Finance islamique, arme de guerre contre l’Occident (2/7)

Histoire simplifiée du développement de la Finance soumise à la charia

Les principes théoriques de la FSC ont été imaginés par Abul Ala Maududi, dans les années 1940, en tant qu’affirmation d’une culture et d’une politique islamiques. Pour Maududi, il s’agissait de faire face aux tentatives d’occidentalisation conduisant à la disparition de la religion (l’islam) et de l’identité de la Oumma. Ce théologien a imaginé une solution dont les bases seraient le retour des musulmans à un islam authentique par l’établissement d’un ordre islamique autonome, ayant son idéologie propre : l’islamisme, une politique islamique et des sciences économiques islamiques. L’ensemble constituant la première étape vers l’établissement de l’islam sur le monde entier qui serait uni autour de la loi islamique (charia). C’est à ce titre que Maududi doit être considéré comme le premier islamiste du XXe siècle, et prônant le retour à la guerre faite pour propager l’islam sur le monde.

L’idée de Maududi a été rapidement reprise par d’autres, comme l’idéologue Sayyid Qutb, créateur des Frères musulmans, dans les années 1950. Lequel, tout comme Maududi, ne connaissait pratiquement rien à l’économie, mais avait parfaitement compris tout l’intérêt que ce nouveau concept pouvait représenter pour la mobilisation et le soutien à la cause de l’islam politique.

En fait, ce n’est qu’au début des années 1970 que les idées de Maududi ont été mises en pratique

« … La FSC moderne a commencé à se développer au début des années 1970 avec la montée de la religiosité des populations du monde musulman et la flambée du prix du pétrole… »

Source : http://fr.financialislam.com.

Le développement de la FSC repose sur deux événements étroitement liés :

  • l’apparition de bénéfices exceptionnels accumulés par les producteurs de pétrole du Golfe, en particulier après l’embargo pétrolier de 1973 et la hausse spectaculaire des prix du pétrole qui a suivi. Disposant sur une très courte période de richesses (les pétrodollars) sans précédent, l’Arabie saoudite a considérablement accéléré ses efforts pour se faire reconnaître comme le premier pays de l’islam et pour exporter son credo wahhabite dans le monde entier en utilisant sa nouvelle arme financière ;
  • le financement saoudien des activités islamiques en dehors de ses frontières, habilement présenté comme « une aide publique au développement », en moyenne de 4 milliards de dollars par an entre 1975 et 1987, somme sans précédent à l’époque. En 2002, selon des sources saoudiennes, les largesses financières de Riyad avaient déjà permis la construction d’un réseau – contrôlé par les wahhabites – de 1.500 mosquées, de 210 centres islamiques, 202 collèges islamiques et 2.000 écoles islamiques dans les seuls pays non musulmans, dont de nombreux pays occidentaux

Les grandes étapes du développement de la finance et des banques islamiques, selon Taoufik Lachheb, directeur du financement et de l’investissement de Albaraka Bank Tunisia, sont :

« … Années 40 : premier établissement des principes de la FSC par le Pakistanais Sayyid Abul Ala Maududi… »

« … 1963 : apparition de la première banque islamique en Égypte, sous l’impulsion du Docteur Ahmed Al Najjar… »

« … 1969: fondation de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) qui avait comme objectif la création d’un Marché commun islamique et lancé l’idée de la Banque islamique. (OCI)… »

« … 1980-2000 : propagation des banques islamiques en Asie du Sud et au Moyen Orient… »

« … 2000-2009 : propagation des banques islamiques en Afrique du Nord et en Europe, notamment au Royaume-Uni et en Allemagne… »

Un premier résultat concret a été la fondation de la Banque islamique en Arabie saoudite, multinationale contrôlée par la Banque islamique de développement (BID) en 1975. La première banque privée a été la Banque islamique de Dubaï, en 1975, et plusieurs autres ont été créées avant la fin de la décennie des années 1970.

Le vrai décollage de la FSC a eu lieu dans les années 1980, suite aux événements suivants :

  • succès de la révolution de Khomeiny en Iran en 1979 ;
  • islamisation du Pakistan sous Zia-ul-Haq dans les années 1980 ;
  • imposition de la jurisprudence islamique (fiqh) dans ces deux pays, ainsi qu’au Soudan.

Le résultat a été une véritable explosion des banques islamiques et des institutions affiliées à travers le monde musulman.

Selon le Fonds monétaire international (FMI), le nombre des banques islamiques a atteint 300 en 2005. Des estimations plus récentes provenant de sources arabes suggèrent qu‘il y avait 400 banques islamiques actives dans 75 pays, totalisant près d’un milliard de dollars en gestion, à la mi-2007. Ces chiffres ne tiennent pas compte des dizaines de banques occidentales offrant maintenant divers produits financiers islamiques, ni le fait que des activités bancaires se déroulent et sont contrôlées, dans leurs établissements, selon les prescriptions et exigences de la loi islamique (charia).

Selon la pratique actuelle des marchés financiers islamiques et occidentaux, la finance soumise à la loi islamique (charia) signifie qu’un investissement particulier ou qu’une opération financière ont été réalisés d’une manière jugée juridiquement licite (halal), donc autorisés !

