Anne Zelensky, présidente de la Ligue du Droit des Femmes, est demeurée une amie de Riposte Laïque. Elle fit partie de l’équipe de base, contribua durant des années à la réussite de notre site. Elle a choisi de s’éloigner de l’écriture, et de notre site, il y a quelques années. Des contributeurs de Riposte Laïque, comme Pierre Cassen, Pascal Hilout et Christine Tasin, entretiennent un contact régulier avec elle. Nous sommes donc ravis de proposer à nos lecteurs cet article qu’elle a écrit, pour le journal Causeur, au sujet de l’affaire Jacqueline Sauvage.
http://www.causeur.fr/sauvage-hollande-feminisme-grace-victime-41959.html
Manifestation place de la Bastille à Paris pour demander la grâce de Jacqueline Sauvage, janvier 2016. SIPA. 00739153_000001
Jacqueline Sauvage est certes victime, mais aussi responsable. La justice l’a condamnée, le prince l’a graciée. Mais cette grâce ne l’exonère pas de sa responsabilité. Du statut de paria, la femme battue accèderait ainsi à une quasi sainteté. Je ne partage pas la liesse de tout un secteur de l’opinion qui célèbre sa grâce. Et pourtant, je fais partie de ces féministes «historiques» qui ont fondé le premier refuge pour femmes battues en 1978 en France, le centre Flora Tristan, situé en ces années à Clichy-sous-Bois. Notre propos était double : désigner une violence impunie, et offrir une alternative aux femmes et enfants battus. Notre slogan était «S’en sortir». Dix ans plus tard, j’ai participé à la création de l’association SOS Hommes et Violences en Privé, qui allait ouvrir le premier lieu d’accueil des hommes qui battent leurs femmes. Il fallait boucler la boucle : on ne traite pas les victimes en ignorant les agresseurs. Mes collègues féministes, le nez sur le guidon victimaire, ont alors crié au scandale. Comment osais-je m’occuper des «bourreaux» ?
Or, il y avait une logique dans ma démarche : la violence est une partition qui se joue à plusieurs. Au-delà des deux solistes, il y a tout l’orchestre qui joue le tempo ancestral du «bats ta femme…». Alors, désigner la victime est déjà un pas considérable que nous avons franchi dans les années 1970. Mais impossible de camper ad vitam aeternam là-dessus. Il fallait continuer sur cette lancée d’interpellation de la violence domestique en braquant le projecteur sur l’homme. Considérer les deux partis est une démarche véritablement féministe, s’en tenir à l’une d’elle relève de la seule victimisation.
Le féminisme, en stagnation
Jacqueline Sauvage nous y renvoie. Tout se passe comme si sa responsabilité était à nouveau évacuée. Les juges avaient tenu compte de cette responsabilité en la condamnant, fut-ce excessivement. N’est-elle pas en effet responsable d’avoir supporté tant d’années ces violences atroces, et surtout de les avoir laissé subir à ses enfants ? Peu importe les raisons qu’elle ait eu de rester. Il y en avait encore plus pour partir. Il y a en France désormais, des dizaines de refuges pour femmes et enfants victimes de violence.
Le cas de Jacqueline Sauvage nous met face au basculement qui doit maintenant s’opérer. Après avoir utilement désigné les femmes comme victimes, le féminisme doit les inviter à la responsabilité. Si j’accepte d’être pour quelque chose dans ce qui m’arrive, je peux avoir une prise dessus. Les féministes en place continuent à maintenir les femmes dans leur statut de victimes, tout comme la gauche dédouane les immigrés de toute « faute ». Au maternalisme des unes, répond le néo-colonialisme des autres. Les néo-féministes cumulant les deux.
Le féminisme est aujourd’hui en phase de stagnation. Enfant frileux et anémique des années 1970, il est bloqué sur le ressassement des slogans de ce temps-là. Assaisonnée de l’incontournable sauce antiraciste qui dénature la saveur si forte et originale du festin de Babette, concocté par des générations d’amazones. Les néo féministes nous servent un brouet insipide qui désole nos papilles nostalgiques. Quel est donc ce mal qui tel un phylloxéra ravageur, ronge l’arbre tout entier ? Quel est ce mal qui a coupé le sifflet créateur du féminisme ? Sans doute l’air du temps qui n’est pas à l’invention. Mais surtout le bel envol des années 1970 s’est écrasé sur le mur des réalités. Et nos féministes de se réfugier dans le giron paternaliste des politiques labellisées. Gauche ou droite, il faut choisir son camp. Et les poncifs qui vont avec…
L’égalité oui, mais quoi faire ?
