Mon éminent collègue Henri Peña-Ruiz vient de nous pondre un de ces textes par lesquels nos bobocrates privent leurs oeuvres d’absolument toutes les chances de résister à l’épreuve dissolvante de la postérité… Ou plutôt, si ! Ils passeront à la postérité à titre de repoussoirs, comme on se souvient encore des sophistes du V° siècle athénien, sophistes qui, bardés de gloire en leur temps, nous apparaissent aujourd’hui, et définitivement, comme ce qu’ils furent, à savoir les prédécesseurs
de nos idéologues contemporain : tout dans la forme et rien dans le fond…
Leur gloire, et c’est à noter, s’éclipsa de manière irrémédiable devant les carrures impressionnantes d’un Socrate, citoyen lambda, rondouillard, robuste et fauché, mais pétri de sagesse et de malice, et d’un Platon, grand aristocrate idéaliste au bon sens du terme, musculaire, talentueux et sévère, première grande figure de la résistance littéraire en Occident. Ces considérations préalables étant faites, venons-en aux trouvailles sophistiques du génial professeur Peña-Ruiz.
L’excellent et subtil Peña-Ruiz vient de nous gratifier dans Respublica (un journal prétendument républicain et supposé de gauche, que ses dissidents finirent par quitter pour fonder, précisément, Riposte Laïque) d’un article intitulé « La conversion républicaine et laïque du Front national n’est qu’un leurre », article qu’on peut lire avec bonheur à l’adresse suivante :
http://www.gaucherepublicaine.org/combat-laique/la-conversion-republicaine-et-laique-du-frontnational-nest-quun-leurre/2493
Avant même de lire l’article, on apprend que notre philosophe est par ailleurs membre du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, le tribun laïc à géométrie variable, celui-là même qui soutient que les musulmans prient dans la rue parce qu’ils manquent de mosquée.
http://www.jean-luc-melenchon.com/2010/12/madame-le-pen-est-le-diable-de-confort-du-systeme/
Le lecteur notera que les deux articles ont un peu la même structure et qu’ils ressemblent aussi à celui de l’inénarrable Corbière (PG lui aussi), celui-là même qui voulait faire interdire les Assises sur l’Islamisation du 18 décembre 2010.
http://www.alexis-corbiere.fr/index.php?post/2010/12/10/Pour-l-interdiction-d-un-rassemblementde-provocateurs-delirants-dans-le-12e
La tactique littéraire du Front de Gauche est sempiternellement la même, à tel point, d’ailleurs, qu’on finit par s’y ennuyer beaucoup. Ces trois articles commencent par un couplet bien-pensant qui prend ses distances vis à vis de l’islam, mais dans des termes tellement feutrés que la dhimmitude y perce à chaque syllabe, avant de se lancer dans une dénonciation du complot catholique, qui tient la quasi-totalité du texte. Peña-Ruiz a d’ailleurs exploité ce système jusqu’à la caricature, consacrant une seule phrase (oui, une seule) à l’islam, avant de se lancer dans une énorme diatribe contre le catholicisme.
Je livre au lecteur la phrase courageuse de Peña-Ruiz afin qu’il (le lecteur) se marre un peu : « Juste, et nécessaire, est la critique de l’islamisme. » Point barre, c’est tout ! Le lecteur peut passer l’article du philosophaillot laïc à la loupe, il n’y a plus rien sur l’islam à l’exception de l’adjectif « musulmane » qui apparaît une fois, dans une phrase déplorant de séculaires persécutions chrétiennes contre la religion musulmane (!!!), et son article représente quand même une page A4. Même Méluche (philosophe de formation lui aussi, j’ai honte pour ma discipline) et Corbière (enseignant lui aussi, j’ai honte pour mon métier) avaient fait mieux que Peña-Ruiz… Il faut dire que Peña-Ruiz passe à l’heure actuelle, chez les bobos du moins, comme le plus grand spécialiste français de la laïcité ; on se demande alors ce que doit être le niveau des autres !
Selon Peña-Ruiz, la conception, qui fait débat aujourd’hui (1), selon laquelle les valeurs républicaines laïques entretiendraient un rapport de filiation avec le christianisme serait, tout bonnement, nulle et non-avenue : une simple « idéologie ». On pourrait malgré tout lui rappeler
Matthieu 22, 21 et la fameuse sentence christique : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu », mais ce serait un peu banal comme référence, et notre philosophe se gausserait.
On pourrait aussi, et c’est mieux, raisonner par concession.
