Je persiste : les violences policières augmentent

Qui a oublié de raisonner ?

J’ai failli en pleurer de rire. « Vos sources, vos sources ! », ai-je lu chez certains commentateurs. Faut-il qu’ils soient bêtes. Qu’ont-il donc entre les deux oreilles ? Je croyais que c’était un cerveau, soit un organe qui permet de raisonner. Et à partir de quoi raisonne-t-on généralement ? 1. D’après des faits qui, ajoutés les uns aux autres, permettent de se faire une idée de ce qui pourra arriver. 2. D’après des modèles existants, soit des événements similaires dont l’Histoire est remplie. 3. Ou parce qu’on est dans le secret des dieux, mais là, mes amis, peu de gens sont montés à l’Olympe de Jupiter ou au ciel intermédiaire de Philippe. Je me suis donc contentée des deux premières procédures, faits et modèles. Les faits sont nouveaux, certes, et c’est leur accumulation qui nous indique la direction que risquent de prendre les prochains événements. Quant aux modèles, ils sont connus (sinon, vous en conviendrez avec moi, ce ne seraient pas des modèles).

Procédure 1, les faits. Ils sont innombrables pour montrer une violence policière GRANDISSANTE. Des milliers circulent sur Internet et il faut vraiment vivre dans la préhistoire pour les ignorer. Adultes tabassés, lycéens tabassés, vieux agressés jusque sous leurs fenêtres, un nombre colossal de bombes lacrymogènes dont le fracas résonnait toutes les deux ou trois secondes, un fleuve d’eau dans les rues (qu’on ne vienne plus nous parler d’environnement car ce gâchis est insupportable), des blessés par dizaines, des morts… mettez-vous sur les réseaux sociaux, allez sur Internet, regardez les vidéos au lieu de jouer aux étonnés. Ce qu’il faut retenir des faits, avant tout, c’est que la violence policière s’intensifie. La question méritait donc d’être posée : où cela entraînera-t-il le bon peuple de France ? À quel point la répression aura-t-elle raison – ou non – de lui ? Il va de soi que Jupiter, qui n’est jamais que le valet des oligarques, refuse de comprendre la grande colère du peuple de France et que le mouvement des Gilets jaunes, s’il tient la route, va ruiner son projet de déferlante africaine islamiste sur la France (enfin, plus exactement, le projet de ses maîtres). D’aucuns, autour de lui, parlent d’instaurer maintenant l’état d’urgence, soit l’interdiction de manifester, de se réunir, de dire ce qu’on pense, de se déplacer librement, avec l’armée et la police présentes dans chaque rue pour contrôler le bon peuple. C’est très, très violent. Et l’on sait bien qu’un état policier peut pratiquer la pire des violences sur les individus privés de toute protection. On l’a vu en Argentine au temps des généraux, en Grèce au temps des colonels, en URSS au temps de Staline, en Allemagne au temps d’Hitler, et les exemples sont légion. Pour ceux qui doutent encore d’une violence policière de plus en plus inquiétante, j’ai relevé au hasard sur Internet des articles de tous bords accompagnés de vidéos, bien que les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux soient plus parlantes, mais là, c’est difficile de donner les liens. Donc, je soumets les liens suivants, vous pouvez en rajouter à loisir :

http://www.wikistrike.com/2018/11/gilets-jaunes-repression-a-la-reunion-voici-un-temoignage-inquietant.html

http://www.bvoltaire.fr/quand-laurent-nunez-vend-la-meche/?mc_cid=707658d8cd&mc_eid=1c86744038

https://www.lemonde.fr/societe/video/2018/12/03/gilets-jaunes-tabasse-par-des-policiers-un-jeune-homme-temoigne_5392150_3224.html

https://reporterre.net/Face-aux-Gilets-jaunes-l-escalade-des-violences-policieres

https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/gilets-jaunes-le-parquet-de-paris-ouvre-une-enquete-sur-le-passage-a-tabac-d-un-jeune-homme-par-des-policiers-samedi_3083297.html

https://www.revolutionpermanente.fr/Avec-le-1er-decembre-la-repression-des-gilets-jaunes-a-franchi-un-cap

https://www.revolutionpermanente.fr/Non-aux-violences-policieres-Le-communique-des-personnels-mobilises-du-lycee-Simone-de-Beauvoir

https://www.revolutionpermanente.fr/Un-eleve-a-eu-la-joue-dechiquetee-par-un-tir-de-flahsball-des-violences-inacceptables-contre-les

https://www.revolutionpermanente.fr/Mehdi-21-ans-sauvagement-tabasse-par-la-police-Je-ne-faisais-que-filmer

https://www.revolutionpermanente.fr/Marseille-Une-octogenaire-decedee-apres-avoir-recu-une-grenade-lacrymogene-en-plein-visage

https://www.revolutionpermanente.fr/Lucie-blessee-au-flashball-Ne-vous-etonnez-pas-si-les-gens-apprennent-a-se-defendre

https://www.revolutionpermanente.fr/A-Tours-des-lyceens-mobilises-reprimes-violemment-par-les-forces-de-police

