Etudiant à Marseille, je me suis construit contre Sos Racisme et les profs collabos

A l’ennemi, je ne tends pas la main“. Ton témoignage est édifiant , j’ai vécu une histoire similaire au lycée dans les années 80.  Après un cursus scolaire dans une petite ville de province je me suis retrouvé à Marseille pour faire ma rentrée en tant que lycéen.

Ne connaissant pas du tout cette ville, j’ai postulé dans plusieurs lycées et je me suis retrouvé dans un gigantesque établissement situé dans les quartiers nord. Le choc des civilisations et le réveil forcé de mon instinct de survie furent violent et rapide.  Pour notre survie, entre FDS, nous nous sommes rapidement organisés pour assurer notre défense (rester en groupe, répondre avec fermeté aux tentatives de racket…).

Mais le plus important et le plus dramatique dans cette histoire c’était le comportement d’un nombre non-négligeable d’enseignants vis-à-vis de nous,les quelques “réfractaires” égarés en terre ennemie. C’était l’heure de gloire de SOS Racisme et nous étions harcelés par ces enseignants parce que nous refusions énergiquement de porter le “fameux badge :touche pas à mon pote”. En classe, le discours était le suivant : c’est inadmissible,vous êtes des fachos, les blancs doivent porter ce badge car ils sont tous racistes, souvenez-vous de l’esclavagisme…   Je ne connaissais pas à cette époque le mot dhimmitude mais le mot résistance résonnait à mes oreilles et la lutte était notre pain quotidien.  A la récréation, nous faisions corps car les “Vladimir” et les “gauchos” nous harcelaient parce que nous refusions de porter “la main jaune”.

 

Durant ces années j’ai connu la peur, la violence mais malgré tout elles ont été positives à plus d’un titre. En effet, nous les non-soumis, nous avons vite compris que seule l’unité pouvait assurer notre survie, nous avons compris que le racisme n’était pas de notre côté et que concernant la notion de repentance et de culpabilité, nous pissions dessus sans aucun état d’âme.

 

Durant ces  années je n’ai jamais tendu la main à mes ennemis mais le plus souvent mon poing.  Je ne suis pas un guerrier, je ne suis pas un super-héros,  je n’ai aucun statut social, je n’ai aucun argent mais je m’en moque éperdument, ma richesse c’est ma liberté, mon statut c’est mon honneur jamais renié. Pour me définir je suis un coureur des bois, je suis un chasseur-cueilleur, je suis libre sur ma terre, dans mes choix pour le travail, dans mes décisions, dans mes passions…, je vis (pour moi-même)au jour le jour mais par conviction je me bats pour qu’il y ait un avenir pour nos jeunes. Avec l’âge, si je m’inquiète pour mes proches, en revanche pour moi j’ai cessé d’avoir peur, j’affronte le quotidien et l’avenir avec sérénité et détermination et pour mon testament, à l’aube de ma vie je veux qu’en tant que philo-païen que mes cendres soient dispersées entre les bras de Mère-Nature.

Luc Forgeron

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