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Je suis un dictateur : j’ai interdit à une élève de téléphoner pendant un examen

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Dans le cadre professionnel, j’ai été amené à surveiller un examen d’une matière fort éloignée de mon domaine de compétence, examen concernant des étudiants. Mais cela met toujours un peu de beurre dans les épinards, en ces temps de forte inflation, cela n’est vraiment pas négligeable.

L’épreuve est assez simple, d’une durée relativement courte (deux heures). Dès le début, je constate que cela bavarde dans un autre domaine que celui concernant le sujet de l’examen. Je me lève, rappelle que le silence est exigé durant l’épreuve. Certains élèves me regardent, effarés, pensant que je sors d’une autre époque voire d’un autre monde. Ils comprennent néanmoins qu’ils doivent se calmer et ne s’occuper que de la matière dont ils passent l’examen.

Au bout de trois quarts d’heure, je constate qu’une élève n’écrit pas, je me lève, je viens à elle et elle m’explique alors qu’elle a terminé. Je jette un coup d’œil vite fait à sa copie qui m’apparaît bâclée, un peu comme une rédaction d’une page, mais bon, ce n’est pas mon problème. Je lui explique qu’elle doit attendre encore un quart d’heure avant de pouvoir partir, elle me regarde, très déçue. De quel droit vais-je lui voler ce quart d’heure de sa vie ?

Et c’est là que le surréel surgit, elle prend son téléphone portable, appelle une de ses connaissances et entame une conversation. Je me lève, lui intime de raccrocher même si elle ne parle pas fort. Elle me reproche de ne pas l’avoir laissée terminer. Et ses voisins de table me disent que l’appel était important. Peu importe pour moi, il était surtout importun ou inopportun, il pouvait de toute façon attendre quelques minutes. Je lui rappelle que c’est tout simplement interdit pour des raisons de possibles tricheries même si ce n’est pas le cas ici, l’élève n’écrivant plus. Elle me regarde comme un dangereux dictateur qui abuse clairement de sa position. Lorsque je décrirai par la suite la situation au professeur de la matière concernée, il me confirmera que j’ai évidemment bien fait d’intervenir.

C’était une chance pour la France, qui se comportait en examen comme si elle était chez elle ou en train de faire ses courses, l’examen étant à ses yeux une activité de loisir comme les autres, qui nécessitait certes un peu de travail mais pas plus d’une demi-heure.

Je tiens à préciser que j’avais déjà surveillé les mêmes classes il y a deux ans et que je n’avais rencontré aucun problème de ce type, même à un moindre degré. Je me suis rappelé les examens de ma jeunesse et je me suis dit que nous aurions été exclus si nous n’en avions fait que le quart.

Voilà à quoi peut ressembler un examen en 2023 en France. Ce qui explique en partie pourquoi les diplômes ne valent plus rien.

Platon du Vercors