Admettons que Peña-Ruiz ait raison sur tout et que l’Église soit effectivement, comme il le prétend, l’ennemie jurée de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Qu’est-ce que cela change de toute
manière au problème de l’islam ? Qu’est-ce que cela change au fait que le Coran soit un livre tissé d’appels au meurtre et de cruautés, et lourd de menaces pour les non-musulmans (comme d’ailleurs pour tous les « mauvais » musulmans) ? Qu’est-ce que cela change à l’offensive islamique d’aujourd’hui dans la « Dar el-Harb » que représente l’Europe et, plus généralement, l’Occident ? Qu’est-ce que cela change au problème affreux et récurrent de la dhimmitude ? Qu’est-ce que cela change à la réalité lourdement perverse du djihad contemporain, faite de fourberie (takiyya) – dont ces « condamnations », par des dignitaires musulmans, d’attentats et de massacres, condamnations qui ne convainquent plus grand monde (2) –, de coups de force mortels et d’islamobanditisme (racaille ultra-violente et fanatisée) ? Qu’est-ce que le texte de Peña-Ruiz change à cela ? Réponse : RIEN. Peña-Ruiz, comme tous les gauchos de son espèce, se contente de déplacer le projecteur afin que, surtout, personne ne puisse poser lucidement la question de l’islam… et de l’islamisation. On ne parle du catholicisme que pour éviter de parler de ce qui fâche.
Il faut préciser, c’est vrai, que l’article de Peña-Ruiz est explicitement dirigé contre le Front National et Marine Le Pen. Mais sur ce point aussi, où est l’argumentation ? Le philosophe accuse Marine Le Pen de se rallier par pur opportunisme à des valeurs laïques et républicaines que le Front National aurait toujours reniées ; le Front National se serait toujours réclamé d’une longue tradition, à la fois ultra-catholique et antisociale, voire monarchiste ; l’Église elle-même, souvent proche du
Front National (ou l’inverse), serait par nature ultra-conservatrice, antisociale, inquisitoriale, ennemie des libertés… Soit, raisonnons toujours par concession, admettons. Et alors ?
Quand bien même on accorderait tout cela à Peña-Ruiz (et il y aurait pourtant beaucoup à dire), qu’est-ce que cela change à la justesse de l’analyse de Marine Le Pen sur l’islamisation de la France ? Marine Le Pen dit-elle autre chose, sur les dangers de l’islam et de son expansionnisme, que nos intervenants aux Assises, dont d’éminents spécialistes de l’islam, du Coran et de la langue arabe, tels que M. Marchand ou Mme Delcambre ? Le message de Marine Le Pen se résumerait, selon Peña-Ruiz, à « Pas de Turcs dans l’Europe vaticane ! »
Passons sur l’accusation calomnieuse de racisme, implicite mais bien réelle, Peña-Ruiz s’est-il interrogé un instant sur les causes de cette
méfiance des Européens (et de Marine Le Pen) vis à vis de la Turquie, à une époque où le Premier Ministre turc, et il ne s’en cache pas, nous considère déjà comme des dhimmis (3) ? Mais Peña-Ruiz (pas plus que Respublica dans son ensemble) n’a l’habitude de s’interroger, ce qui est grave pour le penseur qu’il prétend être. Ou plutôt si ! Il s’interroge beaucoup… sur la manière dont il peut continuer son oeuvre de collabo docile, de coallahbo rampant, oeuvre qui lui assurera, n’en doutons
point, l’estime de ses petits camarades de Respublica, de la Libre (sic) Pensée, du Parti de Gauche, des associations « antiracistes » et judiciarophiles, et de tous les admirateurs et admiratrices de sa
« philosophie », je devrais dire de ses philosophèmes.
En ce qui nous concerne, nous, à Riposte Laïque, et cela devient lassant de le rappeler, nous ne mangerons jamais de ce pain-là. Nous ne sommes qu’un philosophe collectif qui ne prendra jamais la pose de l’expert patenté, du sophiste à succès, du spécialiste-de-son-nombril politique. Alors, comme cela fâche, et que cela fâche beaucoup, on nous traite de pétainistes, ou de doriotiste, c’est selon (c’est la tactique de la fraction collaborationniste de FO et de la Libre Pensée notamment).
Nous n’avons pourtant jamais hurlé dans la rue la devise « Travail, Famille, Patrie ». Et encore moins le mot d’ordre implicite de la racaille : « Djihad, Oumma, Charia ». Nous n’avons jamais entonné « Maréchal, nous voilà ». Encore moins « Mahomet, nous voilà »… Et c’est vrai, notre
intégrité morale et politique, notamment nos positions très sociales sur la défense du salariat, notre vigilance vis à vis de la globalisation néolibérale, notre défense du pauvre FDS écrasé de solitude et
de peur, ça fâche beaucoup les nouveaux gaucho-fascistes qui voudrait bien nous dégommer. Et pourtant, à force de brasser des informations terrifiantes, on en arrive, entre deux frissons bien légitimes, à rigoler ferme de la connerie de nos détracteurs.
Jacques Philarchein
(1) http://www.wat.tv/video/christianisme-religion-amour-394sn_2exyh_.html
(2) http://www.bivouac-id.com/billets/le-grand-imam-d%E2%80%99al-azhar-et-les-dhimmis/
(3) http://www.ripostelaique.com/Erdogan-considere-deja-les.html