Et si les fameuses révolutions arabes étaient un coup monté des islamistes…

Et si…
J’en vois déjà certains venir. Ils me demanderont après lecture si je n’ai pas un peu trop d’imagination, et sans doute pour les adeptes de la pensée unique un peu trop de haine. En vérité, je suis généralement d’un naturel circonspect dès lors que j’entends parler de conspiration, quelle qu’elle soit. J’imagine que ce qui suit est l’exception qui confirme la règle. En outre, loin de moi l’idée de louer avec admiration ou regretter les despotes ou autre régimes autoritaires dont je vais parler maintenant. Ce petit préambule me semblait nécessaire avant de développer mon propos.
Nous assistons depuis maintenant 3 mois à des révolutions qualifiées de démocratiques dans le monde arabo-musulman. Tout a commencé en Tunisie, puis le vent de liberté s’est propagé jusqu’en Egypte, avant de rebrousser chemin vers la Libye, pour ne citer que les trois principaux pays touchés le plus par ces vents démocratiques. Et si tout ceci n’était en fait que les prémices nécessaires d’un mouvement de très grande ampleur visant à pousser à l’erreur l’Occident et lui faire commettre l’irréparable ? En effet, nous avons assisté à la chute des principaux pays qui maintenaient à peu près l’islamisme la tête sous l’eau. La Tunisie de Ben Ali, l’Egypte de Moubarak. On peut à juste titre être critique à l’égard de ces régimes. En effet, ils n’étaient en rien démocratiques, telle que nous concevons la démocratie. Mais ils avaient au moins ce mérite de contenir les aspirations islamiques de ses détracteurs. Les islamistes pourraient-ils être en réalité les inspirateurs directs de ces révolutions ? J’ai envie de répondre par la positive, et c’est l’objet de mon propos. Nul n’ignore, mis à part les autruches et les bien-pensants, que l’islam radical n’a qu’un seul but : Etendre l’islam partout dans le monde. C’est une réalité ; il suffit, même si l’on a la flemme de lire, de visionner sur YouTube quelques vidéos pro-islamistes, quelques prêches diffusés dasn nos propres pays, pour s’en rendre compte. Partant de cette réalité, et compte tenu de l’habileté qu’ont les islamistes, eu égard à notre systématique sens de la repentance, de se poser en victimes perpétuelles de l’Occident, ces révolutions seraient une occasion formidable de déstabiliser l’Occident et lui faire faire le mauvais pas qui servirait à légitimer un soulèvement majeur des musulmans dans le monde contre ce même Occident. Et si, au lieu de n’être qu’une occasion, c’était une nécessité programmée ?
Imaginons… Les différentes factions islamistes du Maghreb et du Moyen-Orient se concertent à grande échelle et décident de faire bouger, au nom d’un soi-disant grand élan démocratique, les pays du Maghreb non islamisés. Ces bastions, indispensables à l’offensive des islamistes, sont géographiquement proches de l’Europe et constituent de facto des bases opérationnelles dont ils ont besoin. Mais il s’agit au départ de ne pas revendiquer une révolution verte. Les islamistes savent bien, en effet, que l’Occident se méfie terriblement de l’islamisme et ne se contenterait pas de regarder sans bouger si danger réel se profilait. La Tunisie, petit pays aux enjeux moindres, et n’étant pas aux yeux de l’Occident en proie à une islamisation radicale, servira donc de terrain d’essai. Un étudiant s’immole et donne le départ de la révolution. Il est intéressant au passage de constater qu’on a admis sans se questionner qu’un suicide, marque de fabrique de l’islam combattant, soit reconnu comme le point de départ d’une révolution qu’on nous a présentée comme sociale, démocratique et apolitique. A méditer… La situation économique de la Tunisie, bien qu’on y meurt pas de faim, se prête tout à fait à l’expression d’un ras-le-bol généralisé dans le pays, et la population, agitée par quelques trublions dont la mission est précisément d’exciter les consciences sans forcément donner le “la”, sort dans la rue et réclame le départ de Ben Ali. On connait la suite. Obama, dans un grand élan du coeur, soutient les manifestants et presse Ben Ali de donner