L'implantation des mosquées, victoire visible de l'islam en Europe

La présence accrue de musulmans sur le sol européen, jointe à l’idée qu’ils ont de leur religion et de ses exigences, a rendu nécessaire l’actuelle série de Séminaires de Dialogue consacrés à l’Islam, le Christianisme et l’Europe. Ainsi, lors de la séance du 29 mai 2008 qui s’est tenue au Parlement européen, une centaine d’élus et fonctionnaires des institutions européennes ou membres d’organisations et communautés religieuses, ont discuté de l’implantation des mosquées en Europe et, par suite, de la visibilité de la religion musulmane dans les pays de l’Union.
Quels qu’aient pu être les propos tenus lors de cette séance, celle-ci fut, en tant que telle, une victoire de l’islam en terre européenne, car sans l’islam en Europe, qui, en Europe, parlerait de religion ? Qui, sans l’islam, sacrifierait au lourd travail qu’implique l’organisation de tels séminaires ?
Que s’est-il donc dit lors de ce séminaire ?
– Que l’implantation des musulmans en Europe doit être vécue comme un enrichissement culturel.
Soit ! Mais dire cela, c’est dire implicitement que cette implantation n’est pas perçue comme telle. Pourquoi donc ?
– Que la visibilité de la religion dans l’espace public doit passer par le dialogue et la concertation.

