Le rêve fou de Chevènement : formation des imams et Institut d’islamologie (2/5)

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Lien vers le premier article de la série : Une Fondation pour le financement de l’islam de France (1/5).

Jean-Pierre Chevènement a précisé dans un entretien au Parisien, le 15 août dernier, quelles seraient les premières mesures qu’il prendrait à la tête de la Fondation pour l’islam de France : « La mission première de cette fondation est la formation profane des imams. Il faut leur enseigner ce qu’est la citoyenneté française, le cas échéant la langue française, les principes généraux du droit, en tout cas ceux régissant les rapports entre le culte musulman et les pouvoirs publics. Il s’agira aussi de promouvoir des projets culturels ayant pour but de faire mieux connaître la civilisation musulmane, laquelle, à certaines époques comme à la fin du premier millénaire, a brassé les cultures et a été une des grandes matrices du monde moderne. Il faudra aussi réfléchir à la création d’un institut de recherche profane en islamologie ».

Ce projet d’un Institut français de formation des imams est une vieille lune de Jean-Pierre Chevènement. Il préconisait naguère d’étendre le régime concordataire d’Alsace-Moselle à l’islam, d’y installer un institut destiné à former les imams de France tout en conservant la loi de 1905. On connaissait les franchises fiscales dans les paradis fiscaux, voici venir la franchise de laïcité en zone concordataire. Mais quand on demande au Che si l’islam menace notre identité il répond : « Nous définir par rapport à l’islam serait remettre en cause nos propres principes républicains. Nous devons appliquer et faire appliquer ceux-ci et prêcher l’exemple ». En somme les avantages d’un régime concordataire sans les contraintes de ce régime. Pour l’islam tout est à la carte : on opte au cas par cas tantôt pour la laïcité, tantôt pour le concordat ou pour aucun des deux c’est selon ce qui arrange le mieux l’islam !

Si dans le personnel politique l’on parle de concordat avec l’islam, à l’instar d’un Manuel Valls par exemple, c’est que le ver a été mis dans le fruit par Jean-Pierre Chevènement. Cependant, l’extension à l’islam du Concordat d’Alsace-Moselle exigerait une réforme constitutionnelle, il ne semble pas que ce soit aujourd’hui à l’ordre du jour. Pour mémoire voici ce qu’écrivait le Che en 2004 page 396 de son livre Défis républicains : « Avec le temps, j’en suis venu à la conclusion que la création d’un institut de formation à Strasbourg  était probablement la meilleure solution pour permettre une formation de haut niveau répondant aux critères républicains, et par conséquent payée par l’Etat. On criera au paradoxe : il faudrait donc utiliser des dispositions héritées du Concordat pour faire naître en France un islam respectueux des valeurs et des règles de la République ? Je retourne ce raisonnement : croit-on que la séparation de l’Eglise et de l’Etat ait pu s’imposer sans qu’au préalable aient dû être franchis plusieurs étapes, de l’Eglise gallicane de nos rois aux lois laïques en passant par le clergé constitutionnel et le Concordat napoléonien ? »

L’autre projet prioritaire, celui d’un Institut de recherche en islamologie (une autre vieille lune du Che), est plus que préoccupant pour la liberté de la recherche scientifique.

Jamais l’islamologie n’avait atteint le niveau de connaissance actuel, les découvertes sont légion, on sait maintenant beaucoup de choses sur la genèse du Coran, sur la naissance de l’islam, sur son expansion, et les mythes tels que « la douceur andalouse » sont démentis tous les jours par des chercheurs de qualité, chercheurs qui ont bien du mal à travailler. Jean-Jacques Walter qui a fait un travail remarquable sur le Coran révélé par la Théorie des Codes, travail profane par excellence, expliquait dans un entretien à Radio Notre Dame le 8 octobre 2013 qu’il n’avait pas trouvé de directeur de recherche à Paris et qu’il a été viré de l’université de Bordeaux à la suite du décès de son directeur. Ce serait Alain Juppé qui étant très ami de l’imam de Bordeaux a demandé au doyen de ne pas prendre de thèses qui pourraient chagriner les musulmans. Tarek Oubrou est le « très modéré » imam de Bordeaux qui a écrit que Rome tomberait sans qu’il ait besoin de combattre et qui a dénié à Jean-Pierre Chevènement de pouvoir conseiller la discrétion aux mahométans.

Le 8 juin dernier, invité par Radio Courtoisie, Marie-Thérèse Urvoy présentait son livre Islamologie et monde islamique. Elle reconnaissait à ses éditeurs le courage d’avoir publié un livre au titre presque provocateur puisqu’il affirme l’existence de l’islamologie en France alors qu’il a été déclaré par le ministère de l’Intérieur et le ministère de l’Education qu’il n’y avait plus d’islamologie dans l’université française. Ceci pour encourager et financer à l’université une islamologie officielle.

Faut-il y voir l’influence du Che qui depuis longtemps plaide pour un institut d’islamologie ? Ministre, il avait travaillé sans succès à cet Institut universitaire des hautes études de l’islam. Avec Didier Motchane ils avaient envisagé de confier son lancement à l’Inalco (ex-Langues orientales). L’Inalco refusa craignant qu’on ne leur confiât la formation des imams. Il y eut également une tentative infructueuse avec l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess) laquelle ne souhaitait avoir aucun contact avec l’horrible ministère de l’Intérieur !

Voici ce qu’écrivait le Che à propos de ces échecs page 391 de Défis républicains : « Je le regrette encore, car il me paraît inconcevable que la France, puissance musulmane depuis deux siècles, ne soit pas capable de susciter une institution d’enseignement supérieur et de recherche digne de ce nom pour éclairer l’avenir d’un monde immense, peuplé d’un milliard deux cents millions d’hommes, au demeurant notre voisin et dont l’avenir commande en partie le nôtre. Les Louis Massignon, les Charles-André Julien, les Jacques Berque, n’ont certainement pas encore trouvé, au plan scientifique, par la connaissance des langues et des civilisations, et par l’humanisme profond ou la spiritualité qui imprégnaient leur démarche, la relève qu’ils méritent ».

Nous y voilà, le génial travail de faussaire de Jacques Berque destiné à faciliter l’entrée de l’islam dans la modernité n’a servi au final qu’à désarmer les non-arabisants (dont le Che) face à l’islam. Du Malek Chebel avant l’heure, certes d’un bien plus haut niveau ! Et avant Jacques Berque dans la généalogie de la mystification de haut vol il y eut le travail de l’inverti-pédophile Louis Massignon. Jean-Pierre Chevènement sous l’emprise du faussaire Jacques Berque sera le thème du prochain article de la série.

Pascal Olivier

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