https://www.revolutionpermanente.fr/8-points-de-suture-apres-un-coup-de-matraque-a-la-tete-Le-temoignage-de-Romain-gilet-jaune

https://www.revolutionpermanente.fr/Du-jamais-vu-Plus-de-5-000-grenades-contre-les-gilets-jaunes-soit-1-par-minute

https://www.revolutionpermanente.fr/Violences-policieres-Ma-vision-de-la-France-a-change-je-suis-choquee-mais-j-y-retournerai

https://www.revolutionpermanente.fr/Merci-a-M-Macron-et-ses-CRS-pour-m-avoir-detruit-le-pied-Le-temoignage-d-Antonio

https://www.revolutionpermanente.fr/Ces-Gilets-Jaunes-gravement-blesses-par-la-police-dont-les-medias-ne-parlent-pas

https://nordpresse.be/premieres-violences-policieres-marge-de-mobilisation-gilets-jaunes/

https://www.franceculture.fr/societe/violences-policieres-un-phenomene-grandissant

https://tendanceclaire.org/article.php?id=all&keyword=Violences-Polici%C3%A8res

http://www.ricochets.cc/Exemples-de-repressions-policieres-contre-des-Gilets-Jaunes.html

http://www.rfi.fr/france/20160407-quand-police-recense-violences-policieres-recensement-acat

https://www.humanite.fr/violence-policiere-peut-rien-contre-eux-604212

https://rue89bordeaux.com/2018/12/cagnotte-gilet-jaune-bordelais-defigure-tir-de-flashball/

https://twitter.com/obs_violences?lang=fr

https://www.franceinter.fr/societe/violences-policieres-une-histoire-francaise

https://npa2009.org/communique/gilets-jaunes-lyceenes-cest-le-pouvoir-qui-est-violent

https://www.lemonde.fr/violences-policieres/

https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/10/05/ouverture-d-une-enquete-pour-violence-policiere-apres-la-diffusion-d-une-video-par-un-rappeur_5365352_3224.html

Bon, j’arrête là, on peut en faire des pages et des pages.

Procédure numéro 2 : les modèles. Et tant qu’à aller en chercher, même s’il y en a dans d’autres pays, autant regarder les nôtres. J’avais proposé trois modèles : les révolutions sous Louis XVI, Charles X et Louis-Philippe et me suis vu opposer des remarques du genre « tout le monde aimait Louis XVI » ou « Louis-Philippe ne fut pas un dictateur ». Hors-sujet, hors de propos, à côté de la plaque, alors, une fois n’étant pas coutume, je propose un petit cours d’Histoire afin de justifier mes propos. Car oui, ce sont bien des modèles, qui obéissent à un même mécanisme et que nous risquons fort de retrouver dans les semaines à venir. Vous m’excuserez, mais c’est un résumé très succinct.

Acte 1 : les peuples qui fermaient leur gueule commencent à exprimer leur mécontentement et manifestent, mais les gouvernants font la sourde oreille.

Acte 2 : les gouvernants se radicalisent, n’entendent pas lâcher du lest et envoient leurs troupes.

Acte 3 : les peuples, écœurés, ne veulent rien lâcher non plus, car leur survie est en jeu, et les gouvernants jouent l’intimidation. Bras de fer.

Acte 4 : les peuples s’organisent, se trouvent des chefs et passent de la révolte à la révolution.

Acte 5 : les tyrans sont renversés.

Voyons ce qu’il en fut pour chacun des cas mentionnés plus haut.

Louis XVI

L’origine est une quadruple crise ; économique, car de mauvaises années agricoles se sont succédé. Financière, car il n’y a plus d’argent dans les caisses de l’État. Politique, car noblesse et clergé veulent une part du pouvoir. Et sociale, car on ne supporte plus les privilèges. Le mécontentement est grandissant.

Acte 1 : en 1788, le 8 mai, la troupe, venue exiler le parlement de Grenoble révolté, reçoit des tuiles du haut des toits et doit se replier. Le 21 juillet 1788, dans le château de Vizille, les représentants dauphinois des 3 ordres invitent les provinces à s’unir contre le despotisme et réclament les états généraux que, finalement, Louis XVI convoque à Versailles pour le 4 mai 1789 afin de leur demander… des sous. Le 17 juin, les députés du tiers état se proclament assemblée nationale puis  tiennent tête au roi.

Acte 2 : le roi, poussé par son entourage, appelle de nouvelles troupes à Versailles et tente d’intimider l’assemblée, cassant tous les arrêts du tiers et menaçant de dissoudre les états généraux, mais dès son départ, les députés du tiers continuent leurs travaux comme si de rien n’était et l’envoyé du roi se fait dire par Bailly que « la Nation assemblée ne peut recevoir d’ordre » et par Mirabeau : « Nous sommes ici par la volonté du peuple et on ne nous en arrachera que par la puissance des baïonnettes ». Le roi fait venir des régiments étrangers.

