Les limites du livre “Gagner la guerre contre l’islam radical”, de Robert Morey

Winning the war against radical islam est le titre d’un livre qui vient d’être publié par l’Américain Dr Robert A. Morey. Comme son titre et le champignon nucléaire qui l’illustre l’indiquent clairement, ce livre ne tourne pas autour du pot. Mais au-delà du titre et de cette illustration, est-ce que le livre tient ses promesses ? Présente-t-il les moyens qui seraient à même d’infliger une défaite au terrorisme islamique ?

En quatrième de couverture, l’auteur est ainsi présenté : « Depuis le 11 septembre 2001, Dr Robert Morey est très sollicité en tant qu’expert de renommée internationale sur l’islam et sur le terrorisme islamique. Il est docteur en études islamiques et il fut débriefé par le FBI et par le service de renseignement de l’US Navy sur la signification du djihad et sur sa bonne connaissance du terrorisme musulman aux États-Unis. Sa lutte contre le terrorisme l’a amené, plusieurs fois, à mettre sa vie en danger. Dix ans durant, avant le 11 septembre, il avertit les États-Unis du djihad que les musulmans radicaux entendaient lancer contre l’Amérique »

Les sept premiers chapitres du livre sont consacrés à une présentation incisive mais plutôt factuelle de ce qu’est l’islam. C’est au huitième chapitre, page 169, qu’on en arrive enfin à ce qui est promis par le titre : les moyens de battre le terrorisme islamique. Mais pour appréhender comment s’organise la pensée de l’auteur, il faut revenir à son introduction.

Il y explique que pour comprendre pourquoi les kamikazes japonais étaient prêts à se sacrifier, comme le font les islamistes d’aujourd’hui, il fallait commencer par analyser la religion japonaise et le culte dû à l’Empereur. « La croyance que l’Empereur du Japon était Dieu, expliquait non seulement les attentas suicides des pilotes japonais, mais elle représentait l’âme et le cœur-même de tout l’effort de guerre fourni par le Japon ». Cette croyance était inculquée aux japonais dès les jardins d’enfants. Ils y dansaient et chantaient « comme ce serait merveilleux de mourir pour le divin Empereur ! ». Pour vaincre l’idéologie belliqueuse et expansionniste du japon, il fallait donc, d’après Dr Morey, atteindre son pivot central et obliger l’Empereur à venir déclarer devant tout le monde qu’il n’était pas Dieu !

C’est, me semble-t-il, vite oublier ou du moins minimiser l’effet que peut avoir la dissuasion nucléaire et l’usage de cette arme sur toutes les nations du monde, qu’elles se droguent au bolchevisme, au shintoïsme ou à l’idéologie religieuse dénommée islam.

La solution ultime au terrorisme international

C’est sous ce titre que Dr Robert Morey présente ses préconisations et ses réflexions. Il commence par se poser la question si les terroristes sont vraiment prêts à tout perdre, y compris leur vie et celle de leurs enfants, pour réaliser leurs buts. Il y répond par la négative : « Les terroristes et les états terroristes, tels que l’Arabie Saoudite, n’ont peur que d’une chose : l’anéantissement de la religion islamique » (p. 170). D’après l’auteur, il n’y aurait rien dans cette vie qui serait d’une plus grande valeur à leurs yeux que l’islam. « Ils sont prêts à sacrifier et même à mourir pour promouvoir l’islam. C’est cette motivation religieuse qui est le moteur du djihad contre nous ».

