Jean-Baptiste Santamaria : Pourquoi nous vaincrons l'islam, qui n'est fort que de nos faiblesses

Riposte Laïque : Peux-tu expliquer à nos lecteurs, en quelques mots, ton étonnante situation dans l’Education nationale, depuis plus de dix ans, et les derniers événements qui viennent de t’arriver à Lunel ?
Jean-Baptiste Santamaria : Il y a une douzaine d’années j’ai réagi en salle des professeurs, par l ‘affichage d’un libelle, aux méthodes staliniennes des progressistes et droit de l’hommistes. Notre région (Languedoc Roussillon) était la seule où la droite libérale avait fait alliance avec le FN. Les lycées étant financés par la Région, un des élus siégeait de droit au conseil d’administration de ce lycée à Lunel.
J’y étais professeur de philosophie. Militairement le SNES, la FCPE et certains élèves embrigadés empêchent l’élu (par ailleurs FN) d’entrer et d’exercer son mandat. A l’époque mon parcours politique sensibilisé par la lutte contre les totalitarismes m’avait conduit à penser que le fascisme ne constituait pas un danger dans la période actuelle, que le FN n’était pas un parti fasciste et qu’aujourd’hui l’anti-racisme et le droit de l’hommisme dans le prolongement du stalinisme constituait le “danger principal”, ce que Finkielkraut appellera le communisme du XXI° siècle.
Au nom du libre exercice par un élu de son mandat j’ai dénoncé ces agissements totalitaires. L’éducation restait un des fiefs de la Gauche traditionnelle. Celle-ci était orpheline du prolétariat et était en cours de transfert de l’anti-fascisme à l’anti-racisme. Maintenant les méthodes et les intérêts sociaux sous-jacents de “reductio ad hitlerum” de toute contestation.
Immédiatement, je suis l’objet de rumeurs dans la presse aux ordres (négationnisme, croix gammées sur les copies et j’en passe, déclarations d’élèves disant que depuis qu’ils m’avaient ils ne savaient plus ou étaient le bien et le mal…interrogation qui est le but même de cette année de Philo) et de “mobilisation” des bien-pensants.
La communauté juive de Lunel et Montpellier et même de Paris (pieds-noirs d’Algérie, notamment le fils de l’historien Georges Bensoussan) se mobilise en ma faveur. Daniel Bensoussan (alors au CRIF et ayant mené une lutte contre la chaîne Al Djezira) écrit au rectorat et les anti-racistes prennent alors la voie plus vague de l’extrême-droite avant que d’inventer le nouveau fourre-tout d’Islamophobe.
Je perds dans un premier temps le tiers de ma classe de terminale ES (les 2/3 votent mon “maintien”) et garde la totalité de mes autres classes dont une terminale Littéraire option cinéma, traditionnellement plutôt apprentis bobos. L’année suivante je suis déplacé à Lattes dans un lycée mais in-partibus, sans élèves. Alors que le professeur de terminale L (8 heures hebdo) est malade et la classe reste de longs mois sans professeur , moi dans la salle vide à côté…
Suivent dix ans de placard complet ou de balayage de Bibliothèque ou au contraire de chevauchement sur deux lycées ou de suspension de salaire, menace de radiation sous les huit jours sans passage en commission ou d’envoi au fin fond du département dans le but de faire craquer la bête immonde. Je passe pudiquement sur les rapports de certains proviseurs, les communiqués de délation des “collègues” du SNES et toutes les petites vexations au jour le jour de la bureaucratie weberienne.
Je ne suis reçu ensuite qu’au bout de six ans au rectorat. On m’y dit que je n’aurai jamais de poste fixe, encore moins sur Lunel car ma présence dans un établisssement (je cite) constitue un trouble à l’ordre public. Enfin après dix ans, le médecin du rectorat me convoque et me suggère fortement de fournir un certificat médical.
Suivent deux ans de “longue maladie” administrative. Puis il me semble que s’opère un changement de cap sous le coup de ce que je crois un raté de la bureaucratie ou les besoins dus aux “tensions sur le marché” des professeurs disponibles… Le 2 Juillet je suis affecté sur un poste définitif dans un nouveau lycée à Lunel où je réside.
