Evra frappe un supporter : pour le rappeur Rost, c’est la faute au racisme…

Le coup de pied de Patrice Evra à un supporter marseillais  était bien sûr l’objet du débat de l’émission sportive de Pascal Praud sur CNews.

Ne revenons pas sur les faits:  lors de son entraînement avant le match contre l’équipe de Guimaraes, quelques supporters marseillais  chambrent  Evra sur sa piteuse saison à l’OM. Ce dernier  répond  façon Cantona. Le foot n’est pas précisément un sport de gentleman.

Plus que l’attitude des supporters et du footballeur, ce qui intéresse ici en l’occurrence est la teneur du débat lors de cette émission.

Sur le plateau, on condamne  le geste d’Evra à l’unanimité. A l’unanimité ? Non. Evra a trouvé un irréductible défenseur en la personne du rappeur, auteur, président d’une association pour les jeunes des banlieues, et omniprésent chroniqueur TV, Rost.

Dans le désordre : le rappeur exige d’avoir la parole ce que nul ne lui conteste – il est au contraire le seul à pouvoir en placer une – ,  quitte brusquement le plateau, on le supplie,  il reste, en appelle à la liberté d’expression,  à la contextualisation.

On attend, le souffle court,  la vérité qui va sortir de la bouche de cette Pythie des temps modernes. De quelle contextualisation peut-il bien vouloir parler ?  C’est à cause du racisme. Bon sang, mais c’est bien sûr ! Comment avons-nous pu ne pas y avoir pensé. Ou plutôt, comment avons-nous pu penser que Rost pouvait dire autre chose.

https://www.youtube.com/watch?v=l6l-za6GnIc

Les propos tenus par le supporter marseillais n’étaient pas racistes, objecte quelqu’un. En fait, il semble que les supporters aient plutôt raillé la manie du footballeur de donner des leçons de morale antiraciste, cela va de soi, dans ses vidéos : retourne faire tes vidéos sur internet, ou ses maigres prestations sur la pelouse : dégage t’es nul.

Qu’importe. Contextualisation,  répète Rost, qui tient là le sésame, la clé du Graal.

Le rappeur s’explique. Selon lui, quand on a toute sa vie entendu des injures racistes à son encontre, forcément un jour on en a ras l’bol,  sans que l’on sache très bien si ce “on” s’applique nommément à Patrice Evra ou à tout noir vivant au contact d’un Occident par essence, nature et définition mauvais  pour les siècles des siècles.

Consternation quasi générale sur le plateau après ce qui se voulait une puissante analyse.

On se demande d’ailleurs pourquoi. Rost n’est pas journaliste sportif, pas davantage ancien joueur de foot. Rost est en effet dans son rôle de représentant de cette nouvelle fonction qu’est la diversité à la télé, preuve que l’immigration peut être créatrice d’emplois.

Rost, donc, fait le job : il  défend la diversité, ou plutôt dégaine le même argument si éculé que pas grand monde sur le plateau ni parmi les téléspectateurs n’y croient: c’est la faute au racisme.

Argument éculé, certes, mais qui occupe du temps d’antenne et pendant ce temps-là, on ne parle pas de la conduite des supporters marseillais, uniques en leur genre puisqu’ils insultent leurs propres joueurs,  ou de celle du  footballeur professionnel qui à son âge ne sait pas se maîtriser et n’a, semble-t-il, pas retenu les leçons de Knysna en 2010.

Cela rappelle cette phrase que l’on attribue, apparemment à tort,  à Staline : traite ton adversaire de fasciste, le temps qu’il se justifie, etc.

Avec Rost, on n’a même pas l’impression qu’il s’agisse de stratégie oratoire mais bien plutôt du monologue autiste victimaire de qui n’a jamais envisagé que l’explication puisse être ailleurs : par exemple qu’on puisse être noir, vivre en Occident,  et avoir tort, tout simplement.

Puisqu’il a la parole, Rost ne la lâche plus et sans craindre de se contredire, n’oublie pas  de préciser que son attitude ne relève pas du communautarisme. Comme il ne craint pas davantage les clichés, il n’hésite pas à préciser qu’il est contre la violence. C’est sa mission éducative auprès des banlieues. On est rassurés. C’est aussi beau que du Miss France.

Et en attendant,  personne ne dit  que pour nous, c’est la double peine : on doit subir le comportement de voyou du joueur et en plus être accusés d’en être responsables.

Florence Labbé