Haut-Karabakh : vers un nouveau génocide arménien ?

Alors que l’argent occidental coule à flots sur l’Ukraine, l’Arménie est bien seule dans la crise du Haut-Karabakh qui l’oppose à ses voisins azéris.

L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont affrontés à de nombreuses reprises depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Le dernier conflit s’est déroulé entre le 21 mai 2021 et le 6 octobre 2022, date à laquelle le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan et le président azéri Ilham Aliyev se sont rencontrés lors du sommet de la Communauté politique européenne à Prague pour tenter de résoudre le conflit qui oppose les deux pays à propos du Haut-Karabakh, une république autonome depuis 1988, peuplée très majoritairement d’Arméniens, et enclavée en territoire azéri.

Les deux parties ont convenu qu’une mission dirigée par l’Union européenne serait déployée du côté arménien de leur frontière commune dans le but de « renforcer la confiance et, par ses rapports, de contribuer aux travaux des commissions des frontières ».

Le 12 décembre 2022, en violation des accords de Prague, les forces azéries bloquent le corridor de Latchine, la seule route « ouverte » reliant le Haut-Karabakh à l’Arménie, instaurant un blocus de fait de la « République d’Artsakh » (nom officiel du Haut-Karabakh depuis le 20 février 2017). Le président azeri Ilham Aliyev invite la population de souche arménienne à partir ou à prendre la citoyenneté azérie…

Depuis cette date, la situation des habitants du Haut-Karabakh est une longue descente aux enfers. Les autorités font état de graves pénuries de nourriture et de médicaments, ainsi que d’importantes perturbations dans les approvisionnements énergétiques nécessaires pour maintenir en activité les infrastructures et les services essentiels.

Le 16 août dernier, à la demande de l’Arménie, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni pour faire le point sur la situation aux conséquences dévastatrices pour les populations civiles.

Seul organisme humanitaire international disposant d’un accès au Haut-Karabakh, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué ne plus être en mesure depuis plusieurs mois d’acheminer quelque aide humanitaire que ce soit vers le Haut-Karabakh, ni par le corridor de Latchine, ni par aucune autre route. « Le droit international humanitaire est très clair : les parties doivent permettre et faciliter le passage rapide et sans entrave de l’aide humanitaire pour tous les civils dans le besoin », a rappelé Mme Edem Wosornu, Directrice des opérations et du plaidoyer de l’OCHA, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU pour le Haut-Karabakh. « Il est donc essentiel que l’acheminement de l’aide humanitaire par le CICR puisse reprendre dans les plus brefs délais et que d’autres organisations humanitaires soient autorisées à se rendre auprès des personnes dans le besoin. » 

« Les habitants du Haut-Karabakh sont aujourd’hui privés de leurs droits humains et se trouvent dans un état de siège total », a alerté de son côté le ministre des Affaires étrangères de l’Arménie, M. Ararat Mirzoyan, venu solliciter le soutien des membres du Conseil de sécurité.

Le ministre a déclaré « attendre du Conseil de sécurité qu’il condamne le recours à la famine des civils comme méthode de guerre », demandant « le rétablissement immédiat de la liberté de circulation des personnes et des biens à travers le corridor de Latchine. » Le ministre a fait appel à la communauté internationale pour qu’elle mène une intervention « forte » et évite que la situation ne dégénère en un « nettoyage ethnique de la population du Haut-Karabakh ».

Les Arméniens ont déjà été victimes de plusieurs génocides, à l’époque perpétrés par les Turcs. Celui de 1894-1897 (sous le sultan Abdulhamid II) fit entre 80 000 et 300 000 morts. Le « grand » génocide (sous les Jeunes Turcs) des années 1915-1923  fit pour sa part plus d’un million deux cent mille morts. La Turquie a toujours nié avoir perpétré ces génocides.

Selon Ali Kazancigil,  « la négation du génocide est devenue un pilier de l’idéologie nationaliste turque et un outil du contrôle de l’État sur la société et sur l’esprit des citoyens ».

