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Fusion nucléaire : le monde bientôt débarrassé du sale pétrole arabe ?

Cet article ne fera sans doute pas des milliers de vues. Les perspectives qu’il laisse entrevoir sont pourtant fondamentales pour l’avenir de l’Europe. Dans un communiqué en date de ce mercredi 9 février, l’Autorité britannique de l’énergie atomique (UKAEA) a expliqué avoir, grâce au Tokamak  européen JET (Joint European Torus) installé près d’Oxford, réalisé un pas énorme dans la maîtrise de la fusion nucléaire.

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La technique de la fusion nucléaire est déjà à l’œuvre pour la fabrication des… bombes à hydrogène. Il s’agit de maîtriser cette énergie inépuisable pour répondre à la demande énergétique de l’Europe.

On imagine aisément les conséquences géopolitiques gigantesques qu’un tel exploit technologique laisse entrevoir : fini, à terme, l’utilisation du pétrole et du gaz, et notre dépendance par rapport à des puissances, arabo-musulmanes entre autres, qui ne nous veulent pas que du bien :

OCI et ISESCO : https://lesobservateurs.ch/2017/01/03/strategie-culturelle-islamique-alain-wagner/

Mais également fini les centrales à fission (les actuelles centrales de notre parc nucléaire) et leurs déchets radioactifs à durée millénaire, et fini les coûteuses éoliennes, esthétiquement désastreuses et à la rentabilité énergétique plus qu’aléatoire.

Pour l’UKAEA, les résultats du JET « sont la démonstration la plus claire à l’échelle mondiale du potentiel de la fusion pour fournir de l’énergie durable ». Les gaz de deutérium utilisés dans les Tokamaks sont abondants sur terre, propres et produisent un minimum de déchets radioactifs.

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La température atteinte au cœur du JET a été de dix fois celle qui règne au centre du soleil. La durée de cet exploit est pour l’instant modeste : cinq secondes… Mais, « si on peut maintenir la fusion pendant cinq secondes, on peut le faire pendant cinq minutes, et puis pendant cinq heures » avec de futures machines plus performantes, estime Tony Donne, de l’EUROfusion consortium.

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On rappellera qu’en octobre 1890, le premier « avion », l’Eole de Clément Ader, n’a réellement « volé » que pendant… 50m. En 1909, Louis Blériot traversait la Manche (38 km). En 1913, Roland Garros traversait la Méditerranée en 7 heures et 53 minutes. En 1919, soit à peine trente ans après le saut de puce de Clément Ader, eut lieu le premier vol transatlantique d’Alcock et Brown, sans escale, entre Terre-Neuve et l’Irlande

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D’autres Tokamaks sont à l’essai de part le monde. Entre autres le titanesque ITER (International thermonuclear experimental reactor) à Cadarache, en Provence. ITER regroupe les pays de l’Union européenne, l’Inde, le Japon, la Chine, la Russie, la Corée du Sud, les États-Unis, ainsi que la Suisse et le Royaume-Uni en tant qu’États associés à la Communauté européenne de l’énergie atomique.

Des initiatives plus modestes voient également le jour un peu partout dans le monde.

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L’un des trois prototypes chinois semble avoir une longueur d’avance sur ses concurrents

Mi janvier dernier, l’agence chinoise Xinhua rapportait que l’EAST (Experimental advanced supraconducter Tokamak) de l’Empire du milieu a réussi à produire une température de 70 millions de degrés Celsius (cinq fois la température du soleil) pendant 1.056 secondes (17 minutes et 36 secondes).

En mai 2021, les scientifiques chinois avaient déjà réalisé un exploit notable en atteignant au cœur de leur EAST une température de 120 millions de degrés pendant 101 secondes (dont 160 millions de degrés pendant 20 secondes) 

EAST est l’un des trois grands Tokamaks à l’essai en Chine. Il a pour l’instant coûté à la Chine plus de mille milliards de dollars. Le deuxième est le réacteur à fusion Tokamak HL-2M qui se trouve à Chengdu, dans le sud-ouest de la Chine. Il est expérimental depuis décembre dernier. Le troisième est en construction dans la ville centrale de… Wuhan.

Selon les autorités de Pékin, le « soleil artificiel » EAST pourrait industriellement fournir de l’électricité d’ici une dizaine d’années. Pour l’instant, les scientifiques en charge des divers projets de « soleils artificiels » en Europe et aux États-Unis n’ont pas fixé de date, même approximative, pour la production industrielle d’électricité par fusion nucléaire

Compte tenu des énormes crédits alloués par les Etats à la recherche, il est raisonnable de penser que la production commerciale à grande échelle d’électricité par fusion nucléaire pourrait avoir lieu avant une quinzaine d’années.

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Henri Dubost

In girum imus nocte ecce et consumimur igni