J’ose demander des circonstances atténuantes pour Jonathann…

Lorsque j’ai entendu parler de cette si éblouissante joggeuse pour la première fois, j’ai été frappée par son incroyable ressemblance avec sa mère. Jonathann-avec-deux-n aurait tout aussi bien pu épouser Isabelle, le sosie, la réplique parfaite de sa si lumineuse épouse.

Je tiens à préciser que ce crime est affreux, que cette petite blonde devrait encore vivre et jogger tous les matins le cœur léger, téléphoner trois fois par jour avec sa maminette, prendre le café chez ses parents, caresser Happy son chat (Imaginez donc : vous saviez si Sarah Halimi avait un chat, un chien ? Vous connaissiez le petit nom de l’animal ?). Un simple divorce aurait suffi à la jolie banquière ! Je suis persuadée qu’elle aurait eu le talent nécessaire pour s’emparer de la meilleure part.

Alexia Daval : “lumineuse”, “brillante”, “aimante”, volontaire, ravissante, sportive, blonde comme les blés, indépendante, avait devant elle un avenir plein de promesses. Alexia, la gracieuse, envoûtante, elle nous étouffe. I can’t breath.

“Alexia était souriante, aimante. C’était notre lumière, notre joie de vivre Malheureusement, Jonathann nous a éteint la lumière, celle du bonheur et de la sérénité. Nous sommes désormais en mode veilleuse” “Imaginez ma difficulté d’être devant vous à la barre, pour parler de ma fille disparue, du meurtre de ma fille. „

Personne en France ne peut ignorer qui elle est. On nous en gonfle, on nous en abreuve du matin au soir. Elle me gave grave, la mater dolorosa (laissez-en pour les autres, je vous en prie) …. À Niort se tient depuis 4 semaines un procès devant la cour d’assises dont personne n’entend parler (des marginaux jugés pour 4 meurtres sordides). Ni petit chat, ni accessoires sexy, le silence.

L‘Est Républicain, lui, nous régale du « cinquième épisode de la série consacrée à l’affaire Daval“. Podcast | Les grands crimes de l’est Affaire Alexia Daval : que faut-il attendre du procès ? (5/5)

Je précise que je ne regarde quasi jamais la télé, je préfère les échecs et aime me plonger dans la Recherche du Temps perdu, ce passage-ci, par exemple, m’arrache des larmes : « L’amitié, l’admiration que Saint-Loup avait pour moi, me semblaient imméritées et m’étaient restées indifférentes. Tout d’un coup j’y attachai du prix, j’aurais voulu qu’il les révélât à Madame de Guermantes. J’aurais été capable de lui demander de le faire. » . Je feuillette aussi avec plaisir le petit Robert…

Que ceux qui considèrent que Jonathann-avec-deux-n est un cruel sanguinaire passent à un autre article, je vais m’en faire son avocate et exiger les circonstances atténuantes.

Qui a entendu parler autant, avec une telle répétitivité, du meurtre de Sarah Halimi ou de Simone Barreto Silva? Qui connait le nom de famille (et même le prénom) du petit garçon de 8 ans qui a été poussé sous un train à grand vitesse par un invité de la chancelière ?) Vous ?

Aujourd’hui, c’est Alexia Attitude pour toute la France. Marie Lausch, 23 ans, avait-elle un animal de compagnie ? Mathias Dymarski, 22 ans, avait-il mangé du fromage fondu le soir de son assassinat ? Connaissez-vous le petit nom du Setter de Marie Mosser, 24 ans et d‘Anne Cornet, 29 ans ? Tous de l’âge de l’héroïne du nouveau feuilleton. Tous pourtant cruellement assassinés par des monstres. En France. A Paris.

“Je suis prête. J’ai préparé un texte”, proclame l’éreintante Isabelle F. Mais bien sûr, Isabelle, je m’en doutais. Vous ne pouviez pas la fermer, pour une fois ?  (Entre nous, j‘espère toujours que les mesures anti-coro draconiennes l’en empêcheront). La génitrice avait annoncé dès l’ouverture du procès son intention d‘interpeller directement son ex-gendre, de le faire craquer et de lever les dernières zones d’ombre du drame.