du mou. C’est évidemment lui demander l’impossible. Ben Ali n’est pas choisi par hasard pour ce galop d’essai : c’est un homme puissant tant qu’il maintient le pouvoir, mais on sait qu’il peut être couard s’il sent le vent tourner trop fort. Il n’est cependant pas fou, et ne peut se résoudre à envoyer la troupe exécuter en masse tout un peuple en colère devant les caméras du monde entier. Il est autoritaire, mais ce n’est pas un psychopathe. Il ne reste, au bout de quelques semaines, qu’une option à Ben Ali : La fuite. La Tunisie est tombée. On ne peut pas toutefois, si l’on est un peu censé, s’imaginer que seule une foule populaire désorganisée et désarmée a réussi à mettre en fuite, sans concertation préalable ni logistique politique, l’homme fort du pays depuis plus de 23 ans. Ca semble inconcevable sans un appui extérieur. Quoi qu’il en soit, sitôt Ben Ali en fuite, le chef du mouvement islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, rentre en Tunisie après un exil de près de 20 ans. Coincidence ? Dans le même temps, des vagues de jeunes hommes, fuyant sans raison apparente le pays fraichement libéré de son tyran, débarquent par millers en Europe sans qu’on sache vraiment pourquoi. On les laisse plus ou moins rentrer sur nos territoires, malgré tout. Qui sont-ils ? Nul ne le sait.
Le premier bastion-test est tombé entre les mains des islamistes, ne reste plus qu’à se baisser pour s’en emparer. Maintenant que l’on connait la marche à suivre, il faut s’emparer du gros morceau : L’Egypte. C’est, avec une population de 80 millions d’habitants et une frontière avec Israël, un élément clé décisif. De la même manière, et suivant l’impulsion médiatique internationale donnée par la Tunisie, l’Egypte s’embrase. Moubarak est un peu le pendant de Ben Ali. Il n’est ni démocrate, ni sanguinaire. Et evidemment, il n’est pas islamiste. Il est en revanche un peu plus coriace, mais ne fait pas le poids devant l’appui des nations occidentales à exiger de lui qu’il fasse des réformes démocratiques et réponde à l’aspiration de son peuple en colère. Il cherche malgré tout à contenir la révolution, mais tout comme Ben Ali, finit par se résoudre à lacher prise. Seules quelques garanties lui permettent de s’en sortir mieux que l’ex Rais tunisien, mais les conséquences sont les mêmes : Il démissionne et perd de fait tout son pouvoir et son influence. Sitôt le régime de Moubarak renversé, les Européens, la France en tête, commencent à nouer des contacts avec le gouvernement de transition. Alain Juppé se rend au Caire, et commence à dialoguer avec les Frères Musulmans, leur donnant une légitimité qu’ils attendent depuis des décennies. Le pouvoir, confié provisoirement aux militaires, ouvre comme par enchantement le canal de Suez à plusieurs navires iraniens, qui prennent position au large des côtes libanaises. Les islamistes avancent leurs pions.
Il leur faut cependant inciter l’Occident à entrer dans le jeu de manière plus directe et le pousser à la faute. Il était difficile, voire impossible, de faire réagir l’Europe et les Etats-Unis face à des révolutions à peu près pacifiques, et d’ailleurs ce n’était pas souhaité. Ces derniers ne pouvaient qu’observer, au mieux commenter et faire des injonctions distantes, et mise à part la sortie farfelue de Michelle Alliot-Marie, il n’était pas concevable qu’ils entrent en scène. Les islamistes savent bien que pour émouvoir l’Occident, il faut un vrai méchant, du sang et des larmes. Et ça tombe bien, parce qu’ils ont quelqu’un à présenter au casting. Il s’agit bien évidemment du Colonel Kadhafi. Honni des occidentaux, qui pourtant composent et commercent avec lui depuis quatre décennies, il constitue l’épouvantail parfait pour faire bouger l’Occident. Il est pourtant, quoi qu’on en dise, un rempart à l’islamisme. Son pouvoir n’appartient pas à Dieu, mais à lui-même. Un dictateur mégalomane à sa propre solde, un ruffian, un assassin qui n’agit que dans son propre intérêt. Il est bien musulman, tout comme Ben Ali et Moubarak, mais un musulman pas du tout près à mourir pour Allah, comme les deux autres d’ailleurs. Les