Et voilà que l’auteur propose de s’attaquer à ce moteur en se posant trois questions  :

1. Et si la Ka’ba venait à disparaître ? La Ka’ba est ce cube noir à la Mecque vers lequel tous les musulmans prient cinq fois par jour et autour duquel les pèlerins viennent déambuler. Et si la Ka’ba venait à être réduite à un trou noir dans le sol ? (ground en anglais, mot qui rappelle Ground Zero)

2. Et si le lieu de sépulture de Mahomet venait à être effacé de la surface de la terre ?

3. Et si la mosquée du Dôme du Rocher sise au-dessus du Temple de Jérusalem venait à exploser ?

ground zero
ground zero

Rien qu’à lire ces hypothèses l’on se rend compte immédiatement que nous avons affaire à un Américain qui ne recule devant rien, exactement comme ses prédécesseurs qui ont osé larguer deux bombes atomiques sur Nagasaki et sur Hiroshima.

Mais je crains que cette folie n’ait fait oublier quelques détails à l’auteur. Il suppose que le talon d’Achille de l’islam serait son attachement désespéré à des cités sacrées et à des édifices et que s’ils venaient à être détruits, l’islam en mourrait en l’espace d’une génération, puisque, d’après l’auteur, tout le monde se rendrait compte que Allah n’était pas capable de protéger ces trois sites, les plus sacrés de l’islam. L’auteur, dans sa naïveté déconcertante, a vite oublié que les seigneurs en tout genre, tout autant qu’Allah, ont de tout temps durement éprouvé leurs fidèles, pour mieux savoir qui était attaché à eux plus qu’à des édifices ou à des biens matériels, périssables par définition. 

C’est comme si les destructions subies par le Temple de Jérusalem avaient réussi à déplacer cette ville hors de notre espace-temps. C’est comme si la disparition de la Ka’aba allait empêcher les musulmans de prier dans la même direction ou de se rendre à Médine pour honorer la mémoire, et non la tombe, de Mahomet ?!

L’auteur oublie par ailleurs que les territoires dominés par des musulmans n’ont rien à voir avec les quelques îlots japonais. Par contre, il n’imagine pas qu’une ferme résolution politique des USA pourrait amener l’islam à imploser, à s’effondrer sur lui-même. Imaginons que les Etats-Unis choisissent de garantir la liberté des saoudiennes et des saoudiens au lieu de protéger, contre pétro-$$$ $$$$ $$$ $$$ la liberté d’un régime saoudien qui travaille à promouvoir l’islam et sa dictature religieuse immonde. C’est sous ce régime qu’a été élevé Ben Laden ainsi que la majorité des kamikazes du World Trade Center.

Imaginons que les USA invitent publiquement et officiellement l’Arabie Saoudite, régime détestable à tout point de vue, allié des USA et protégé par cette puissance, à se doter d’une constitution où le préambule stipulerait que toutes les musulmanes et tous les musulmans sont LIBRES, non seulement de conduire des voitures, mais aussi leur vie et de choisir une autre croyance que l’islam, qu’ils sont libres de ne pas croire et que, désormais, il leur est permis de critiquer à volonté et le Coran et Mahomet.

Je n’en doute pas, un bloc islamique se formera immédiatement et se solidarisera avec l’Arabie, ce cœur ancestrale de l’idéologie islamique qui n’a jamais été autre chose qu’un appel au qitâl dans la voie d’Allah (du verbe qatala = tuer) afin de faire triompher l’islam sur toute autre croyance ou religion.

Il suffirait que les États-Unis fassent publiquement une telle annonce à l’adresse du bloc islamique pour qu’une nouvelle vraie guerre froide – et pourquoi pas chaude – soit officiellement déclarée à ce totalitarisme vert que les nations libres sont tôt ou tard appelées à abattre comme ce fut le cas de l’Empire ottoman, l’Homme malade au début du XXe siècle, et comme ce fut le cas de l’Empire soviétique jusqu’en 1989.

Déclarer la guerre à l’idéologie islamique, à cet ensemble d’idées totalitaires, pour aider les musulmanes et les musulmans à s’émanciper, voilà un noble devoir du monde libre, si ce monde a encore quelque éthique, quelques valeurs humanistes à promouvoir et quelque sens de l’honneur.

Pascal Hilout, né Mohamed

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