Une dépêche AFP du 23 décembre 2011 nous apprend que « le premier ministre turc accuse la France d’avoir commis un génocide en Algérie ». « On estime que 15% de la population algérienne a été massacrée par les Français à partir de 1945. Il s’agit d’un génocide », a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d’une conférence. Lequel Erdogan continue à nier le génocide arménien !
Qu’en est-il ?
Selon les définitions internationales, un génocide est l’extermination physique, intentionnelle, systématique et programmée d’un groupe ou d’une partie d’un groupe en raison de ses origines ethniques, religieuses ou sociales. Généralement, on ajoute à cette définition le fait que l’intention soit suivie d’effet, c’est-à-dire qu’une partie importante de la population visée ait été détruite.
Qualitativement, il n’y a évidemment aucun élément historique qui prouverait que les autorités françaises avaient eu la moindre « intention » d’« exterminer » la « population algérienne ». L’accusation de génocide est donc totalement infondée en droit en en fait.
Mais quantitativement, Erdogan dit également n’importe quoi.
L’Algérie comptait 7,5 millions de musulmans en 1948, 8,5 millions en 1954, et… 11,5 millions en 1966, selon les recensements officiels. Il s’agit donc d’une croissance démographique remarquable, qui s’est même accélérée pendant la guerre d’Algérie. Comme extermination, on fait mieux…
On voit donc qu’en parlant de « 15% de la population algérienne », Erdogan reprend le chiffre totalement mythique de 1,5 millions de morts. Mais même le chiffre très officiel de 1 million de morts décrété par le FLN et les autorités algériennes ne repose sur aucune étude. « On estime », dit Erdogan… mais QUI estime ?
Les historiens sont encore partagés, mais leurs estimations vont de 250.000 à 400.000 morts musulmans lors de la guerre d’Algérie. Y compris ceux massacrés par le FLN mais hors l’extermination des harkis et de leurs familles après les accords d’Evian.
La guerre d’Algérie n’a donc rien d’un génocide, ni en intention, ni en effets.
Par contre, sur environ 2 millions d’Arméniens vivant en Turquie en 1915, les historiens non turcs estiment qu’entre la moitié et les deux tiers furent exterminés. Et même les historiens turcs, sans toutefois reconnaître le mot de « génocide », disent qu’il y a eu de 600 000 à 800 000 victimes arméniennes.
Quant à l’aspect prémédité et intentionnel de ce génocide, les archives ottomanes elles-mêmes l’attribuent aux officiels du parti des Jeunes-Turcs.
En conséquence, le premier ministre turc commet un double négationnisme. Non seulement il nie le génocide arménien, mais en plus avec un culot incroyable, il accuse « les Français » d’un génocide qui n’a pas l’ombre d’une preuve d’existence et qui est démenti par les chiffres.
Il s’agit donc là d’une diffamation gravissime à l’encontre du peuple français, et celui-ci est en droit d’attendre une condamnation officielle de notre gouvernement. Nicolas Sarkozy aura-t-il le courage ? J’en doute fort.
Djamila GERARD