Quel démocrate pourrait contester ce principe ? Mais ce principe ainsi formulé dit de façon tout aussi implicite qu’il n’y a ni dialogue ni concertation dont la religion musulmane se prévaudrait à des fins strictement laïques et républicaines. Si le contraire était vrai, pourquoi la visibilité de la religion dans l’espace public européen poserait-elle problème ? En d’autres termes, pourquoi l’implantation des mosquées en Europe susciterait-elle les résistances que l’on sait ? Bref, pourquoi l’islam, qui, comme toutes les religions présentes en Europe, est censé se cantonner dans la sphère privée, est-il devenu une affaire publique ? Comment une telle situation a-t-elle pu voir le jour dans les pays de l’Union, où sont garanties la liberté religieuse et la liberté de culte?
La réponse est dans l’islam, et dans l’islam seul, car l’islam refuse la séparation du spirituel et du temporel. Autrement dit, la spiritualité musulmane est « un tout qui est tout » : elle est religieuse et politique.
Construire un minaret, c’est d’une part matérialiser l’appel à la prière, d’autre part déclarer qu’un ordre nouveau s’impose désormais à l’Europe, car il n’y a pas, pour le musulman, de spiritualité digne de ce nom sans la relation acoustique à Dieu, comme il n’y a pas d’humanité digne de ce nom sans l’ordre musulman.
L’appel à la prière est la politique sonore de l’islam, comme le port du voile en est la politique visuelle ! Ces deux politiques en préparent une troisième, qui est l’islamisation complète de l’Europe !
Evidemment, ce n’est pas du tout ce qui a été dit lors de la séance du 29 mai 2008.
Qu’on en juge :
– Le député européen László Surján (PPE-DE, Hongrie), craignant que ne soient proscrits les signes religieux dans les lieux publics, nous a mis en garde contre la tentation de renvoyer les croyants « dans les catacombes », à l’instar de ce qu’ont vécu les chrétiens d’Europe de l’Est durant les 40 années de dictature communiste !
Monsieur le député a oublié simplement que l’Europe n’est pas, pour l’heure, une dictature !
Elle pourrait le devenir, certes, si d’aventure l’islam s’y imposait, mais cette idée ne saurait traverser l’esprit de ce Monsieur, chez qui les vertus de tolérance interdisent de penser la mosquée comme le seul cadre où le musulman est en droit d’exprimer son identité. Il suffit, en effet, qu’un musulman exprime son identité à l’extérieur de la mosquée pour qu’il porte atteinte aux valeurs de la République. Voilà pourquoi, n’en déplaise à ce Monsieur, l’Europe doit bannir tenues et signes religieux dans l’espace public !
– Mme Chantal Saint-Blancat, professeur de Sociologie à l’Université de Padoue, a reconnu que l’édification de nouveaux lieux de culte bouleversait l’espace urbain auquel nous sommes culturellement attachés, d’où les inévitables tensions entre musulmans d’un côté, riverains et autorités locales de l’autre. Mais elle s’est empressée d’ajouter que de ces tensions peuvent jaillir des opportunités, comme la reconnaissance mutuelle des communautés, l’occasion pour les musulmans d’assimiler le contexte sécularisé européen, ou encore la possibilité de transformer l’espace urbain en « arène d’expérimentation du pluralisme » pour nos sociétés multiculturelles.
Sait-elle seulement qu’il est des arènes où l’on se tue ? Sait-elle que tout n’est pas expérimentable, notamment dans le domaine de l’humain ? Sait-elle qu’à vouloir la quadrature du cercle, on n’a ni le carré ni le cercle, mais leur destruction respective ?
Comment ne pas comprendre qu’un islam sécularisé implique un impossible « Vatican II » de l’islam ? Que serait, en effet, un « Vatican II » de l’islam sinon la révision du Coran, c’est-à-dire un Coran sans versets anti-femmes, sans versets anti-juifs, sans versets anti-chrétiens, sans sourates guerrières ? Et que serait un tel Coran sinon tout autre chose que le Coran ? Quel musulman pourrait se dire musulman en obéissant à une autre parole que la Parole de Dieu ?
– La Révérende Berit Schelde Christensen, de l’Eglise évangélique luthérienne (Danemark), a rappelé que les religions contribuent à la cohésion de la société.
Ah bon ?
Que se passe-t-il alors en Irlande du Nord, entre catholiques et protestants ? Que se passe-t-il en Palestine, entre juifs et musulmans ? Que se passe-t-il à la frontière indopakistanaise, entre hindouistes et musulmans ? Que se passe-t-il en Irak entre chiites et sunnites, et même entre chiites et chiites ? Que se passe-t-il en Chine entre bouddhistes chinois et bouddhistes tibétains ?
Mais ce n’est pas tout : cette Dame considère que la construction de lieux de culte est importante pour accueillir la recherche de sens de nos concitoyens : « Il faut reconnaître – dit-elle – la quête spirituelle de chaque être humain ».
Qui n’entend ici la fameuse phrase du chef de l’Etat français selon laquelle « dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur » ? Depuis quand la morale laïque serait-elle inférieure à la morale religieuse ? Depuis quand le religieux détiendrait-il le monopole de la spiritualité ? Et quelle est cette spiritualité dont la valeur dénie toute autonomie dans le choix des valeurs ? Quelle conception de l’universel se font ceux qui appellent les croyants d’Europe à réfléchir à la manière d’utiliser le principe de transcendance pour participer positivement au bien commun ? Madame la Révérende ne sait-elle pas qu’une religion ne parle que d’elle-même, et plus encore qu’à elle-même ?
Que nous ayons à œuvrer pour le bien commun est une certitude ! Mais cette certitude implique le primat du politique sur le religieux, ou, si l’on préfère, de l’égalité des droits sur toute autre considération. Le contraire provoque les effets contraires, dont les plus graves ont pour nom « guerre civile » ou encore « guerre de religions ».
– L’imam Yahya Sergio Pallavicini, vice-président de la Communauté religieuse islamique d’Italie, a, quant à lui, plaidé pour le développement du pluralisme religieux, ce qui ne signifie pas autre chose que de plaider pour toujours plus d’islam en Europe ! Ma mère disait : « Pousse-toi de là que je m’y mette ! ».
Et pourquoi donc ce Monsieur ne plaide-t-il pas pour le pluralisme religieux en terre d’Islam ? Accepterait-il la construction d’une cathédrale et d’une synagogue à La Mecque ou à Médine, à l’instar de la grande mosquée et de la grande synagogue qui s’élèvent aujourd’hui à Rome ? Lui qui rejette « l’extrémisme religieux », pourquoi ne dénonce-t-il pas la loi algérienne adoptée le 20 mars 2006, qui punit d’une amende de 10 000 euros et jusqu’à 5 ans de prison « quiconque incite, contraint ou utilise des moyens de séduction tendant à convertir un musulman à une autre religion » ?
– Enfin, Monsieur Joël Privot, architecte et co-fondateur de l’Agence Expert-is, spécialisée dans les infrastructures de culte musulman, a présenté son approche dans la construction de lieux de culte : il s’agit d’associer habitants, autorités locales et membres de la communauté religieuse dans la conception et l’implantation des mosquées en contexte européen. L’intégration dans le cadre d’une démarche interculturelle passe, selon lui, par la construction de mosquées de haute qualité architecturale et environnementale, ouvertes et accueillantes pour les habitants des quartiers où elles sont construites.
Il n’y a là, évidemment, rien à dire, sauf qu’en construisant toujours plus de mosquées en Europe, on construit une nouvelle Europe, qui ne sera bientôt plus l’Europe des Droits de l’Homme, mais l’Europe des Droits de l’Homme dans l’islam.
Eh oui, si l’on parle aujourd’hui de l’implantation des mosquées en Europe, c’est parce que l’Europe d’hier était une Europe sans mosquées. La mosquée est donc un élément inédit de la future Europe, si future d’ailleurs qu’elle en devient futuriste au point de faire de notre propre terre une terre du passé.
Maurice Vidal

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