La Fédération de Russie déploie d’importants efforts diplomatiques dans la région, appuyés notamment par la présence d’un contingent de quelque 1 500 soldats dans la république autonome. Un contingent qui ne peut prendre l’initiative de rouvrir par la force le corridor de Latchine, une opération qui serait considérée comme un casus belli par les Azéris, lesquels bénéficient de l’appui diplomatique et militaire de la Turquie. Le 25 juillet dernier, les Azéris ont rejeté la proposition russe d’une réouverture « pacifique » du corridor pour la circulation des civils et des biens non militaires.

Selon Moscou, la seule issue au conflit est le retour aux accords d’Alma-Ata de 1991, lesquels fixaient entre autres les frontières entre les différentes anciennes républiques de la défunte URSS.

Rappelons que le 4 juillet 1921, Staline a décidé le rattachement du Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan. À cette époque, le territoire est peuplé à 94 % d’Arméniens. En 1923 est constitué l’oblast autonome du Haut-Karabakh, séparé de l’Arménie par le corridor de Latchine, dit « couloir azéri » alors qu’il est… peuplé d’Arméniens. Le 20 février 1988, profitant de la perestroïka, le Haut-Karabakh s’autoproclame République socialiste soviétique à part entière, à égalité avec l’Arménie et l’Azerbaïdjan. D’après le recensement de 1989, sur une population de 189 000 habitants, il y avait alors dans le pays 145 500 Arméniens et 41 000 Azéris. Le 15 juin 1988, l’Azerbaïdjan revendique auprès de Mikhaïl Gorbatchev la réintégration du Haut-Karabakh à son territoire. Des violences éclatent la même année en Azerbaïdjan. Des pogroms anti-Arméniens font plusieurs centaines de victimes à Soumgaït et à Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan.

L’Azerbaïdjan possède de riches gisements de pétrole et de gaz, qui font cruellement défaut à l’Arménie. Une explication sans doute du peu d’intérêt que suscite en Occident ce pays chrétien, face aux appétits de son voisin musulman, membre à part entière de l’Organisation de la Coopération islamique (OCI) qui regroupe l’ensemble des pays musulmans de la planète et constitue une sorte d’ONU islamique…

Henri Dubost

In girum imus nocte ecce et consumimur igni 

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6 Commentaires

  1. Comme toujours la France enfin nos crétins de dirigeants sont toujours dans les “bons” mauvais coups , acheté du gaz à des génocidaires muzz de surcroit , nos pourritures de corrompus n’ont vraiment aucun honneur , très bientôt leurs têtes tomberont , et ce ne sera que justice !

  2. C’est bizarre cette politique mondiale, Israël se permettrait de bloquer l’approvisionnement des “palestiniens” il y aurait un tollé immédiat à l’ONU de toute la communauté international pour condamner cette action et dans le cas de ce qui est rapporté dans l’article, la même communauté s’en fout complétement de ce qui peut arriver aux Arméniens.

  3. Les turcs n’ont jamais reconnus le genocide armenien c’est fou
    Comment peut-on leur faire confiance.

  4. Les arméniens nous emmerdent. Ils sont aujourd’hui inféodes aux Etats-Unis et s’opposent régulièrement à la Russie. Sur place en Arménie un anti-russisme se développe avec la complicité active des administrations. Qu’ils se demerdent avec les azéris!

    • Pourtant les arméniens, abandonnés par l’U.E. et les USA, ont demandé de l’aide à la Russie qui a installé deux « positions d’appui », déployées dans la région de Syunik, au sud de l’Arménie, avec des éléments de la 102e base militaire russe, celle de Gyumri, au nord du pays. De plus, la russie a entrepris de former l’armée arménienne afin de lui donner les moyens de résister à l’Azerbaïdjan. Rappelons que la France achète du gaz azéri en remplacement du gaz russe…

      • Répondre à JYL : “La France” (secret) achète du GNL et des CARBURANTS vendus initialement par les RUSSES aux pays INDE et CHINE qui les ont gentiment raffinés pour en augmenter la valeur ! Les tarifs des carburants augmentent… Les nigauds comptez-vous !

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