Après l’avoir qualifié de tricheur et d’incapable, Mélenchon embrasse Kemel sur la bouche !

Aujourd’hui jeudi 14 mai a été organisée une conférence de presse à Hénin-Beaumont, autour du socialiste Philippe Kemel. Avec tous les candidats de gauche éliminés au premier tour de la législative de cette 11ème circonscription du Pas-de-Calais … dont Jean-Luc Mélenchon en personne. Et tous ces gens-là de s’embrasser sur la bouche, appelant le bon peuple à terrasser “la bête immonde”.

Pourtant on se rappelle combien cette campagne avait été pour le moins vive en Philippe Kemel et Jean-Luc Mélenchon avant le premier tour.

Jean-Luc Mélenchon avait accusé Philippe Kemel d’être un « menteur » et d’avoir « triché » pour être investi candidat socialiste. Il avait été jusqu’à l’accuser d’avoir gagné sa primaire en faisant voter des morts communistes ! Le candidat du Front de gauche avait reproché aux socialistes et à Kemel d’être des « incapables » et des « bons à rien », pour s’autoproclamer seul et meilleur « rempart » contre Marine Le Pen. Dimanche soir, totalement sonné, il avait été incapable d’appeler à voter PS.

Philippe Kemel, bien que plus courtois, n’avait pas ménagé ses critiques à l’encontre du candidat du Front de gauche, l’accusant d’être parachuté et de venir sur la circonscription uniquement pour se faire mousser devant les caméras. Kemel avait dit que « le calme reviendra » quand le parachuté du Front de gauche reprendra « le train pour Paris ». Le PS avait même reproché au président de Parti de gauche d’être le principal responsable de la progression de Marine Le Pen.

Eh bien aujourd’hui, tous ces échanges aigris sont oubliés. Jean-Luc Mélenchon est venu soutenir sans ambiguïté et sans aucune réserve celui dont il disait pis que pendre : « Monsieur Kemel est maintenant notre candidat commun pour battre le Front national. »

Et Philippe Kemel de lui rendre la politesse : « Merci, Jean-Luc Mélenchon pour ton soutien très clair. Ton combat ici a été noble et tes idées ont bel et bien progressé. »

Quel beau duo de faux-culs et quel récital de faux-fuyants, qui démontre parfaitement que Jean-Luc Mélenchon ne jouait que le rabatteur de voix communistes pour François Hollande aux présidentielles, puis pour le candidat socialiste d’Hénin-Beaumont aux législatives.

Soit Jean-Luc Mélenchon pensait vraiment ce qu’il disait sur Philippe Kemel et ses amis socialistes (ou sur « le capitaine de pédalo » alias « Hollandréou »), et dans ce cas c’est un homme sans honneur et sans fierté pour retourner sa veste en quelques jours. Soit il ne le pensait pas, et alors c’est un comédien, certes de grand talent, mais qui a trompé ses électeurs et les Français, donc indigne de confiance.

Mais comment comprendre aussi l’acceptation du soutien de Philippe Kemel par Jean-Luc Mélenchon ? Lui aussi, a-t-il le moindre honneur, la moindre fierté, le moindre respect humain pour accepter un hommage de celui qui l’a traîné dans la boue ? A sa place, je ne serais pas très fière. Mais il est vrai qu’une place de député, ça n’a pas de prix. L’ex-sénateur et toujours parlementaire européen Mélenchon (qui refuse que sa fortune personnelle soit rendue publique) en sait quelque chose…

De toute façon la double défaite de celui-ci, aux présidentielles et aux législatives, signe la fin (provisoire) du lider maximo (ou plutôt lider minimo) du Front de gauche. Il y aura un ou deux communistes qui entreront au gouvernement pour faire bonne mesure et faire taire les velléités pseudo-révolutionnaires du carriériste Mélenchon et de sa clique de bobos-gauchos professionnels à la Corbière, Delapierre ou Coquerel.

Jeanne Bourdillon

PS. A noter une curieuse phrase de Mélenchon lors de cette conférence de presse : “Je vais rencontrer le Grand Rabbin de France pour qu’il sache la distance qui me séparera toujours de l’antisémitisme”. Allusion à l’affaire Theodorakis sans doute… C’est vrai que si les électeurs juifs ne sont guère portés sur l’extrême-gauche palestiniste, en revanche il y en a quelques-uns qui votent socialiste… Pur clientélisme et pur retournement de veste, une fois de plus !

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