Fusillade raciste et anti-chrétienne sur un campus de l'Oregon
Une fusillade sur un bucolique campus américain commise par une jeune, asocial et solitaire, qui veut son quart d’heure andywharolien de gloire.
On connaît. Les Américains aussi. Débat sur la détention d’armes. Bougies. Plus jamais ça.
C’est ce qui s’est passé hier dans la petite université Umpqua Community Collège de l’Oregon.
Ce constat clinique et désabusé n’est pas le signe d’un manque de sympathie pour les victimes et leurs familles ni pour le désarroi qu’éprouvent les autorités et la classe politique américaines devant ce problème, apparemment consubstantiel aux Etats-Unis. Mais il est vrai que ce type d’événements et les réactions qu’il suscite de part et d’autre de l’Atlantique ont, hélas, un air de déjà vu.
Cependant, que le côté répétitif du scénario ne nous dispense pas de regarder d’un peu plus près la personnalité et les mobiles de ce tueur puisque, comme ses prédécesseurs, il n’a pas caché ses desseins.
L’auteur de la fusillade, Chris Harper Mercer – précisons que contrairement à la France, aux Etats-Unis, on donne le nom et la photo du présumé coupable et on tait celui des victimes – est un métis âgé de 26 ans, né d’un père blanc britannique, et vivant aux Etats-unis. Sans surprise, dans la presse locale, ses voisins le décrivent comme un individu renfermé, s’affichant toujours en tenue paramilitaire, et vivant en reclus avec sa mère.
Sur MySpace, on peut le voir, posant avec un fusil, et exprimant son intérêt pour l’IRA, ailleurs son admiration pour Vester Flanagan. Si on l’a oublié, Vester Flanagan est le tireur noir et homosexuel qui a abattu en direct ses collègues d’une chaîne de télévision locale parce qu’il se disait discriminé en raison précisément de ses orientations sexuelles et de son taux de mélanine. En ces temps de verrouillage sémantique, je ne me risque pas à écrire le mot que vous savez. Mais pour Vester Flanagan, les Blancs existent et il s’en est vengé de la manière que l’on sait.
Avec cette proximité spirituelle dont l’auteur de la fusillade se revendique, on peut voir dans ce drame un meurtre de masse inspiré par la haine des Blancs. Comme beaucoup de métis, l’auteur du crime se voit plus Noir que Blanc. Comme pour aller dans ce sens, le Daily Télégraph voit dans le soutien affiché de Mercer à l’Ira, une attitude anti-britannique malgré les origines de son père. Sur place, le tueur choisit ses victimes. Il interpelle en ces termes Anastasia, jeune étudiante de 18 ans : Hey you, blonde woman ! (Eh toi la blonde) , avant de lui tirer dessus. Enfin, le tueur aurait laissé des pages d’un « manifeste raciste« , que les enquêteurs locaux sont en train d’étudier .
Un acte raciste donc.
Constatons que dans l’ensemble, nos chaînes préfèrent nous montrer les séquences bougies et chants religieux tout en se gardant bien d’employer les mots de « métis » ou de « crime raciste », encore moins d’en envisager la possibilité. Dans le cas contraire, et avant même qu’il y ait l’ombre du début d’une enquête, un crime de masse commis par un Blanc qui n’existe pas, contre des Noirs qui eux existent, aurait été labellisé « raciste » illico. Chez nous, les Blancs n’existent que comme coupables.
Par ailleurs, sur le site Spiritual Passions où le tueur avait un profil, cet homme se définit comme « métis extrémiste athée » et déclare détester « les religions organisées » sans plus de précision. Les témoins racontent qu’avant de tuer ses victimes, le meurtrier leur demande leur religion. Pour ceux qui répondent « Chrétien, » ce sera une balle dans la tête accompagnée de ces mots glaçants de cynisme : tu vas voir Dieu dans moins d’une seconde.
Le caractère raciste du crime se double donc d’un autre aspect : l’athéisme qui tue en son propre nom.
Voilà qui invite à reconsidérer les éternels stéréotypes sur les religions seules pourvoyeuses de guerre ainsi que des non moins éternels exemples toujours choisis dans le Catholicisme : l’Inquisition, les Croisades, et la Saint-Barthélémy. On pouvait déjà objecter que des idéologies athées comme le communisme ont fait un nombre impressionnant de victimes. Mais leurs crimes étaient commis au nom d’une idéologie qui prétendait servir le peuple. Là , on assiste à un phénomène nouveau : l’athéisme extrémiste qui se revendique comme tel.
En ces temps de lynchage contre Nadine Morano, craignons que l’on n’occulte chez nous le caractère raciste et anti-chrétien d’un tel drame.