Audition d’Antoine Tracqui, le légiste qui a autopsié la victime : il a mis à mal la thèse avancée par les parties civiles d’un viol post mortem de la jeune femme par Jonathann-avec-deux-n. (Déjà qu’elle le poursuivait quelques minutes avant du haut en bas de la maison pour exiger une séance de copulation matrimoniale et qu’il n’en avait pas la moindre envie !) Il a également écarté l’hypothèse d’un empoisonnement.

Il y a quelques semaines, le procureur dénonçait un « scénario machiavélique ». Jonathann-avec-deux-n, l’époux, qui a avoué après avoir longtemps nié – et on le comprend – aurait eu une « intention mortifère ». La maison du couple a été fouillée : sextoys, photos, caméscope… les objets dérobés ne manquent pas de surprendre les médias. Tiens ? Moi pas. Le pauvre Jonathann-avec-deux-n avait bien besoin de stimulants pour honorer efficacement le sosie de sa belle-mère. Il affirme avoir refusé un rapport sexuel à sa femme (si lumineuse, si aimante) qui, en retour, se serait montrée violente, lui reprochant de “ne pas être un homme“. Alexia, “violente en paroles et en actes”, “l’humiliait”. Il dit l’avoir “étranglée” et “frappée pour qu’elle se taise”. Circonstance atténuante, votre honneur.

Bien entendu, l’image d’une Alexia dominatrice révulse Isabelle qui redoute que la défense la charge au procès. Comment cet homme calme et effacé, modeste, peureux, sans passé judiciaire aurait-il pu rouer de coups puis étrangler son épouse sans avoir été poussé à bout ? Circonstance atténuante, monsieur le président.

Car imaginez donc un instant, le pauvre mec, nettement complexé, plus petit et moins futé que sa conjointe si lumineuse, si euphorique, flamboyante, avide de câlins, si guillerette, si tout, qui est poursuivi chez lui vers minuit – après une orgie de raclette et de vin blanc – par le sosie de sa belle-mère qui exige un rapport sexuel ! Je rêve… Il y a de quoi péter les plombs. Il fallait décamper, Jonathann-avec-deux-n, le plus vite possible. Rentrer chez maman, avaler un doxylamine, dormir et foncer chez un bon avocat dès le matin.

 

C’est à ce moment précis qu’il aurait dû se tailler,  le jeune marié

Il a menti, Jonathann-avec-deux-n ? Mais bien sûr… en tous cas, moi, si j’avais trucidé un mari qui aurait exigé de moi des prestations sexuelles alors que moi, je n’avais qu’une envie, me replonger dans la Recherche (celle de Proust) à près de minuit et suite à un plantureux repas de fromage, je ne m’en vanterais pas. Je n’aurais peut-être pas enveloppé le corps de ma victime dans sa propre couette avant de l’incendier, mais j’aurais perdu tout le calme qui me caractérise et me retrouverais peut-être dans la cellule voisine du pauvre informaticien humilié, écrasé, aplati par une épouse ô si parfaite.

Je ne sais pas vous, mais je trouve qu’on dirait qu’il a les yeux rouges

Il pleurait, Jonathann-avec-deux-n, mais bien sûr qu’il pleurait. Il était amoureux de sa femme dominatrice, il admirait son bagout, ses performances sportives, il adorait caresser ses jolis cheveux blonds. Mais bien entendu qu’elle va lui manquer ! Ce n’est pas une raison !

Yvonne Chevallier, la femme bafouée, n‘a-t-elle pas exécuté son époux de huit balles de revolver ? Et Henriette Caillaux vengé l’honneur de son couple en supprimant froidement Gaston Calmette ? ET Bouthier ? Revenant de captivité, l‘homme avait découvert avec horreur l‘infidélité de sa femme Armandine, il s’offrit pour cinquante mille francs les services d’un tueur. On tue par amour. Oui.

Revenons à Mâm’ Fouillot. Vous qui êtes fan de télé, avez-vous compté les occasions à laquelle le pôv Jean-Pierre a pu ouvrir la bouche ? Elle le domine, elle le mate. Ça va mal finir…..A l’avenir, il vaudrait mieux éviter les raclettes, dans cette maison.

Anne Schubert

P.S. Leçon de grammaire, 3e tentative : le monde entier hait Trump, s’en moque, le ridiculise mais tout le monde a adopté son fameux « fake news » (Je ne peux plus l’entendre). La langue française n’aurait-elle pas d’équivalent ? Bon, je veux bien. Mais quand il n’y a qu’une seule « fausse nouvelle », merci de nous épargner le s final.