Je viens d’apprendre la mort de Mme Claude. Et de lire l’article de Francis Gruzelle. Qui retrace l’histoire de la France des années 60 et 70. Je connaissais ce nom, bien sûr, j’en ai certainement entendu parler à l’époque, mais les temps ont changé. Moi aussi.
Selon moi la prostitution est le degré extrême de la condition féminine, je pourrais, toute femme pourrait, être ou devenir prostituée. Mais je connais des femmes, et des hommes aussi bien sûr, qui ne pensent pas ainsi, pour eux certaines femmes seraient faites pour devenir prostituées, ce qui veut dire qu’il serait légitime de « sacrifier » une partie de la population féminine pour le plaisir de ces messieurs.
Il se trouve qu’il y a quelques semaines, j’ai assisté à Aix en Provence où j’habite, à une conférence sur la prostitution organisée par le Zonta Club et le Nid, vieille association qui aide les prostituées à sortir de la prostitution et à se réinsérer, comme on dit. La conférence a été faite par le Délégué Départemental de cette association, un jeune homme. Il nous a parlé de la position de la France, qui est abolitionniste, contrairement à d’autres pays d’Europe, comme l’Allemagne, l’Espagne, la Belgique, les Pays Bas, qui considèrent que la prostitution est un métier « comme un autre », ils sont réglementaristes. Ben voyons !
Et voilà qu’en cadeau de Noël, on vient nous parler de la belle époque, où Mme Claude avait, paraît-il, un rôle politique, puisque des hommes célèbres et influents étaient les clients de ses prostituées. L’article de Francis Gruzelle montre bien comment les comportements des hommes politiques de cette époque annoncent la décadence, la dégringolade de la France. Et ce que valent nos médias d’aujourd’hui.
« Ce tapage médiatique à l’avant-veille de Noël témoigne d’une perte certaine des valeurs dans le paysage médiatique et dans le monde politique. (…) L’hebdomadaire Le Point démarre son hommage à la « mère maquerelle » en ces termes : « Madame Claude, ce nom restera à jamais associé aux grandes heures de la prostitution. Son réseau de « filles » fit trembler la République dans les années 1960 et 1970. Hommes politiques, artistes, industriels, grands noms et grandes fortunes, tous avaient recours à ses services…(…) Plusieurs médias révèlent que « les filles de Madame Claude sont aujourd’hui de vieilles dames de la bourgeoisie , insoupçonnées et insoupçonnables d’avoir dans leur jeunesse appartenu au célèbre réseau, que certaines ont épousé des ministres, des députés, des sénateurs…Claude ne les a jamais forcées à travailler pour elle, elles leur rendait leur liberté dès qu’elles le souhaitaient. »
En 2013 j’ai écrit ici même un article en réponse à un monsieur qui regrettait de « ne plus pouvoir aller aux putes ».
http://ripostelaique.com/socialos-et-nonnes-feministes-foutez-la-paix-a-ceux-qui-ont-envie-daller-aux-putes.html
Car c’est de cela qu’il s’agit, tout bêtement, de la prostitution, ce gigantesque marché, qui exploite, maintient en esclavage des milliers (millions) d’êtres humains, dont une grande majorité sont des femmes, qui rapporte beaucoup d’argent, bien plus encore qu’à l’époque de Mme Claude.
Le Point intitule son article « Portrait d’une vielle dame très digne ». Nous assistons là à une tentative, encore une, de faire de la prostitution un métier comme un autre, qui ouvrirait à des femmes la possibilité de faire carrière en épousant des hommes en vue.
Ce que j’ai entendu à la conférence sur la prostitution dont je parle plus haut est si différent, ainsi que les témoignages de prostituées que j’ai lus. Depuis les années 60 et 70 la situation des femmes dans la société a évolué, en 1980 le viol devient un crime et obtient une définition juridique. L’égalité homme-femme est inscrit dans la Constitution, etc… Et malgré cela, malgré ces changements fondamentaux, il se trouve encore des journalistes qui n’hésitent pas à faire, ou à tenter de faire d’une vulgaire mère maquerelle, une héroïne, c’est scandaleux, honteux. Cela témoigne bien, comme le dit Francis Gruzelle dans son article, de l’état de déliquescence de notre société qui s’accroche désespérément à de vieux poncifs, de vieux schémas, plutôt que de voir les choses comme elles sont et de tenter de les améliorer.
