Hollande soumis au dictateur Erdogan

Il n’est pas à une contradiction idéologique prés. Ce grand démocrate qu’est Hollande a accepté, sans discuter, que le ministre turc des affaires étrangères organise chez nous une opération de propagande destinée à augmenter encore les pouvoirs du dictateur Erdogan.

L’affaire aurait pu paraitre banale et passer inaperçue si un contentieux diplomatique n’avait pas brutalement surgi entre la Turquie et les Pays-Bas. Le gouvernement Néerlandais a en effet refusé ce samedi 11 mars l’autorisation d’atterrir au ministre Mevlut Cavusoglu qui venait prêcher la bonne parole Erdoganesque auprès de la communauté turque.

Un refus qui faisait suite à une rupture des discussions en cours entre les deux pays. Pour des raisons d’ordre et de sécurité – n’oublions pas qu’un bouleversement politique est attendu dans le pays suite aux élections du 15 mars – les Pays-Bas avaient demandé à la Turquie de changer la date et le lieu de la réunion publique qui devait initialement se tenir à Rotterdam. Ils proposaient que le rassemblement se fasse de façon plus discrète au consulat de Turquie ou à l’ambassade.

Mais les Turcs ne l’entendaient pas de cette oreille. Le ministre des affaires étrangères faillit s’étrangler de colère devant ce qu’il prit pour un affront. Il menaça de  « lourdes sanctions » les autorités des Pays-Bas si celles-ci s’avisaient d’entraver sa visite. Le gouvernement Néerlandais est resté ferme sur ses positions. Pas question de céder à l’ultimatum. Le ministre turc fut informé que son avion serait refoulé s’il tentait de se poser aux Pays-Bas. Un refus qui a exaspéré le dictateur Erdogan : « Ce sont des vestiges du nazisme. Ce sont des fascistes » s’est-il emporté lors d’un rassemblement à Istambul. Il est vrai que son représentant avait déjà essuyé une série de revers en Allemagne et en Suisse après que les autorités ont refusé à l’association des travailleurs turcs UETD le droit d’organiser des réunions électorales au profit de l’AKP, le parti d’Erdogan.

Lamentable soumission de la France socialiste

En France on n’a pas les mêmes scrupules que nos voisins. Le pitoyable Jean-Marc Ayraut qui sévit pour quelques semaines encore au ministère des affaires étrangères a donné son feu vert à la venue du représentant du dictateur turc qui a atterri samedi soir à Metz. C’est d’ailleurs dans une salle du centre des congrès de la ville que le ministre turc doit s’adresser ce dimanche à ses compatriotes, nombreux dans l’est de la France, pour les inciter à voter lors du referendum du 16 avril. Les autorités préfectorales qui invoquent «le droit à la liberté de réunion » (sic) assurent qu’elles veilleront à la sécurité et au bon déroulement de ce rassemblement. C’est le moins qu’elles puissent faire !

Cette lamentable soumission de la France socialiste à un dictateur qui bafoue ouvertement les droits de l’homme et mène une répression sans pitié contre ses opposants, montre, s’il en était besoin, à quel point l’Europe de Bruxelles est en totale déliquescence.

Le gouvernement français aurait dû se montrer solidaire des Allemands et des Bataves. D’autant que ces derniers ont été publiquement injuriés par ce paranoïaque d’Erdogan. Ce qui, apparemment, n’a pas troublé ceux qui nous gouvernent. Un manque de loyauté que nos amis européens ressentiront, et à juste titre, comme un camouflet. En attendant, c’est Erdogan qui s’amuse d’une situation dont la France ne sort pas grandie.

Alain MARSAUGUY