JO 2024 dans le 93 : défi sécuritaire colossal après 40 ans de renoncement

Darmanin, après ses exploits remarqués au Stade de France, lors de la finale de la Ligue des champions Liverpool – Real Madrid, met cette fois la barre très haut pour les JO : protéger, dans le département le plus criminogène de France, 15 000 athlètes et 14 millions de visiteurs durant la grande fête sportive mondiale, que regarderont 4 milliards de téléspectateurs. Le défi est clair :

Soit le pouvoir parvient à maîtriser les hordes des cités habituées à faire la loi dans le département le plus dangereux de France, soit les JO se terminent en chaos sécuritaire en mondovision. 

Il aura fallu attendre les JO pour que l’Élysée se décide enfin à restaurer l’ordre républicain en Seine-Saint-Denis, abandonnée aux caïds depuis des lustres. On imagine qu’en sus du plan de bataille de l’exécutif, il faudra aussi “acheter” la paix sociale. Un pouvoir démissionnaire depuis quarante ans face aux malfrats, donc devenu leur otage, ne peut plus imposer, il doit aussi composer.

On se souvient que Darmanin, qui ose tout, avait exonéré ses petits protégés des cités, venus par centaines molester et détrousser les supporters britanniques et espagnols. Les coupables étant, selon lui, les supporters eux-mêmes.

Le rapport de l’UEFA ne fait pas dans la dentelle. “Nombreux actes de vols avec violences…commis par 300 ou 400 individus très mobiles…des délinquants venus en bande agresser des supporters assimilés à des touristes vulnérables.” “Un désastre.” Une inspection de 2015 avait souligné que “les attaques contre les supporters de football par des groupes locaux étaient un problème général pour la France”.

Belle réputation, mais parfaitement justifiée vu la démission des autorités, tétanisées par ce département hors de contrôle. Le terreau criminogène du 9-3, voilà plus de 30 ans que le pouvoir le cultive par un laxisme coupable.

La Seine-Saint-Denis, c’est une zone de diversité ethnique où se côtoient 130 nationalités, avec des tensions permanentes entre la police et les communautés. Depuis les émeutes de 2005, aucun gouvernement n’a eu le courage de restaurer la sécurité dans le département. Tous ont peur d’un embrasement au niveau national.

Tous les voyants sont au rouge. Entre 2021 et 2022, les coups et blessures volontaires ont explosé de 15%. La Seine-Saint-Denis, c’est 37 agressions par jour en 2022, avec un sentiment de peur généralisé. 25 614 vols contre les personnes y ont été recensés. 800 000 étrangers, dont 200 000 clandestins, y évoluent, provoquant des rixes souvent sanglantes, “qui se terminent au hachoir ou à la machette”.

C’est donc ce chaudron qu’il faut sécuriser. 1 094 opérations de police ont commencé à assainir les lieux. Forces de l’ordre, justice et sociétés de sécurité seront mises à contribution dans des proportions jamais vues.

Craignant des vagues d’agressions sur des touristes les poches pleines, notamment les Asiatiques, les autorités tentent de sécuriser les sites des Jeux tout en évitant de stigmatiser la Seine-Saint-Denis, qui véhicule une image des plus déplorables. Filtrages serrés, vidéo-protection et présence de 22 000 agents de sécurité au plus fort des besoins sont prévus.

Tout le monde joue gros. “Ce qui s’est passé au Stade de France ne peut plus se reproduire”, assène-t-on au QG de la Préfecture de police de Paris. Le “nettoyage” des poches de criminalité avant les JO est en marche. Les points de deal sont démantelés. Tous les commerces illicites sont traqués.

Apparemment, la délinquance reflue jusqu’à moins 50% dans les zones traitées.

Comme quoi, la sécurité est une question de volonté politique, quelle que soit la faune qu’il faut mettre au pas.

Espérons que l’organisation de ces JO 2024 ne se soldera pas par un désastre sécuritaire aux yeux de toute la planète.

Mais si tout se passe bien, malgré l’ampleur du défi, il est à craindre que, dès le lendemain, l’État se replie dans son renoncement permanent et sa démission coupable, laissant à nouveau la population à la merci des malfrats.

Le courage et la volonté politiques pour la seule durée des JO, ce n’est pas ce qu’attend le peuple, écœuré par des décennies de laxisme judiciaire qui ont détruit son quotidien.

(source : Le Figaro)

Jacques Guillemain