Il ne s’est rien passé à Lampedusa

Des gens venus de la mer qui débarquent à Lampedusa, 7000 ou 8000, ou plus, sur une île de 11 km de long, 3 km de large au plus, « le chaos », dit-on, oui, mais qu’est-ce que cela change ? Rien.
Sur BFM TV, les interviewers d’Eric Zemmour ont le même air supérieur et le même petit sourire amusé. Ils disent toujours pareil, ils n’ont pas de raison de changer, ils savent tout et ils ont un grand cœur généreux, face au méchant de service, invité pour encaisser les coups.

La question est humanitaire, monsieur Zemmour, et puis c’est tout. Pourtant, je me souviens avoir assisté à un colloque de démographes à Paris dans les années 1980. L’un d’eux avait été très clair : les données démographiques et les masses humaines en jeu font que les migrations ne sont pas une solution. On va voir pourquoi.

Dans l’état actuel des choses, il y a trois aspects principaux dans ces monstrueux déplacements de populations. L’aspect humanitaire, surtout mis en avant par les gentils, qui ne se lassent pas de montrer leur immense générosité, tout en échappant aux suspicions d’être « d’extrême droite » dans des pays où règne désormais le régime de terreur idéologique. L’aspect économique avec des grandes entreprises demandeuses de nouveaux esclaves pour accroître leurs marges et avec des patrons qui voient l’opportunité d’agrandir leur fortune personnelle. Et enfin l’aspect idéologique avec le projet de créer un sous-prolétariat mondialisé, déraciné et abruti.
Qu’y a-t-il de vertueux dans tout cela ? Moins que rien, surtout si vous ajoutez ce qui se passe réellement en Afrique, en particulier. Sans la perspective d’émigrer pour les plus jeunes et les plus toniques, sans l’argent envoyé à leur famille par les exilés, les peuples d’Afrique en détresse se soulèveraient pour renverser et chasser les régimes pourris qui les maintiennent en pauvreté ou en misère.

Au bout du compte, il y a une réalité très simple et qu’on n’entend jamais, cachée sous les larmes humanitaires et les arguments économiques falsifiés. Si demain, l’Afrique nous envoie en quelques jours ou quelques semaines 5 millions de migrants, cela ne résoudra en rien les problèmes de l’Afrique ni d’aucun pays africain. En revanche, cela suscitera des difficultés insurmontables dans les pays où arriveront ces migrants. C’est cela, la seule réalité. Elle nous arrive, en quelque sorte, à petite dose. Mais la dose, visiblement, ne fait qu’augmenter.

Il ne s’est encore rien passé à Lampedusa, mais bien sûr, cela peut changer. Il vaudrait mieux.

Didier Blonay