Je me présente à la rentrée précédé d’une campagne de dénonciation préalable menée par le SNES et la FCPE dans Midi-Libre et FR3 Languedoc-Roussillon. Malgré tout, les élèves prévenus de la toxicité de mes pensées, me font bon accueil et nombreux sont ceux qui interviennent sur le site de Midi-Libre en ma faveur.
Dix jours d’enseignement puis le proviseur – fort contrit au demeurant – me convoque et me signifie que mes classes me sont retirées immédiatement. Un obscur conseil médical a décidé que mon état de santé m’empêchait d’excercer. Mes élèves de terminale L et S option SI lancent une pétition pour ma ré-intégration sur le poste.
FR3 tente de désamorcer par une fausse nouvelle: je serais non viré mais “déplacé à Montpellier car en fin de mission”…
Riposte Laïque : Quel est ton regard, après un tel vécu, sur la réalité de l’Education nationale, et surtout, quelles solutions proposerais-tu ? 
Jean-Baptiste Santamaria : L’éducation nationale est un fossile. Elle est en retard sur le reste de la société civile. Durant deux siècles la gauche a mené un très bel effort militant sur ce secteur et en touche actuellement les dividendes. D’ailleurs, contrairement au credo économiciste libéral ou marxiste, elle a montré par là que la lutte des idées est centrale par rapport à la lutte dans les forces productives. Mais cette hégémonie est en chute libre.
Les solutions? Transférérer les tâches éducatives (à la famille, à des forces mixtes d’auto-défense, aux églises et j’en passe) et se concentrer sur l’instruction. Se borner dans celle-ci au basique (niveau de maîtrise du certif d’antan) jusqu’à 16 ans pour la plupart.
Restaurer les humanités et l’EPS au même niveau de sélectivité que les maths. Restaurer l’autorité et resanctuariser l’Instruction publique.
Riposte Laïque : Tu as un parcours des plus originaux. Tu as commencé à la Ligue communiste Révolutionnaire, tu as été syndicaliste CGT en usine, et tu t’es tourné vers ce qu’on appelle l’extrême droite, FN ou Identitaires. Peux-tu expliquer à nos lecteurs les réflexions qui ont pu t’amener à une telle évolution ?
Jean-Baptiste Santamaria : Après trois ans dans les troupes aéroportées j’ai intégré à 20 ans les IPES en Lettres à Montpellier. Séduit par l’imaginaire prolétarien je démissionne des IPES et entre en usine sidérurgique (j’étais un peu curé à l’époque…) à Usinor Dunkerque en 1975, première concentration prolétarienne de France où je vis les dernières grandes luttes du prolétariat d’avant le premier choc pétrolier.
– Délégué CGT de l’aciérie 1. Shell Chimie Aubette démarre une usine à Berre, avec mon CAP j’entre comme opérateur et fonde la section CGT que je dirige un peu moins de dix ans.
Voilà pour le parcours prolétarien. Mais les idées vertèbrent ma progression existentielle. Ecologiste et situationniste en 1973 si j’intègre le FCR puis LCR en 1975 c’est par souci d’efficacité. Dès le départ en désaccord avec la ligne majoritaire je cofonde la tendance B anti-trotskiste donc anti-léniniste.
Cette rupture d’avec le bolchévisme se poursuit par celle d’avec le marxisme puis ensuite d’avec toute référence au messianisme prolétarien. Cornelius Castoriadis est l’élément moteur de ces modifications. En bon cartésien je tire le fil : de Castoriadis à Merleau-Ponty puis Heidegger. Enfin j’arrive à Julien Freund, Jules Monnerot et à l’Espagnol Ortega y Gasset. Simone Weil et Hannah Arendt baliseront mon approche du déracinement, des limites de l’universalisme, du totalitarisme face au besoin d’identité. C’est là le noyau métaphysique de mes croyances c’est ce niveau que je crois déterminant.
La politique c’est à dire mon appartenance ponctuelle (“il n’y a que les huîtres qui adhèrent…” disait Valéry) n’est que le résultat d’un compromis pratique avec le réel et les organisations politiques qui apparemment le structurent (mais j’en suis de moins en moins certain). D’où mon appartenance ensuite au FN, au MNR au Bloc Identitaire comme autant de moments dans une démarche de combat de l’Ennemi (pour moi l’Islam ) et la poursuite de l’imaginaire occidental (le regard vide si bien décrit par JF Mattéi).
