Guaino vomit les bourgeois de droite, mais ne se remet pas en question

Henri Guaino, LR, s’est présenté pour les législatives dans la seconde circonscription de Paris. Il faut croire que son succès dans les Yvelines en 2012 lui était monté à la tête : 28,11 % au premier tour, 61, 85 % au second et donc il avait été élu haut la main. Il devait se croire invincible. Il ne savait pas que les électeurs sont souvent volages et volatiles. Comme les élus. Horreur : il n’a obtenu cette fois que 5% des suffrages. Le voilà qui jette l’éponge, abandonne la vie politique après trente ans d’activité et crache sur ceux qui ont eu le toupet de ne pas l’élire : il les vomit, dit-il.

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Je dois dire que je suis plutôt d’accord avec lui : les bobos cathos dans leur ensemble (il y a bien sûr des exceptions) ne sont pas logiques, ne réfléchissent pas, ils suivent toujours le beau parleur du moment, par effet de mode, et même si c’est contre leur intérêt. Dussent-ils pour le suivre tuer père et mère.

Je me suis fourvoyée dans un dîner bobo-catho cette semaine. Tout le monde se pâmait devant Macron le-beau-gosse. Devant le chignon de Brigitte, comme si c’était une assurance d’être bien gouvernés. « Un parcours sans faute… » a dit quelqu’un. J’ai risqué quelques objections bien senties. On m’a écoutée poliment un instant. Puis la mélopée en forme de méthode Coué a repris : « un parcours sans faute… » C’était incantatoire. Il n’y avait rien à faire. Quand Maqueron-Jupiter aura cessé de plaire, quand on verra que son programme est épouvantable, quand tous ces bobos se retrouveront ruinés et pire, cocufiés par l’islam, que se passera-t-il ?… Ils ne le voient pas venir et c’est pathétique.

Mais Guaino, lui qui prétendait conduire les Français ?… « J’ai épuisé le sujet », dit Henri Guaino au sujet de la politique. Oh, pas du tout. Le sujet n’est pas du tout épuisé. Pourquoi n’est-il pas allé jusqu’au bout de son sujet ? Il avait commencé à reconnaître que le FN n’était pas fasciste. Il était sur la piste. Et puis, et puis ?…

Henri Guaino devrait se remettre en question et se demander les raisons d’un échec aussi énorme. Certes les bobos sont insupportables. Mais lui, Guaino, qu’a-t-il fait ? Il a sa part de responsabilité dans son propre naufrage. Il semble que s’il avait daigné faire front commun avec le FN, Debout la France, le Siel (pour lesquels on a de la sympathie), cela n’aurait pas été la Bérézina. L’union fait la force. Seul Dupont-Aignan a osé, mais seulement pour les présidentielles. Dommage pour lui : il n’est pas allé jusqu’au bout, et il subit de plein fouet la sanction de s’être apparemment trompé.

Mais voilà : Guaino comme Myard n’ont pas daigné reconnaître qu’il fallait s’allier au FN. Myard avec 35,16 % contre 46,73% à sa rivale LREM Yaël Braun-Pivet, est mis en sévère ballottage dans son fief réputé insubmersible des Yvelines. Claquemuré dans son hôtel de ville de Maisons-Laffitte, le front entre les mains, il médite sur la grandeur et la décadence. Tant pis pour lui. Myard comme Guaino ont été paralysés par la diabolisation du FN. Ils ont eu peur d’être diabolisés eux-mêmes. Preuve qu’ils n’ont pas tout à fait la stature qu’il faut en politique. En politique, il faut savoir prendre position. A force d’user d’échappatoires, ils ont découragé leurs électeurs, qui ont choisi de les virer. “On a choisi le classement vertical pour vous », dit un des déçus de Guaino. Ce sont des colosses aux pieds d’argile. La franc-maçonnerie, à laquelle ils appartiennent plus ou moins,  y est sûrement pour quelque chose…

Toutes ces officines, tous ces candidats qui soutiennent le FN sans oser le dire par pure trouille du retour de bâton politiquement correct, sont bêtement allés à la bataille en ordre dispersé, chacun pour soi. Ils ont été battus ?… Qu’ils s’en prennent à eux-mêmes.  Ces politiciens-là, assis entre deux chaises, par manque de courage, manque de consistance, manque de décision, finiront dans les poubelles de l’histoire. Les Guaino et les Myard. Sic transit gloria mundi. Ainsi passe la gloire du monde. Il fallait y réfléchir, M. Guaino,  avant de vomir les électeurs.

Sophie Durand