Sur mon marque page, un lion fier et ces quelques mots de Périclès: « il n’y a pas de liberté sans courage ! ». Combien cette affirmation me semble d’actualité aujourd’hui, face au fanatisme qui nous a été largement montré ces derniers jours. Le monde libre est à la croisée des chemins…. Doit-il céder à la pression des rues musulmanes et particulièrement à la violence de celles du Pakistan qui nous mettent devant une des réalités de l’islam.
175.000.000 d’habitants, la bombe atomique ; il faut reconnaître que nous avons là l’exemple abouti de ce que peuvent donner des années d’enseignement d’un Islam radical dans des milliers de mosquées et d’application rigoureuse des règles de la charia, et ça n’a rien d’engageant! Si les violences ont été contenues dans d’autres pays, y compris le nôtre c’est au prix d’un déploiement policier important. Le monde libre va-t-il céder à la pression des fanatiques ? Vont-ils nous interdire le droit à la caricature? Vont-ils dorénavant dicter leurs lois du bien et du mal ? Va-t-on les laisser nous imposer ce que nous devons penser du prophète et de l’Islam ? Oui on peut être impressionnés par les manifestations, par leur violence, oui on peut céder à cette peur là et faire taire définitivement Charlie Hebdo, déjà victime d’un attentat, mais ce monde là n’est pas le nôtre.
Dans notre pays de liberté on ne bâillonne pas la pensée. Qui, par exemple nous empêchera de débattre de Jésus, de scruter sa vie à la loupe ? Nombreux ne s’y sont-ils pas essayer ? Etait-il réellement le fils de Dieu ou bien simplement un opposant à l’empire romain ? Combien de films l’ont mis en images, voire l’ont caricaturé, au risque de choquer les croyants ? A-t-on mis le monde à feu et à sang pour cela ? Des chrétiens du monde entier demandent-ils aujourd’hui la mise à mort des artistes, des cinéastes des humoristes ? Non ! Et là est toute la différence entre les terres d’islam et la nôtre.(1)
Savoir, connaissance, esprit critique, volonté de débattre de la réalité des grandes figures historiques, mais aussi dérision, liberté créatrice et humour: c’est ce cap que doivent franchir l’ensemble des peuples musulmans s’ils veulent passer définitivement dans le camp, qu’il est absurde de présenter comme celui du bien, mais dans le camp des hommes et des femmes libres. Faut-il laisser encore du temps à ces croyants et à cette religion qui a finalement 7 siècles de retard, sur les progrès faits par la pensée critique occidentale ? Peut-être, mais pas sûr si l’on mesure l’acharnement des plus radicaux à vouloir aujourd’hui, dans notre pays et partout, user d’une violence extrême pour museler nos cerveaux, et vouloir ramener sur le devant de la scène internationale l’idée du blasphème tombée aux oubliettes françaises depuis des lustres (2). Avec l’héritage des Lumières notre pays est en avance et nous nous devons de défendre ce Patrimoine de la Pensée ! Trop de gens sont morts pour nous assurer cette ouverture d’esprit, il serait dramatique et mortel de revenir sur ces acquis-là sous la pression de forces religieuses obscurantistes quelles qu’elles soient !
Si l’Islam veut prospérer dans notre pays, il doit faire avec notre histoire et notre mode de vie et il doit évoluer, c’est une condition sine qua none. Le peuple de ce pays, qui accueille les musulmans en grand nombre, est libre-penseur, frondeur, il caricature, il rit, même de la religion. Le puritanisme religieux n’a plus cours en France. Notre pays est la terre de Rabelais, de Diderot et de bien d’autres. On ne change pas un peuple joyeux, et en grande partie athée, on ne change pas son histoire, on n’efface pas ses combats. C’est le pays de la musique, de la danse, des plaisirs, de l’humour et de la création artistique. C’est le pays où peintres et sculpteurs ont excellé et excellent encore dans l’art de la représentation des corps nus. C’est le pays du vin et de la gastronomie sans interdits…. C’est donc un autre monde que celui de l’Islam où, toute joie, toute vie, tout plaisir sont soumis à autorisation et sous contrainte religieuse.
La France c’est une Histoire, du Courage : c’est à prendre ou à laisser ! Face à la montée obscurantiste, j’espère que les forces de gauche au pouvoir, en qui je voudrais croire encore, vont percevoir la gravité du moment, qu’elles ne tourneront pas autour du pot, comme si elles marchaient sur des œufs. Elles doivent comprendre ce qui se joue réellement aujourd’hui et, comme Périclès et bien d’autres résistants français à d’autres moments cruciaux de notre histoire, se rappeler qu’il n’y a pas de liberté sans courage !
Chantal Crabère
(1) Le peuple tunisien avait dû se mobiliser suite à la violence contre le film de Marianne Satrapi « Persépolis » projeté à Tunis. Dessin animé dans lequel la cinéaste donnait un visage à Dieu, n’en avait-elle pas le droit ? Quelle liberté alors pour les créateurs en terre d’Islam?
(2) On ne condamne plus le blasphème depuis le supplice du Chevalier De La Barre.