Riposte Laïque : Tu te présentes volontiers comme occidentaliste. Quelles valeurs mets-tu dans cette définition, et quelle place accordes-tu à la République une et indivisible dont se réclame notre site, et aux principes laïques ?
Jean-Baptiste Santamaria : Occidentaliste est un fourre-tout pratique. Pour me distinguer de l’extrême droite traditionnelle ou de la Nouvelle droite classiquement anti-américaine et anti-sioniste.
Bien sûr critique du modèle anglo-saxon en voie d’hégémoniser l’Europe je le rattache cependant à notre imaginaire traditionnel.
Pour moi le compassionnel protestant US, les droits de l’hommes comme le totalitarisme sont le fruit de notre histoire commune dont j’hérite en bloc. Et comme notre imaginaire implique (contrairement aux autres dans le monde) l’activité critique et réflexive… Je suis d’autant plus occidentaliste que je critique le consumérisme et le droit de l’hommisme (que je défendrais, bec et ongles, contre l’Autre).
Idem pour Israël que je considère comme une tribu européenne. En Israël vous voyez des manifs pro-Palestine, la réciproque n’est pas vrai.
La République et la Nation ne sont qu’un moment de l’histoire de nos peuples. Moments que je considère avec tendresse et fierté. Connaissant la folie prométhéenne de nos tribus je me doute que ces formes historiques sont caducques. Mais en tous cas, je les défends comme production de notre imaginaire occidental. Et bien sûr les transformations qui les affecteront doivent échapper à toute pression de l’Autre, l’Islam ou la Chine en l’occurence. Idem pour la laïcité déjà inscrite dans l’Aristotélisme ou les évangiles..
Riposte Laïque : Toi qui a eu un parcours politique mouvementé, comment as-tu ressenti l’apéro saucisson-pinard et les Assises sur l’islamisation de nos pays, où les Identitaires, à qui tu as appartenu, Riposte Laïque et d’autres ont uni leurs efforts, malgré des divergences assumées ? Y vois-tu une possible recomposition politique, et si oui, autour de quel projet ?
Jean-Baptiste Santamaria : C’est avec joie que j’ai vu trois courants s’unir à cette occasion, chacun avec ses spécificités, ses points forts de mon point de vue.
Renaud Camus s’y est exprimé avec sa vibrante pédagogie coutumière, le Bloc Identitaire a fait preuve de sa fonctionalité, son efficacité militante, Riposte Laïque a réinvesti toutes ces traditions de dialogue militant issues du meilleur du mouvement ouvrier.
Ma recomposition rêvée? La doctrine du parti de l’In-nocence (Renaud Camus), la fougue des Identitaires et son ancrage dans la jeunesse, la liberté de débat et la démocratie organisationnelle de Riposte Laïque issues de la tradition des groupes ouvriers anti-totalitaires et tout cela sur l’assise électorale de la Droite populaire et du FN….
Riposte Laïque : Les islamistes ne cachent plus leur certitude de conquérir la France et l’Europe, ils estiment que ce n’est qu’une question de temps, et de démographie. Crois-tu en un sursaut du peuple de France, et sous quelles formes le crois-tu possible ?
Jean-Baptiste Santamaria : Evidemment le combat contre l’Islam est bien engagé et nous en sortirons vainqueurs.
Tous les “indicateurs” de l’opinion de la société civile de nos contrées sont en adéquation avec nos conceptions résistancialistes. Nos peuples souhaitent conserver leurs us et coutumes qu’ils jugent bons ou du moins supérieurs aux principes de l’Islam.
L’Islam est fort de notre faiblesse, nous peuples policés d’Occident. Ces peuples ont connu des moments dans l’histoire des deux derniers millénaires bien plus délicats.
La lutte contre l’Islam implique donc un resaisissement qui passe par la restauration du primat du politique donc de l’encadrement de l’élite productiviste.
Bien sûr, des débats et des conflits auront lieu. Débats qui seront arbitrés, nous le souhaitons, par une élite intellectuelle que nos peuples et nos institutions continuent de produire en nombre et qualité. Débats sous la vigilance de ce peuple toujours mieux nourri,soigné et moyennement instruit et peut être pas plus mal éduqué qu’avant 14.
C’est ces débats qui agitent toute la société civile que ces courants mentionnés plus haut doivent mener dans la liberté de confrontation la plus totale.
Propos recueillis par Pierre Cassen

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