« D’une façon générale, les médias apportent un concours actif à l’euphémisation et la normalisation de la prostitution. Pretty Woman, Le journal d’une call-girl, permettent de décliner les thèmes si porteurs du sexe et de l’argent sur fond d’images sulfureuses et glamour. Le monde intellectuel n’est pas en reste, dont certains représentants – écrivains, artistes – continuent de nourrir une fascination béate pour les bordels, présentés à l’occasion comme un fleuron de la culture et du patrimoine. » La Dépêche du Midi, 13 avril 2009.
La prostitution est une violence contre les femmes, pas cette belle image d’Epinal que les médias tentent de nous imposer ces jours-ci : « La différence entre la prostitution et les autres formes de violence de même genre est le paiement de l’abus. Mais le paiement n’évacue pas le harcèlement sexuel, le viol et la violence domestique. » Melissa Farley.
Jacqueline FICHET
Bordel de merde ! Mme Claude était une maquerelle qui s’est enrichie grâce à la prostitution, mais contrairement aux maquereaux-marchands d’esclaves, les putes n’étaient pas contraintes.
vous avez raison de de vous opposer à cette banalisation de la prostitution, celle-ci doit rester discrète ou marginale.
Je ne cherche pas à culpabiliser le client mais lui non plus ne doit pas nous imposer une vision banalisée de cette pratique qui n’est pas si anodine quand on voit les trafics internationaux d’Afrique et d’Europe de l’est, de prostituées que l’on retrouve en bordure des bois et des routes.
C’est pareil pour le deal de drogue.
C’est pourquoi je me faits un point d’honneur de ne recourir ni à l’un ni à l’autre et de ne pas encourager ces maffias, et ce malgré les nombreuses sollicitations .
Pensons à nos enfants, on veut quelle société pour eux!
Pas besoin d’aller rue Saint Denis pour voir des prostituées, regardez votre télé vous y verrez des journalistes et sur les images, vous verrez des Ministres plus haut degré de la prostitution;.
Malgré toutes les tentatives des ligues de vertu, “le plus vieux métier du monde” le restera, n’en déplaise aux chaisières coincées sur leur prie-dieu ; mais il est vrai que “le pain de fesses” d’aujourd’hui n’a plus la couleur ni les saveurs d’antan… MDR
je ne suis pas d’accord avec vous J.Fichet concernant le plus vieux métier du monde, il en faut des femmes qui fassent ce dur métier, mais sans contrainte et qu’elles soient libres de faire ce qu’elles veulent de leur corps ! de plus elles sont nécessaires à bcp d’hommes .
Les maisons closes permettent au moins de ne pas voir les putes sur le trottoir…de leur imposer une hygiène et des soins, à condition qu’elles soient libres d’arrêter de pratiquer quand elles le veulent.
Aujourd’hui, certaines femmes très correctes, très BCBG, font de leur corps un commerce, discret mais très payant. Elles n’ont plus besoin du bordel de Mme Claude pour exercer. Un n° de phone. Un lien sur réseau social. Un ancien “client” qui les recommande et le tour est joué. Elles sont indépendantes.
Madame BCBG, finira ses fins de mois dans l’opulence et les macs restent sur leur faim ou au chômage.
suite (grrr les 1000 caractères)
Quant aux hommes politiques, nombre d’entre eux (vous les connaissez presque tous !) font affaire avec une multitude de commerces bien implantés proposant des “rencontres” et plus si affinités. Fini, le minitel rose.
Dans ces commerces de maquereautage, légalement inscrits aux registres de commerces, ne s’inscrivent pas des putes patentées mais de vraies femmes, bien sous tout aspect, qui aiment ça et qui en tirent profit.
Il est vrai qu’une passe ou “une rencontre”, si elles ont le même but, rapportent à leurs bénéficiaires, plus qu’une journée au bureau ou une réunion tupperware à la maison.
Contre tout cela, personne ne pourra rien faire.
La prostitution , une violence faite aux femmes ? Celles qui sont forcées, indubitablement. Pour les autres, c’est une question de choix et d’arbitrage avec d’autres moyens de subsistance. C’est une liberté que revendique le syndicat des prostituées (le Strass), et ce droit qu’elles revendiquent, vous ne pouvez pas leur enlever avec un discours néo-féministe très en décalage avec la position des féministes de la première vague (qui défendaient les prostituées lors de la manifestation de Lyon). Aujourd’hui, la putophobie est très présente dans le néo-féminisme, maquillée par beaucoup de condescendance…