Gare aux chevauchements suspects. On a vite fait de vous expédier au goulag de la pensée incorrecte. Alors ça donne à peu près ce qui suit. A gauche, pour ces dames, la priorité c’est l’étranger. L’homme étranger, pas la femme qui va avec. En effet, chez lui, là-bas, l’homme immigré exploite, marie de force, excise… Mais ces dames ferment les yeux là-dessus. Par contre pas touche à mon migrant, à l’occasion violeur ou agresseur, ça fait le jeu du Front national. Et puis ce n’est pas sa faute, il est en manque sexuel. Cela me rappelle les petits gars de la Gauche prolétarienne qui recommandaient à leurs copines en 1970 de soulager la misère sexuelle des immigrés. Elles se sont retrouvées au MLF. Pour nos féministes de gauche, le mal absolu, c’est le mâle blanc.
A droite, à l’inverse, tout le mal viendrait de l’islam qui nous tire en arrière tous voiles dehors. Nous aurions ici conquis tous les droits. Reste à les appliquer. De ce côté, on plaint beaucoup le mâle blanc, le pauvre, malmené par 50 ans de féminisme.
Pour nous résumer, à droite comme à gauche, on materne. Le vent est à la déresponsabilisation. Selon le camp, ce seront les femmes toujours victimes. Ou les hommes, suivant le côté de la Méditerranée où on se place.
Le féminisme doit revisiter les thèmes anti-sexistes et les replacer dans une vision d’ensemble. L’égalité oui, mais quoi faire ? Pour en rester là ? Ou bien pour, femmes et hommes mis à niveau, s’engager ensemble dans la refondation d’un monde où la domination ne ferait plus loi. « Ce qui libère la femme libère aussi l’homme », écrivait Simone de Beauvoir.
Cela implique que les hommes aussi se responsabilisent, et réfléchissent au rôle qui leur est imparti. Ni Superman ni lavette. Tout simplement compagnons des femmes sur le chemin de la rude condition humaine.
Anne Zelensky
Anne Zelensky est incontestablement une femme formidable, réfléchie et honnête, qui a l’art de remettre les pendules à l’heure sans concession. Beaucoup de femmes feraient bien de se souvenir que c’est grâce à des femmes comme elles que nous avons acquis certains droites, aujourd’hui en grand danger d’être remis en question … comme Simone de Beauvoir nous en avais avertis
Merci infiniment Anne pour cet article qui nous fait du bien.
Excellent….ravie de vous lire…..je me pose tjrs cette question ‘ comment rester avec un type qui vous maltraité pdt 47 ans’..alors qu,elle n à pas de statut de femme du peuple dépendante, …femme responsable homme responsable citoyen responsable..?c était avant…..
@ Be cool
Il me semble aussi que c’est une bonne question mais je n’oublie pas de considérer que le fait qu’elle demeure en suspens ne signifie pas qu’elle n’a pas de réponse.
Je sais par expérience personnelle, parce que des gens se posent des questions sur mon propre cas et ne tardent pas à émettre des jugements lapidaires faute de réponse à la portée de leur réflexion, que nombre d’hypothèses dans ce genre de situations restent inaccessibles aux personnes qui ont eu la chance de ne pas avoir un parcours trop torturé. Ils ne sont simplement pas en mesure d’envisager ces prisons invisibles qui privent de latitude en dépit des apparences.
Peut-être aurait-elle mérité de finir sa peine, mais le doute doit profiter à l’accusé ; il se peut aussi qu’elle eût déjà largement bien payé.
Bref, cette pauvre Jacqueline Sauvage n’ a même pas l’ excuse d’ avoir été sous l’ emprise de son sale c.nnard de bonhomme. Non, si elle a été battue, c’ est de sa faute! Elle l’ a bien cherché, quoi. Etrange analyse de mme Zelenski qu’ on a connue plus inspirée. Si vous en êtes à recueillir les malheureux hommes violents..
Pour résumer, on a ici d’ un côté des femmes se désolidarisant de J.Sauvage par rivalité féminine, et de l’ autre, des machos batteurs de femme, paniqués à l’ idée que l’ affaire Sauvage puisse faire jurisprudence? Ah, ben si on ne peut plus tabasser tranquille maintenant!
Oui, il faut que ça cesse avec cette affaire mais reconnaissons que cet article de A Zelensky est d’une autre teneur que l’article un peu hystérique de ” Caro Ah là là ma chère ” qui est bien plus à l’aise depuis hier à propos des frasques de JC Lagarde, le sinistre et nuisible président de l’UDI islamophile…
http://saintdenislabauneump.blogspot.fr/
Bordel, mais foutez-lui donc la paix à cette bonne femme ! De toutes façons, sa vie est un immense dépotoir… ça ne vous suffit pas ?