Wahib Tatar, avocat libanais, donne la définition suivante :

« … La banque islamique est une institution bancaire qui obéit dans toutes ses opérations, ses activités d’investissement et sa direction à la législation islamique Charia et ses buts et aux objectifs de la société islamique intérieurement et extérieurement… »

Les promoteurs, laudateurs de la FSC déclarent que les banques et organismes financiers qui en relèvent pratiquent leurs activités en conformité (en fait, soumission aux) avec les prescriptions de la loi islamique (charia). Celle-ci respectant plus particulièrement trois grands principes :

  • abolition des intérêts sur l’argent (riba) ;
  • engendrement de l’égalité économique ;
  • établissement d’une éthique commerciale supérieure à celle de l’Occident.

Ils précisent :

« … L’islam a encouragé les aumônes volontaires, les actes de charité et a mis en place la fiducie1 pour amener la société à la solidarité, à la compassion, la générosité et même à l’altruisme et arriver ainsi à l’équilibre et la justice sociale et par là à la sécurité et la paix… »

Le respect des grands principes ci-dessus établit la conformité (soumission) à la loi islamique (charia). Elle donne la possibilité aux islamistes :

  • de bâtir leur légende : la « réussite extraordinaire » de la FSC, comparée à la finance occidentale et, grâce aux troubadours et ménestrels du Système islamique, d’estourbir et enfumer les Occidentaux2 ;
  • d’expliquer pourquoi les systèmes communiste et capitaliste n’appliquant pas ces principes ont échoué … Heureusement, le Système islamique est là, il est LA solution !

 

1) Dans cette citation, le sens de « fiducie » n’est pas explicité. Le dictionnaire Larousse donne les définitions suivantes : « Technique, courante en Suisse, par laquelle une banque ou une société (le fiduciaire) reçoit d’un donneur d’ordre (le fiduciant) un dépôt avec le pouvoir de le placer en son nom, mais aux risques du fiduciant, l’identité de celui-ci demeurant cachée » » et « Acquisition d’un bien par un créancier qui le restitue au débiteur à l’extinction de la dette ».

2) Certains d’entre eux sachant très bien qu’ils jouent avec le feu.

Prochain article (3/7) : Finance soumise à la charia, une légende qui ne tient pas la route

 

Pour se procurer le livre de Jean-François Cerisier :

http://ripostelaique.com/livres/guerre-a-loccident-guerre-en-occident

Chèque de 19 euros à l’ordre de Riposte Laïque, BP 32, 27140 Gisors

 

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5 Commentaires

  1. C’est vraiment du pipeau cette FSC car les activités bancaires qui rapportent le plus ne sont pas les intérêts sur l’argent mais les investissements sur les marchés financiers dans les bourses et l’éthique sous-jacente ne vaut pas mieux que les plu values sur les prêts. Encore un truc purement rituel qui ne vaut rien de profond.

  2. Mon Colonel, votre oeuvre très originale d’historien m’intéresse toujours beaucoup (j’ai acheté votre livre) … et devrait faire référence. Je ne suis pas économiste, peu s’en faut, mais je suis curieux de savoir ce que pensent les spécialistes en économie de vos articles ? Avez vous des échos ?

    • Montecristo,
      Puisque vous avez acquis mon livre, sachez que les modestes droits d’auteur sont entièrement reversés à une Association d’entraide apportant son soutien à ceux qui blessés dans leur âme ou dans leur corps sont dans la souffrance quotidienne, ou aux familles de ceux qui sont tombés pour la France et sont dans des difficultés matérielles.
      Je vous remercie d’avoir contribué à cette entraide.
      Merci de votre intérêt pour mon travail.
      C’est en Soldat et non en historien que j’agis, bien que l’étude et la connaissance du passé soit essentielle pour construire l’avenir.
      Je ne suis pas non plus économiste et n’ai aucune relation dans le milieu.
      Quant à avoir des échos … Non, aucun, c’est le silence radio. Soyons raisonnable, quel crédit ceux qui savent et connaissent tout peuvent-ils accorder à un Français dont la seule motivation a été de Servir sa Patrie ?

      • Je regr etterais de ne pas avoir demandé à RIPOSTE LAIQUE de me confier quelques exemplaires de cet ouvrage pour l’occasion j’en ai distribué l’image de sa couverture quand je l’ai tendue quelques uns l’avaient acheté et ont gardé mon “tract” pour le faire connaître j’ai trouvé çà plutot bien maintenant nous verrons bien.En tout cas bien des intervenants sans en citer la source on vraissemblablement lu cet ouvrage, c’est un travail tellement fouillé bien explicité on ne peut pas ne pas le comprendre et l’assimiler les 3 personnes avec lesquelles j’en ai parlé m’ont dit la même chose. Je pense que RIPOSTE DEVRAIT RELANCER la proposition d’acquisition. ? paule di Malta

      • Mon Colonel, votre démarche est tout en votre honneur. Je suis heureux d’y avoir participé.
        Ceci dit : entre Soldat et Historien comme entre Chrétien et Patriote … je ne vois là que l’expression de notre culture française.
        C’est toujours dans ce seul soucis que je combats également.

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