Fièrement laïque !

A l’heure où une vache et une poule, ou ceux qui parlent en leur nom, se disent “fièrement halal”, je trouve qu’il est temps de se dire franchement :

FIÈREMENT LAÏQUE !

Nous avons hérité de nos ancêtres le droit de refuser de croire ou de participer à un rituel religieux. Nous avons le devoir de préserver cette liberté qu’ils ont payée de leur sang, et de la transmettre intacte à nos enfants. Nous n’avons pas le droit de permettre qu’on nous oblige (pour ceux qui doivent manger dans des cantines) ou qu’on nous amène sournoisement (en nous cachant le caractère halal de la viande) à participer à un sacrifice sanglant comme on les faisait dans l’antiquité. Le sacrifice est un acte cultuel, c’est même un des premiers que l’humanité ait pratiqués. Il figure donc au nombre de ces croyances et rites auxquels nul ne doit pouvoir me faire participer sans que je l’aie décidé moi-même. C’est ça, la liberté de conscience !

Manger halal, c’est un geste religieux. La viande halal a été tuée par un sacrificateur agréé par une mosquée en prononçant une prière et en tournant la tête de la bête vers la Mecque. La consommation d’une telle viande n’est donc pas un acte neutre de la vie quotidienne, mais fait partie intégrante du sacrifice. Le sacrificateur tue la bête, les fidèles la mangent, en réservant éventuellement une part au(x) dieu(x). Telles sont les deux branches de la structure du sacrifice depuis toujours, et chacune de ces deux branches compte. La mise à mort de la bête n’est que la moitié du rite. La consommation de la viande est l’autre moitié.
Manger halal, c’est donc participer à un rite. Si nous ne voulons pas le faire, c’est notre droit de plus strict. Nous n’avons même pas à dire pourquoi. Cela fait tout simplement partie de nos prérogatives au titre de la liberté de conscience, et nous en exigeons le respect parce que nous sommes :

FIÈREMENT LAÏQUES !

Nous ne sommes pas tous héroïques, nous ne nous imposons pas tous de vraies privations pour éviter de la souffrance animale. Mais au moins, pour la plupart d’entre nous, nous faisons le peu que nous pouvons faire et nous n’infligeons pas de souffrances inutiles. Puisque les vétérinaires savent maintenant diminuer la souffrance des bêtes abattues en les étourdissant, exigeons que ce soit fait ; personne ne peut nous forcer à tolérer des rites barbares sur notre sol ; ne les tolérons pas ; soyons :

FIÈREMENT LAÏQUES !

On entend dire qu’il est nécessaire à l’équilibre économique des abattoirs et boucheries halal ou kasher de revendre en douce, au consommateur laïque, des animaux ou parties d’animaux abattues rituellement mais non agréés ensuite par les vieux messieurs tout noirs pour de sombres raisons religieuses. On trouve utile de nous cacher l’origine sacrificielle des bêtes dont on nous vend la viande au nom du profit de l’entreprise et/ou de l’équilibre économique de la filière halal ou kasher.

Désolée, mais je ne suis pas une poubelle. Les filières halal et kasher doivent trouver leur équilibre économique sans me faire ingurgiter ce qu’elles rejettent. Je choisis ce que je mange. Le vendeur me doit une information transparente sur l’origine et la nature de la viande, et j’exige qu’elle me soit fournie, car je suis :

FIÈREMENT LAÏQUE !

On entend parfois dire qu’il est discriminatoire de refuser que les cantines servent de la viande halal, parce que les musulmans n’auraient pas le droit d’en consommer d’autre. Accepter ce raisonnement, c’est donner une valeur légale aux prescriptions religieuses ; c’est donc, au sens propre, accepter la charia ; la charia est une loi religieuse ; si l’on accepte qu’un point de religion soit traité comme un point de droit, cela revient à accepter la charia sur ce point. Or, il est inadmissible que soient appliquées, en France, d’autres lois que celles de la République. Nous n’avons pas à le tolérer, car nous sommes :

FIÈREMENT LAÏQUES !

On entend parfois dire aussi : “La viande Halal n’est interdite par aucune religion, tout le monde peut en consommer. Il n’est donc pas discriminatoire de la généraliser. ”
La question n’est pas de savoir si notre religion, pour ceux qui en ont une, nous permet ou ne nous permet pas de manger halal. Cela, on s’en fout. Les religions, toutes autant qu’elles sont, n’ont rien à nous interdire ou à nous permettre. Et la République, si elle faisait son travail, les rabrouerait vertement quand elles prétendent récupérer ce droit, l’islam en tête, les autres essayant de se cacher derrière lui..
Désolée, Messieurs les religieux, mais ma religion, pas plus que la votre, n’a rien à m’autoriser ou à m’interdire. Pour refuser de manger halal, je n’ai pas à vous apporter un mot d’excuse de mon curé, de mon pasteur, de mon rabbin ou de mon gourou. Je ne me retranche derrière aucune autre autorité que la mienne. Elle devra vous suffire parce que je suis :

FIÈREMENT LAÏQUE !

On remarquera de plus qu’en acceptant cet argument manipulateur, nous traiterions les religions avec des égards inversement proportionnels à leur degré de modernité et de respect des droits de l’homme : la religion qui se veut législative deviendrait prioritaire (puisque ses fidèles sont prétendument obligés de refuser la nourriture ordinaire, et que cela leur “donnerait droit” à un menu spécial) ; les fidèles dont la religion se contente de conseiller une conduite sans interdire expressément sont invités à s’adapter puisqu’ils le peuvent.
Désolée, mais les religions qui respectent leurs fidèles, celles qui les conseillent et les exhortent sans les contraindre, n’ont pas à être traitées en religions de second plan. Leurs fidèles n’ont pas vocation à toujours être ceux qui s’adaptent à plus intolérant qu’eux, à plus frustre, à plus arriéré ; ils ont le droit de préserver le niveau d’évolution que leur religion a atteint, souvent après bien du temps et bien des combats ; entre une religion évoluée et une religion conservée dans le formol depuis le haut Moyen-Age, c’est la seconde qui doit s’adapter, et c’est la première qui est en droit de parler haut, et de rester :

FIÈREMENT LAÏQUE !

Il en va de même pour les athées, agnostiques et anti-cléricaux. Ils sont complètement oubliés dans les raisonnements de nos religieux. Ils comptent pour zéro, comme d’habitude.
Désolée, mais en France, personne ne compte pas pour zéro. Chacun existe, chacun compte, chacun a le droit d’être :

FIÈREMENT LAÏQUE !

Enfin, détail qui compte : la viande halal comporte une taxe religieuse.
De quel droit essaie-t-on de me faire payer une telle taxe ?
Suis-je subordonnée à telle ou telle mosquée, pour qu’elle s’autorise à puiser dans mon porte-monnaie ? A-t-elle quelque autorité sur moi ? Suis-je une dhimmie soumise à la jizzia ?
Un libre citoyen ne paie que les impôts dont il a autorisé le prélèvement par la voix de ses représentants élus. Cette règle s’applique dès le premier centime. C’est une question de principe, car la France est :

FIÈREMENT LAÏQUE !

Catherine Ségurane

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