islamistes savent très bien que Kadhafi ne restera pas les bras croisés si son peuple se révolte. Ils savent même parfaitement qu’il est capable du pire pour se maintenir et que lui, psychopathe avéré, n’hésitera pas à utiliser la manière forte pour réduire au silence ses opposants, aussi nombreux seront-ils. Ils le savent, et ils comptent dessus. Il s’agit donc de le mettre à l’ouvrage. Les islamistes, aidés par le vent dit de démocratie qui souffle fort sur l’Afrique du Nord depuis plusieurs semaines, entraînent le peuple Libyen à se soulever à son tour. Et, exactement comme c’était prévu, Kadhafi ne se laisse pas faire. Le dictateur envoie l’armée mater la révolte, et c’est le bain de sang. Les insurgés, qu’on présente comme de malheureux civils pacifiques, réussissent pourtant, sans aucun moyen apparent, à s’emparer de plusieurs grandes villes : Benghazi, Tobrouk. L’armée régulière de Kadhafi n’est pas une grande armée, certes. Ce n’est pas non plus une armée en carton, et on a du mal à comprendre comment de pauvres hères désarmés et pacifiques puissent faire reculer une armée équipée d’armes pour partie soviétiques, pour partie européennes. C’est pourtant ainsi que les événements se déroulent. On est en droit de se demander si toutefois les insurgés ne bénéficient pas en discretion d’une aide qui n’est pas rendue publique. Toujours est-il que Kadhafi reprend finalement la main, et déploie toutes ses forces. Les insurgés se sont emparés d’armement de l’armée de Kadhafi, armes lourdes, artillerie, même aviation, mais curieusement, ils savent s’en servir, ils disposent de combattants opérationnels et de pilotes. Ils crient “Allah Akbar”, brûlent le livre vert de Kadhafi, brandissent le Coran et crient “Une seule loi, la Charia”. Toujours est-il que malgré leur arsenal, les rebelles reculent devant l’assaut impitoyable des forces restées loyales au Colonel et sont mis en pièces. Cette fois, l’Occident s’agite. Que faire ? Evidemment, l’affect pousse les pays européens à vouloir agir. Les appels à l’aide des malheureux insurgés ne peuvent laisser insensible. Pourtant, l’Europe se perd en discussions, hésite, commissionne. Les islamistes ont besoin d’une étincelle pour faire basculer l’Occident dans le jeu. Un homme décisif, impulsif, bagarreur, si possible en quête de reconnaissance, serait parfait pour l’allumer. Cet homme, ils le trouvent en la personne de Nicolas Sarkozy. Ne reste plus qu’à lui donner le rôle qu’il affectionne, celui de sauveur, et il poussera ses alliés à y aller. Il n’y a pas besoin de le forcer beaucoup pour y parvenir. L’homme nourrit une rancoeur personnelle contre Kadhafi qui a refusé de lui acheter son armement 3 ans plus tôt. Il est au plus mal dans l’opinion publique française, et cette opinion publique est très sensible aux misères des peuples arabo-musulmans. Il est le pion idéal dont ont besoin les islamistes. Ils n’ont même pas besoin de le pousser. Il avance tout seul.
Sarkozy veut toutefois intervenir sous la bannière de l’ONU. Il sait bien qu’une intervention de la France seule sera perçue comme une déclaration de guerre d’un pays à un autre. L’ONU, elle, peut définir les cadres d’une intervention armée légale. Il envoie donc son ministre des Affaires Etrangères à New York pour plaider en faveur du peuple Libyen et arracher l’autorisation d’empêcher Kadhafi de bombarder son peuple. De ces tractations, nait la résolution 1973 autorisant une coalition à définir une zone d’exclusion aérienne et sommer Kadhafi d’arrêter ses agressions contre les civils. Mais Sarkozy sait qu’il doit composer avec l’Union Africaine et la Ligue Arabe, afin de légitimer l’action de l’ONU et ne pas être perçu comme le chef d’une puissance occidentale agressant une nation musulmane. La Ligue Arabe donne son accord de principe, et promet l’intervention de pays arabes dans le cadre de la résolution. L’Union Africaine, elle, décide de tourner le dos à Sarkozy. Peu importe, il reste persuadé que la Ligue Arabe suffit à lui donner les moyens d’agir sans avoir à subir les foudres des pays musulmans. A priori, il n’a pas tort.
