemple Julien Dray, qui fait la pluie et le beau temps à SOS Racisme. Plus tard, il faut bien blâmer la majorité de la société, obscurantiste, en martelant qu’il faut lui apprendre à respecter les droits des minorités qui se multiplient sans cesse. S’il fait bien son travail, l’aspirant pourra bientôt devenir l’assistant d’un député parlementaire socialiste, touchant une belle rémunération contre très peu de travail. Ensuite, il sera catapulté à la campagne ou même dans une grande ville, où, s’il navigue bien entre deux écueils, il peut s’enraciner et se présenter aux élections municipales. Il peut également se contenter d’un poste de consultant général, il peut façonner ses capacités oratoires. Dans le même temps, il doit évidemment garder un bon contact avec le média, être toujours disponible et faire chorus avec eux, en se permettant un minimum de ton individuel. Si jamais il fait campagne pour un candidat qui devient président du parti ou ministre, il peut s’intégrer dans son équipe, ce qui enrichit davantage sa carrière, en attendant qu’il devienne, à son tour, ministre ou président du parti. Il peut éventuellement louer, en tant qu’ambassadeur, son employeur présidentiel.

La grande majorité de la gauche et de la droite, deux couleurs additionnelles sur la palette du libéralisme prédominant, s’adapte sans cesse aux attentes des multinationales, du capital-argent, du secteur bancaire. La position d’esprit du président Chirac, qui se voulait de droite, était radical-socialiste En 1962, il a même avoué au secrétaire personnel de De Gaulle qu’il n’avait rien à faire avec le gaullisme : « J’ai hésité entre OAS et Pompidou. Désormais, j’ai choisi Pompidou. Je le servirai fidèlement et loyalement. (Ce qu’il fit.) Mais le gaullisme, je m’en fous. Ce n’est pas mon affaire, ce n’est pas ma génération. » (Ce fait est surtout intéressant, car son prédécesseur, le socialiste Mitterrand, avait une culture manifestement de droite). La vraie ligne de démarcation n’est plus entre la gauche et la droite, mais entre le monde libéral et illibéral, qui veut préserver les vraies bases démocratiques.

Cette affirmation nécessite une explication politique philosophique. L’idéologie libérale danse sur une corde raide dressée entre deux piliers idéologiques que sont l’individualisme et la vision économiste du monde humain. Selon le théologien John Milbank, le libéralisme est une erreur anthropologique. En suivant l’idéologie libérale, tout est concentré sur l’individu, le sujet abstrait devient le critère universel de toutes les valeurs, qu’il s’agisse de la culture du narcissisme, de la dérégulation économique, de la religion des droits de l’homme, de l’effondrement des communautés, de la théorie du genre, de l’apologie des choses hybrides, de la réalité de la télévision, des « œuvres d’art contemporain », de la prééminence des droits aux obligations, de la logique de marché qui apparaît dans les moindres choses quotidiennes, du « choix libre » devenant règle générale, de la durabilité éphémère des objets usuels, de la trace que laisse l’homme à cause de ses objets usuels jetés… L’idéologie libérale prédominante considère l’homme indépendant de son environnement, et il    re-conceptualise son essentiel dans le maximalisation de ses intérêts, rendant le comportement négociateur dans les relations interpersonnelles naturel (homo economicus).

