JJ Bola, Nulle part où poser sa tête : Congo, non à la culpabilisation des Belges         

Comme tant de personnes à l’heure actuelle,  l’auteur cite « les dix millions de Congolais tués à cause de Léopold II ». Il n’insiste pas. Sait-il que la population de l’EIC (État Indépendant du Congo) à cette époque ne dépassait pas les dix millions, dont 2 000 Belges ?  Ce qu’il sait vraiment,  car il est plus que concerné, c’est comment vivent les 92 millions de Congolais à l’heure actuelle…

Originaire de Kinshasa, il a vécu sa jeunesse à Londres, une jeunesse triste car abîmée par le fait qu’il ne se sent jamais chez lui et, pire encore,  par une misère perpétuelle : malgré leur courage, leur travail, ses parents n’ont jamais de quoi vivre car la famille au pays crie famine et ils envoient tout l’argent qu’il est possible d’envoyer. Ils accueillent d’autres malheureux dans leur tout petit appartement.

On parle de la vie à Kinshasa, cette ville qu’ils ont pu fuir, et cette vie est tellement monstrueuse – massacres, pauvreté extrême, pillages et destructions –  que, enfant de la colonie heureuse, j’en ai été profondément choquée.

Je n’aurais jamais pu comprendre cette évolution sans avoir lu un livre particulièrement instructif de Maurice Droin, Guerres indigènes en Océanie. Guerres et décolonisation, qui nous montre que les colonisations ont malheureusement multiplié les populations locales grâce à la paix, paix complétée par l’hygiène, les écoles, les voies de communication, l’industrie et l’agriculture, populations incapables de gérer une augmentation aussi rapide après des indépendances accordées trop souvent à des irresponsables.

L’auteur s’exprime clairement et je ne résiste pas, copie un paragraphe :

En cette époque d’incertitude, trois sentiments dominaient. Le premier était la peur, car après avoir assisté pendant de nombreuses années à une dégradation de plus en plus importante, la violence croissante dans les rues, les femmes attaquées, les enfants maltraités, les gens volés, tout cela simplement pour survivre, en devant payer mille fois plus cher une miche de pain, on se sent projeté dans le vide, sans savoir ce que  sera le lendemain. Deuxièmement, la colère . Parce qu’une fois la peur un peu apaisée – elle ne disparaît jamais vraiment – une rage se réveille en vous et vous êtes obligé de prendre une décision : soit vivre ainsi et mourir, soit vous battre. Après cela, il y a l’espoir, généralement réservé à ceux qui ont soit une foi intense en une puissance supérieure, soit les moyens de s’échapper et de partir au loin. (p. 263)

Ma conclusion sera : quand cessera-t-on de  promettre des « compensations aux horreurs de la colonisation » à des gens qui viennent se plaindre en Belgique, gens qui n’ont pas connu la colonisation,  gens qui  vivent bien à l’aise, et ceci au lieu de mener des actions utiles en faveur de l’ancienne colonie ? Rappelons-nous qu’il a fallu 30 ans aux Chinois de Singapour pour passer de notre Moyen Âge aux temps actuels, cessons de dire que semblable évolution est impossible en Afrique !

Mia Vossen