Le 19 mars 2011, les premiers avions français survolent la Libye et décident d’engager leurs forces contre des troupes loyalistes au sol. Dans le même temps, plus d’une centaine de missiles Tomahawk américains sont lancés sur la Libye. Kadhafi créé un bouclier humain autour de lui, conscient que pour le tuer, les forces coalisées devront tuer des innocents et ainsi émouvoir l’opinion arabe et créer le ressentiment anti-occidental dont ont besoin les islamistes, et qui lui seul pourra justifier un soulèvement de masse des populations musulmanes de part le monde contre les croisés. A la vérité, Sarkozy et Kadhafi agissent, sans s’en rendre compte, conformément au plan islamiste. Ils sont en effet l’un comme l’autre particulièrement prévisibles. Le lendemain du déclanchement des opérations, coup de théâtre : La Ligue Arabe fait marche arrière. Son secrétaire général, Amr Moussa, déclare que la coalition dépasse le cadre pour lequel il est mandaté par l’ONU et condamne les frappes. Hasard ? Prise de conscience ? On est en droit d’en douter : L’homme, égyptien, est candidat à la présidence de l’Egypte après la chute de Moubarak. Il est aussi un farouche ennemi d’Israël et des Etats-Unis. Suite à sa volte face apparemment programmée, la coalition se retrouve désormais sans aucun appui symbolique arabe. Comme si ça ne suffisait pas, certains pays européens se dissocient officiellement de l’opération et commencent à condamner de concert. Le 20 mars au soir, la coalition ne semble plus faire que de la surenchère militaire en s’engageant frontalement contre l’armée de Kadhafi, bien au delà du cadre de la résolution fixée par l’ONU. On est loin de la simple mise en place de la zone d’exclusion aérienne et de la défense de civils. Tripoli semble être bombardée, mais en vérité le sort de Kadhafi n’est plus d’aucune importance. Nul doute que dans les jours qui suivent, les premiers cadavres civils tués par les bombes occidentales seront donnés en patûre à l’opinion arabe. L’occasion rêvée et planifiée pour les islamistes d’hurler leur colère, de se soulever et commencer une guerre “légitime” contre l’Occident, sur leurs terres comme en les murs de l’Europe. Cette dernière ne pourra pas se défendre. En faisant adopter la résolution 1973 par l’ONU qui l’a autorisée à attaquer un pays souverain aux prises avec des rebelles, elle s’est privée de tout recours à utiliser la force face à une hypothétique insurrection armée en son sein sans s’exposer à des sanctions internationales militaires.
Voilà… Je laisse à chacun le soin d’imaginer la suite. Je n’ai énoncé ici que des faits, et seule ma façon de les relier et d’essayer de les enchainer est sujet à débat. Peut-être que j’affabule. Je l’espère. Je suis toutefois assez convaincu par mon scénario. Il m’apparaît en tout cas plausible. Connaissant ce qu’on connait des islamistes, il ne me paraît ni absurde ni fantaisiste. J’ai du mal à croire que tous ces événements se produisent et s’enchaînent par pure coïncidence d’un pays à un autre sans une centralisation programmée des événements. C’est en tout cas fortement improbable à l’échelle de plusieurs pays. Croire en outre que les réseaux islamistes sont trop désorganisés pour tenter de mettre en oeuvre un tel plan est dangereux et naïf. Ces gens étudient et analysent nos faits et gestes depuis longtemps, de l’extérieur comme de l’intérieur. Ils nous connaissent, savent comment nos dirigeants et nos opinions publiques réagissent, aussi bien qu’ils savent comment faire réagir et manipuler les peuples arabes. Le Jihad commence par là. L’avenir seul nous dira de quoi il retourne vraiment. Je reste d’ici là dubitatif quant à l’instauration de démocraties dans les pays qui se sont révoltés. Je peux même dire que je n’y crois pas. Selon moi, il y a autre chose derrière ces vents dits de démocratie… Ca irait en tout cas bien dans le sens de la Taqîya…
Henri Vaumoret