Je suis désolée Mme Ségurane, mais on a la vie qu’on s’est forgée. Et le fait qu’on en parle autant c’est que cette grâce, sur le fond, a choqué beaucoup de monde.
Et cela ne vous dispense pas d’être polie.
Commentaires d’un sage :Désolé Miss Pamtam, mais à l’odeur frénétique qui se dégage de vos propos futiles, “vous prenez votre vessie pour une lanterne ” ( expression consacrée par les maitres du ZEN)
Traitement : De toute urgence pensez à toute heure du jour à vous récurer les pensées…
Merci Anne pour ce brillant article qui remet les choses à leur place, cela fait du bien.
Violence sur les femmes ! C’est toujours le plus faible qui prend ! On doit la protéger, la femme.
Violence des femmes ! C’est toujours le plus faible qui prend ! On doit le protéger le petit qui aimerait voir à quoi ressemble le soleil dans un ciel limpide !
A quelle époque la femme concevra-t-elle ce lien ? Entre la violence qu’elle subit et celle qu’elle donne !
ha non, certainement pas, les femmes sont fortes et indépendantes, elles peuvent faire tout ce qu’un homme peut faire, elles sont même préentes dans l’armée et les sports de combats violents tels que l’ufc et le mma, égalité réelle devant les tribunaux maintenant!
Et aussi il serait bons que les femmes paient les pensions alimentaires! EGALITE!!!
L’opinion publique a-t-elle réagi contre la sévérité envers une femmes autochtone et la laxité envers les « racailles » allochtones ? quand l’opinion publique n’a pas une bonne opinion de la Justice, c’est grave !
Marie France Hirigoyen, Psychiatre et victimologue,est à l’origine de la loi sanctionnant le harcèlement moral, grâce à ses livres sur la violence au quotidien.
Elle prend systématiquement le parti de la femme en décrivant l’homme harceleur comme un “pervers narcissique” …
Or, je prétends qu’il existe des femmes “perverses narcissiques” tout aussi dangereuses et contre lesquelles il n’y a aucun autre échappatoire que de … foutre le camp au plus vite et au plus loin, pour éviter de devenir fou et donc vulnérable et donc forcément coupable un jour ou l’autre …
Superbe article.Exactement ce qu’il faut comprendre et dire après cinquante ans de féminisme et de guerre stérile contre les hommes.
Blancs de préférence, ceux qui accueillent, soignent, éduquent, sécurisent , et ne s’autorisent pas les dérives d’autres peuples.
Ceux mis pourtant toujours en accusation., face à l’ écrasante posture de victimisation des femmes qui ne résout rien et sépare tout.
L’affaire Sauvage comme toutes affaires “passionnelles” est très compliquée à démêler…Hollandouille ne l’utilise que pour finir son mandat en “beauté”!
j’admets que cette dame a semble t’il, attendu bien trop longtemps pour se révolter,surtout avec les prédations sur ses filles de la part d’un mari abject. mais je crois qu’au vu des circonstances connues et du fait de l’acharnement des magistrats (d’habitude si prompts à faire libérer des ordures : des traoré,kouachi, abdelslam de tout poil) Cette femme Française emporte l’adhésion de la population qui vomit ces juges taubiresques et murdesconstistes, qui se gargarisent comme des prélats totalement décomplexés de leurs verdicts au service de la pensée unique!
Merci Anne, pour ce superbe et imparable rappel.
Ne jamais frapper une femme c’est la règle … SAUF SI ELLE VEUT TA PEAU.
Bienvenue au 21eme siècle
Si elle avait eu un bon avocat, il n’y aurait pas eu ce battage autour de l’affaire Sauvage.
Quant à juger ce qu’elle a enduré ou ce qu’elle aurait dû faire, il n’y a qu’elle qui pouvait savoir ce qui se passait dans son foyer.
La justice des hommes est-elle au-dessus de tout soupçon ?
Je regrette qu’elle ait mis si longtemps avant de se décider de flinguer cette ordure. Mais je ne la juge pas. Personne n’a le droit de juger une personne qui commet un crime dans ces conditions spécifiques. Personne.
Alors si vous ne jugez pas ne traitez pas la victime d ordure .il n est plus la pour se défendre vous avez un certain toupet quand même
en effet ! en tous cas , moi je la condamne , car attendre 47 ans pour appuyer sur la gachette , écoutez donc les voisins qui la connaissent bien cette forte femme .. Et puis , que savez-vous de ce qu’endurent les enfants de la violence de leurs parents , de l’aliénation mentale , du chantage affectif ? ET LES GOSSES BORDEL ? Vous voulez que je vous en parle , MOI , de la détresse , de la souffrance , du mal-être des enfants , de leur désir d’en finir parfois , de tuer ! J’en aurais un paquet à vous raconter . Cette sauvage est une MANIPULATRICE