Acte 3 : le 12 juillet, Camille Desmoulins appelle à s’armer et des émeutes secouent Paris. Le lendemain, les armureries sont pillées. Le 14 juillet, on prend aux Invalides 40 000 fusils et 12 canons et on se rend à la Bastille.

Acte 4 : la Révolution s’organise, se trouve des chefs… (1789-92)

Acte 5 : … et se débarrasse de son roi. (1793)

Charles X

Le frère de Louis XVI et de Louis XVIII est un “ultra” qui veut revenir au pouvoir absolu des rois et aux privilèges. Or, comme aujourd’hui, le peuple ne veut plus de privilèges. Très vite, il publie une loi sur le sacrilège, rétablit la censure (comme cela, pas de fake news, n’est-ce pas ?), licencie la Garde nationale qui s’était rangée aux cotés du peuple sous la Révolution, veut rétablir le droit d’aînesse et essaie d’imposer le catholicisme. Tout n’est certes pas gris (arts en particulier, culture…), mais ce que retient le peuple, c’est sa volonté de retour à l’Ancien Régime, notamment par les 6 ordonnances du 25 juillet 1830 qui visent à renverser la Chambre dans laquelle est arrivée une majorité de libéraux.

Acte 1 : les Parisiens se soulèvent contre ce coup anti-constitutionnel et construisent des barricades.

Acte 2 : le roi envoie ses troupes commandées par Marmont.

Acte 3 : le peuple ne cède pas, l’émeute se transforme en insurrection.

Acte 4 : Charles X et sa famille s’enfuient.

Louis-Philippe

L’origine est toujours la même : une grave crise économique doublée d’une crise de confiance dans des institutions plus ou moins corrompues, avec de nombreux scandales (scandale Teste-Cubières, Choiseul-Praslin, etc), et un mécontentement grandissant que le pouvoir refuse de prendre en considération.

Acte 1 : non écouté, le peuple gronde son mécontentement, des livres sur la Révolution sont publiés (Lamartine, Louis Blanc…), on critique les nouveaux privilèges qui se sont mis en place, on procède à des actes symboliques (saccage de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, émeute à l’enterrement du général Lamarque et même complots contre le roi), manifestations et grèves, puis émeutes au Faubourg Saint-Honoré.

Acte 2 : le roi interdit les réunions publiques, le peuple contourne l’interdiction par des banquets… politiques, et ceux-ci sont également interdits.

Acte 3 : des centaines d’étudiants et d’ouvriers se dirigent vers la Chambre des députés le 22 février 1848, l’occupation militaire de Paris est instaurée, Paris encerclé, les soldats et la Garde nationale représentant environ 70 000 hommes. Le 23 février, plusieurs quartiers de Paris sont investis par les manifestants. Mais ceux-ci obtiennent le soutien des gardes nationaux, comme quoi, quelquefois, l’armée protège le peuple et non ses tyrans.

Acte 4 : le roi lâche du lest, change de Premier ministre, ce qui calme provisoirement la situation, mais un incident imprévu entre un manifestant et un officier provoque des tirs de l’armée, on relève 53 morts, du coup on pille les armureries, on édifie environ 1 500 barricades…

Acte 5 : … et le roi, plus intelligent que Macron, abdique. Il aura évité un bain de sang. Tout dépend donc du comportement de celui qui gouverne.

Et je ne parle pas des révolutions extérieures, toutes sur ce modèle.

Macron

Porté au pouvoir par l’oligarchie mondiale avec l’aide des journalistes aux ordres des mêmes maîtres, sur fond de mécontentement après la catastrophe présidentielle de Hollande. Impôts et taxes les plus élevés d’Europe, sans retour de services au peuple, avec une corruption éhontée. Et crise migratoire dont on ne savait pas encore que ses proportions deviendraient gigantesques. Arrivée au pouvoir par l’élimination bien concertée des opposants politiques, sur fond de prévarication bien mise en scène ou sur fond de fausses accusations de nazisme.

Acte 1 : le mécontentement populaire gronde vite, mais nul ne l’entend. Le président se donne le surnom de Jupiter et n’en fait qu’à sa tète, gaspillant à tous vents les impôts arrachés aux Français. Le peuple, mécontent, use des réseaux sociaux et d’Internet pour faire savoir sa colère. En vain. Et finit par se révolter sous la forme de la mobilisation des Gilets jaunes.

Acte 2 : le président ne lâche rien, annonce qu’il poursuivra son programme d’augmentation des impôts et d’invasion migratoire, prend des lois liberticides (loi sur les fake news), envoie les CRS accueillir les manifestants au lieu de leur ouvrir l’Élysée (qu’il n’ouvre qu’aux drag-queens et autres déchets), annonce qu’il n’écoutera personne…

Acte 3 : le peuple non plus ne lâche rien, tient bon sur ses positions, est décidé à gagner la bataille.

Actes 4 et 5 : À votre avis, compte tenu de tout ce qui précède, quels seront-ils ? Ça vous suffit comme démo, ou vous êtes encore bouchés, les insulteurs ?

Louise Guersan