Comparaison entre l’attitude de Riposte Laïque et de Respublica lors de la présidentielle

Je sais que certains rédacteurs de Riposte Laïque, dont son créateur, Pierre Cassen, sont issus du journal en ligne Respublica. Je suis lecteur de ce journal en ligne, qui se réclame de la gauche républicaine, depuis 2003. Je connais donc parfaitement les clivages qui ont amené la séparation, après les présidentielles de 2007. Pierre, qui signait les éditos sous le nom d’Evariste, n’avait pas accepté les pressions de la direction de l’Ufal, et du président de l’époque, qui lui demandaient de faire campagne contre Sarkozy, et donc d’appeler à voter Ségolène Royal. J’ai compris, à lire les deux revues, que les divergences étaient plus larges. Pierre et ses amis pensaient qu’il fallait rassembler les républicains et laïques de gauche et de droite, quand Teper, le président de l’Ufal, et les siens militaient pour un mur de Berlin entre la gauche et la droite. D’autre part, les fondateurs de Riposte Laïque voulaient cibler prioritairement l’islamisation de notre pays, quand les francs-maçons ufaliens voulaient renvoyer dos-à-dos les disciples du prophète et les autres religions. Il me semble que la scission était inévitable, et même saine, et je pense que Pierre a eu raison de s’en aller, et de fonder, avec ses proches, Riposte Laïque.

Mais c’est surtout la conception de la démocratie qui est interpellante, quand on regarde les deux revues. Je me souviens, quand l’ami Cassen était rédacteur en chef de Respublica, que lors des présidentielles, il avait ouvert un débat très intéressant, permettant au lecteur de trancher en toute connaissance de cause. Je n’ai pas oublié – chose inconcevable dans le Respublica actuel, totalement normalisé – qu’il avait donné la parole au couple Catherine et Jean-Marie Kintzler, qui appelaient à voter pour… François Bayrou. Je sais qu’Hubert Sage avait également la même analyse, et avait expliqué que la seule manière de faire péter l’UMPS et d’empêcher l’élection de Sarkozy était de voter pour le candidat du Modem.

On peut ne pas être d’accord avec cette analyse, mais elle avait le mérite de faire réfléchir les lecteurs, et de ne pas les prendre pour des imbéciles sommés de respecter une consigne de vote venue d’en haut.

Je me souviens également de ce débat à l’émission “La Ligne Jaune”, ou Pierre Cassen et Anne Zelensky étaient opposés à Bernard Teper, considéré par le gourou de l’Ufal et de Respublica, et à la Caroline Fourest belge, Nadia Geerts. Quelle différence de ton, entre la parole libre de Pierre et de Anne, et le dogmatisme sectaire de leurs adversaires !

Cinq années plus tard, la comparaison entre les deux revues est intéressante. Respublica est redevenue une espèce de Pravda, qui ne parle laïcité que pour multiplier les offensives contre l’église catholique. Rien sur le halal, rien sur Mohamed Merah, rien sur la possible venue de Qaradawi, et tout pour l’islamo-collabo qui regrette la victoire de Charles Martel à Poitiers, pour lequel ils appellent à voter. Par contre, une pétition politicienne contre le concordat d’Alsace-Moselle.

Riposte Laïque donne la parole à nombre de ses lecteurs, et, dans l’esprit de Respublica en 2007, ne donne aucune consigne de vote. Quand je compare les deux revues, l’une me fait penser à la Pravda, l’autre à l’esprit de Voltaire.

Je remercie encore les animateurs de RL d’exister, d’aimer la confrontation démocratique, et d’offrir aux républicains une autre perspective que la prose soviétoïde de leur ancien journal, qui a perdu, sans surprise, plus des trois quarts de ses lecteurs depuis 2007.

Bernard Bayle

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