C’est Alain de Benoist, le théoricien le plus important du dépassement de la distinction entre gauche et droite, qui a écrit le meilleur livre sur le sujet du libéralisme vs illibéralisme. Il souligne les suivants sur les idéologies dominant la gauche et la droite atlantique : « Le libéralisme se fonde sur la conviction qu’il existe des droits individuels fondamentaux et inaliénables qui sont à la fois antérieurs et supérieurs à toute institution humaine, et que le premier de ces droits est le droit de poursuivre librement son meilleur intérêt. Ces droits sont évidemment purement formels (le droit au travail n’a jamais donné un emploi), mais là n’est pas le point important : le droit fondamental, c’est le droit d’avoir des droits. »
Il est difficile d’attendre d’un politicien qui a été élevé dans cette idéologie qu’il prenne des décisions collectives ou même qu’il ait des réflexes collectifs. Les Cassen de l’Europe doivent prendre en compte les contraintes croissantes posées par l’Union européenne qui s’éloigne progressivement de sa mission originale. Comme le philosophe Pierre Manent l’explique : « C’est ainsi qu’au nom du principe des droits humains, on veut interdire aux nations de prendre les lois qu’elles jugeraient éventuellement utiles ou nécessaires pour préserver ou encourager la vie et l’éducation communes qui donnent à chacune sa physionomie et sa raison d’être. » Cassen décrit l’une de leurs luttes avec un réalisme saisissant, qui a été couronné de succès : en 2005, la majorité des Français ont rejeté le traité établissant une Constitution pour l’Europe, que plus tard Sarkozy faisait cependant voter par sa majorité parlementaire.
Au-dessus de la tête de Cassen et des gauchistes en son genre, qui ont le cœur sur la main, la gauche accaparant le pouvoir en 1981 s’est ralliée à la logique du marché, bouleversant le mode de vie, et elle a commencé à suivre la foi mystique du progrès, à la propager comme une sorte de catéchèse. Mais comme le poète Charles Péguy l’écrivait en 1910 : « Tout commence en mystique et finit en politique. »

Les militants de gauche continuent à faire rouler la roue de feu libérale vers leur ennemi. Ils professent que la condition nécessaire pour mettre en place une société juste est de découper la tradition de la mémoire commune de l’humanité, d’effacer définitivement le passé, y compris la nation et la famille. Maintenant c’est au tour des statues et de la police, c’est eux qu’il faut renverser pour que l’anarchie puisse triompher. Il est toujours plus facile de pêcher en eau trouble pour ceux qui ont les moyens et le réseau nécessaire pour le faire.

En même temps, la droite libérale a mis la pensée critique au service des intérêts commerciaux, elle a profité de cette façon de la décomposition des communautés traditionnelles. C’est de cette manière que, après la chute de l’Union soviétique, une grande fusion libérale de la gauche et de la droite a pu se produire, où, en s’alliant au monde financier, la droite a trahi la nation et la gauche le peuple.
Après tout cela, comment est-il possible de défendre les peuples ou les nations européens en pleine régression si l’idée selon laquelle les communautés ne sont rien d’autre qu’un agrégat d’individus continue à être martelée ? Comment pouvons-nous réglementer l’immigration démesurée si en même temps nous restons enfermés et bloqués dans l’ordre universel qui nous est imposé, bastionné par des droits économiques libéraux ? Comment sommes-nous en mesure de défendre les « valeurs normales » indispensables à la vie normale si en même temps nous passons le fait sous silence, que tout cela est anéanti par le capitalisme mondial, qui balaie de nos esprits ce qui n’est pas interchangeable et achetable ?

Le vrai esclavage est l’existence individuelle dépourvue de communauté, dans un sens métaphasique et également anthropologique. Avons-nous encore le temps de reboutonner le manteau dans lequel nous paradons aussi ridiculement ?

Béla Kiràli

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4 Commentaires

  1. Le voilà le paradoxe, ou si l’on préfère, la dialectique du chaos ou encore le grand bluff : Le gauchiste, ce malade mental qui pourtant prétendait créer le paradis du lien et de la justice sociale, n’aura jamais fait autre chose que de diviser, fragmenter, séparer… pour en arriver à l’individualisme forcené du chacun pour soi et du tous contre tous. Auquel aujourd’hui il faut ajouter l’immigration délirante que nous subissons, qui finalement ne profite qu’à ceux qui les instrumentalisaient en les finançant. Voilà aussi pourquoi le communisme a été financé par les plus grandes banques. Le libéralisme = la liberté c’est l’esclavage.

  2. ce livre de Cassen aura été pour moi plus qu’une révélation..Vous en parlez admirablement et cet article que vous nous donnez à lire ce matin est excellent..Merci Monsieur Kiràli

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