Hommage à Louis Dalmas, un homme qui avait l’élégance des grands esprits

Louis Dalmas 2Louis, Dalmas, Melchior de Polignac vient de nous quitter, le 3 aout 2014 tard dans la soirée.

Il était comme mon père, Louis Dalmas de Polignac. Le marquis rouge vient de disparaitre à 94 ans, d’une belle mort, sans souffrances, dans les bras de son épouse. Aussi paisiblement que Karajan dans les bras d’Eliette.

De Dalmas, car il insistait qu’on l’appelât ainsi, voulant dissimuler ses racines aristocratiques par je ne sais quel complexe, vraisemblablement trotskiste, on pourra dire qu’il eut une vie magnifique, excitante, palpitante et surtout, surtout, non conformiste. Ce qui ajoutait à son charme. Inutile de dire qu’il avait un grand succès auprès des femmes. Il n’avait que faire des culs coincés. Et le faisait savoir sans hypocrisie.

Aucune tristesse ne m’anime, que le regret de voir disparaître un personnage avec lequel j’ai vécu 45 ans de guerre et de paix. Même durant les derniers jours, nous échangions sur la situation géopolitique, dont il était un passionné éclairé. Ses analyses me manqueront beaucoup. Une chose nous séparait violemment, mes positions sur la conquête islamique. Dalmas était un homme de gauche, ancien trotskiste, comme quoi, je ne suis pas sectaire, grand résistant aux nazis. Il n’a jamais renié ses idées. Il était tout et son contraire. Mesquin parfois, d’une générosité sans limites ensuite. Il fut mon soutien essentiel dans les difficultés que je traversais. Jamais il ne comptait son temps. Un caractère de cochon, violent. Encore une fois, ce sont ses imperfections, mélangées à ses vertus qui faisaient qu’il était une personnalité attachante. Je n’ai pas toujours été à la hauteur et souvent injuste avec lui. De là ou il est, je lui demande pardon.

Louis Dalmas fut le premier journaliste à avoir interviewé Tito après la guerre. En est issu un ouvrage: “Le Communisme Yougoslave”, préfacé par Jean-Paul Sartre. Il fut le fondateur du photo journalisme et créa dans les année 60 la première agence de presse photo au monde. L’agence Dalmas, dont les archives furent plus tard rachetées par SIPA PRESS, dirigée et fondée par notre ami Gökşin Sipahioğlu, disparu avant lui. Un Turc, à la silhouette élancée, de longs cheveux épais, qui encadraient un visage marquant, d’une grande élégance et d’une rare distinction. Un homme que j’ai beaucoup aimé aussi. Cette race d’hommes que l’on intitule à juste titre des dinosaures. Des hommes irremplaçables dans une médiocrité ambiante rarement vue dans l’histoire humaine.

LouisdalmasLorsque la guerre de Yougoslavie a commencé, il a inauguré un mensuel de géopolitique BALKANS INFOS, qu’il a ensuite transformé en BI. Il l’animait avec ses fortes convictions et son talent de grand journaliste. Pierre Hillard a commenté chez lui. Le Général Gallois collaborait régulièrement, comme Vladimir Volkov. Depardon fit ses classes à l’agence Dalmas, ainsi  qu’un grand nombre de journalistes et écrivans célèbres, comme José Luis de Villalonga, un homme qui aura compté dans ma vie.

Dalmas était l’auteur de nombreux ouvrages de réflexion politique et de géopolitique, dont le dernier est un essai sur le nouveau désordre mondial : Les Fossoyeurs de l’Occident. Il y eut aussi : Le Crépuscule des Elites que notre ami commun, Roland Dumas a préfacé.

Le plus drôle de son existence est, qu’il était le cousin germain de Rainier de Monaco. Il ne s’entendait qu’avec Antoinette, une espiègle, la soeur de Rainier et avait une sympathie particulière pour la Princesse Stéphanie qu’il trouvait rebelle. Ce qui était fait pour lui plaire. Il n’avait que mépris pour le reste.

Il ne comptait pas son temps pour écrire dernièrement sur Riposte Laïque, ou répondait à des invitations sur Radio Courtoisie et autres journaux en ligne, ou il essayait de faire passer ses messages éclairés. Il allait là où on le demandait. Et, comme il était ignoré du reste des médias, il avait le souci de faire passer ses messages, même si c’était sur des médias qui ne partagent pas forcément ses opinions. Dalmas était tout sauf sectaire. Il avait l’élégance des grands esprits.

Enfin, Louis, Dalmas, Melchior de Polignac était franco-américain. Sa mère était Américaine. Il aimait l’Amérique, mais détestait ses élites politiques qu’il estimait un danger pour le monde. Se reporter à ses ouvrages pour comprendre son positionnement.

Good Bye Dalmas, nous nous sommes tant aimés et chamaillés ! J’entend encore ta voix me dire d’un ton chantant, lorsque je quittais chez toi : « Salut » !  Avec qui vais-je maintenant me quereller ?

Sylvia Bourdon

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