Hollande refuse de vendre des Mistral à la Russie, mais arme les Saoudiens…

Hollande54-56L’affaire des Mistral que la France a refusé de vendre à la Russie, alors que les sanctions internationales appliquées à Moscou ne devaient concerner que les contrats futurs, est un monument d’hypocrisie qui illustre à merveille la morale internationale à géométrie variable de nos dirigeants.
Car ceux qui jugent aujourd’hui que les méchants Russes ne sont plus dignes de faire partie des clients de notre industrie d’armement, suite à l’annexion de la Crimée par Moscou et aux tensions en Ukraine, sont les mêmes qui ont applaudi naguère à la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo et procédé de force au dépeçage de la Serbie, en violation flagrante du droit international.
Par ailleurs, on constate qu’au “pays des Droits de l’Homme et des libertés”, la moralisation des ventes d’armes, si chère à nos élus, atteint vite ses limites.
Rappelons que c’est l’Arabie Saoudite, modèle de démocratie comme chacun sait, qui reste notre plus gros acheteur depuis cinq ans.
Car il parait que l’Arabie est un pays sunnite “modéré” parfaitement fréquentable. Le terme “modéré” étant synonyme de “pro-occidental et de bon client”, cela va de soi. L’argent n’a pas d’odeur, ce n’est pas nouveau.
Certes, chacun sait que morale et vente d’armes sont difficilement conciliables, mais il est inutile de se répandre en flatteries indécentes. Qu’on vende des armes aux Saoudiens n’a rien de choquant, d’autres concurrents prendraient notre place au détriment de nos chômeurs. Mais qu’on ne nous dise pas que le royaume saoudien est un pays modéré ! Il faut n’avoir jamais mis les pieds en Arabie pour affirmer de telles sornettes et certains de nos élus feraient bien de s’instruire. Non seulement les Saoudiens ont largement financé le terrorisme qui ensanglante la planète, mais ils violent en permanence les droits de l’Homme.
L’Arabie reste le seul pays à n’avoir jamais signé la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. L’organisation Freedom House déclare que “les pratiques de l’Arabie Saoudite divergent du concept de l’Etat de droit”. Et en matière d’inégalité des sexes, ce pays se classe au 131è rang sur les 135 observés.
Les femmes n’y ont aucun droit. Elles ne peuvent ni conduire, ni voter, ni sortir non accompagnées d’un membre de leur famille mâle.
En matière de démocratie, sur 167 pays évalués, l’Arabie arrive au 7è rang des régimes les plus autoritaires.
Aucune liberté d’expression ou de manifestation n’y est tolérée.
Au pays sunnite “modéré”, aucune autre religion que l’islam n’est autorisée.
Les églises y sont interdites et aucun étranger ne peut célébrer son culte. La police religieuse veille sans relâche et sans concession. Quant à l’apostasie, elle est punie de mort.
Amnesty International et Human Rights Watch dénoncent régulièrement les châtiments corporels d’une justice  moyenâgeuse. Décapitations, lapidations, amputations et flagellations sont le lot des condamnés. Près d’une centaine de condamnations à mort ont lieu chaque année et le royaume vient de recruter huit bourreaux supplémentaires pour tenir le rythme accéléré des décapitations en 2015. On cherche vainement la modération…
Tel est le véritable portrait de ce pays “ami”, auquel on ne peut rien refuser. Y compris privatiser temporairement une plage publique pour satisfaire aux caprices d’un roi qui refuse de croiser des femmes policières françaises. Espérons au moins que notre hypocrisie nous rapportera quelques juteux contrats pour le plus grand bien de nos chômeurs. Mais encore une fois, qu’on ne nous parle plus de morale pour justifier le monumental fiasco du dossier Mistral.
Jacques Guillemain