Historiquement, la gauche a combattu l’immigrationnisme des patrons

Historiquement, la gauche et le mouvement ouvrier n’ont pas toujours tenu un discours immigrationniste, loin de là. En 1931, lors de la grande crise, les députés socialistes proposent une loi de limitation du nombre des étrangers afin de freiner le chômage. C’est de cette expérience que sera votée la loi du 10 août 1932 protégeant la main d’œuvre nationale par un gouvernement radical socialiste, soutenu par les socialistes.

Cette loi est votée avec l’accord du responsable de leur groupe : Léon Blum.

Elle stipule dans son article 1 :

“Les collectivités, devront déterminer la proportion des travailleurs étrangers qui pourront être employés dans les chantiers ou ateliers organisés ou dans les services publics concédés, cette proportion ne pourra pas dépasser 5 pour 100.

Elles fixeront, dans les mêmes conditions, la proportion des travailleurs étrangers qui pourront être occupés dans les travaux, fournitures ou services qu’ils feront exécuter en règle”.

Mais il faut également savoir que dès 1922, dans le journal de la CGT « la vie ouvrière » l’on pouvait lire, au sujet de l’immigration : “C’est là une question qui nécessite une étude sérieuse de notre part — étude qu’il nous faut faire en nous dégageant d’une certaine confusion qui pourrait nous valoir d’être qualifiés de » superpatriotes ».

Bien souvent, en effet, il a fallu que les ouvriers français fassent entendre de vives protestations contre l’emploi immodéré de la main-d’oeuvre, sans qu’on puisse pour cela les suspecter de nationalisme.

S’ils protestaient, c’est parce que le chômage existait déjà en France et qu’il augmentait encore la venue de nouveaux ouvriers étrangers. On ne s’est pas préoccupé des conséquences : le chômage, ça n’intéresse sans doute pas le patronat. Mais, il faut que les organisations ouvrières, elles s’y intéressent. Un apport de main-d’oeuvre étrangère aussi formidable que celui qui est prévu pour les régions dévastées ne peut qu’augmenter la crise actuelle dans de grandes proportions. Il est du devoir immédiat des syndicats français de s’élever énergiquement contre cette mesure. On ne peut pas en l’occasion nous taxer de chauvinisme. Nous estimons que » la terre est à tous ». Mais nous ne voulons pas qu’il soit permis de se servir ouvriers étrangers pour nous affamer, là où le hasard nous a fait naître.

Ce qu’il nous faut faire pour conclure, c’est empêcher qu’on fasse venir, dans les régions où le chômage sévit, de la main-d’oeuvre, parce que le premier résultat de sa venue serait d’affamer la main-d’oeuvre française”.

Le 22e congrès de la CGT en 1933 mettait en 8e place ces revendications :

l’exigence d’une réglementation de l’emploi de la main d’œuvre étrangère tenant compte des intérêts de la main-d’œuvre française ».

En 1935 notre pays compte 1 million de chômeurs secourus, le gouvernement pourtant dirigé par Pierre Laval, décrète un arrêt immédiat de l’immigration et le retour au pays de centaines de milliers d’étrangers.

Le 6 janvier 1981, dans le journal L’Humanité, Georges Marchais, secrétaire général du PCF, écrivait : “En raison de la présence en France de près de quatre millions et demi de travailleurs immigrés et de membres de leur famille, la poursuite de l’immigration pose aujourd’hui de graves problèmes. Il faut les regarder en face et prendre rapidement les mesures indispensables. La cote d’alerte est atteinte […] C’est pourquoi nous disons : il faut arrêter l’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage. Je précise bien : il faut stopper l’immigration officielle et clandestine. Il faut résoudre l’important problème posé dans la vie locale française par l’immigration. Se trouvent entassés dans ce qu’il faut bien appeler des ghettos, des travailleurs et des familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes. Cela crée des tensions, et parfois des heurts entre immigrés des divers pays. Cela rend difficile leurs relations avec les Français. Quand la concentration devient très importante […] la crise du logement s’aggrave ; les HLM font cruellement défaut et de nombreuses familles immigrées, plongées dans la misère, deviennent insupportables pour les budgets des communes”.

Le rôle de l’immigration, dont l’objet de toujours est de peser sur les salaires et les conditions de travail des travailleurs français, a aujourd’hui étendu sa vocation d’une immigration de travail à une immigration de peuplement, qui est missionnée par  la gauche pour aller de plus en plus vite vers  le remplacement du peuple français.

Les motivations des capitalistes n’ont pas changé, à la différence près que ce sont aujourd’hui, les syndicats, la gauche et l’extrême gauche qui les soutiennent  et vont même au-delà des désirs de la mondialisation en mettant sur le même plan les luttes sociales et les luttes sociétales, en mettant en place une politique de la compassion.

Aujourd’hui, les syndicalistes qui osent parler de protectionnisme et de préférence nationale, et Fabien Engelmann, ici présent, que je salue, en est un exemple, sont exclus des syndicats, qualifiés de fascistes et de racistes.

Nous vivons bien ce que le poète martiniquais, Aimé Césaire, appelait le « génocide par substitution ».

Michel Ciardi

 

 

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