La colère de Marine : il fallait que ça sorte !
On en conviendra objectivement, ce débat du 3 mai a été brouillon et mal préparé par Marine Le Pen. Peut-être est-ce là la stratégie de son équipe de communication et comme je ne connais pas le brief, je n’en dirai pas plus. J’avais, également adopté la même position sur Riposte Laïque lors de la présentation du logo à la Rose Bleue, il y a quelques mois.
Durant tout le débat, le langage corporel de Marine Le Pen était révélateur. Les dossiers dans lesquels elle cherchait des infos – (alors que son tract contenait l’essentiel de ce qu’il y avait à dire, comme me le faisait remarquer l’une de mes amies) -, son stylo pointé parfois sur l’adversaire, sa position décontractée, à la fin, appuyée sur le dossier de son siège, ne donnait pas une image très présidentielle. Mais après tout, cela ne veut rien dire… Lors du débat des présidentielles, en 2012, François Hollande – « Moi Président » – fut d’un très bon niveau face à Nicolas Sarkozy et devint, aussitôt après avoir été élu, le président le plus nul de la Ve République !
Cela dit, sur la forme, le petit banquier, en face, n’avait pas plus l’allure d’un Président. Il ressemblait au responsable de mon compte, à la banque “schmoll” qui essayait, il y a quelques années, de me faire signer une caution personnelle. Et sur le fond, il fut souvent difficile de le suivre !
Hier soir donc, Marine frappait la première et mettait l’essentiel de ses arguments dans la force de son coup de poing : « Monsieur Macron est le candidat de la mondialisation sauvage, de l’ubérisation, de la précarité, de la brutalité sociale, de la guerre de tous contre tous, du saccage économique notamment de nos grands groupes, du dépeçage de la France par les grands intérêts économiques, du communautarisme, et tout cela piloté par Monsieur Hollande ! » Il fallait que ça sorte et c’est sorti. Tout était dit en peu de mots.
Le reste du débat visait à débusquer Macron. À le faire sortir de ses gonds. Cet objectif n’a pas été atteint. Cela étant, elle réussit à le faire paraître dans sa vraie nature, froide, cynique, péremptoire et, même s’il affichait une apparence tranquille, on le sentait également tendu. C’était certainement dû au fait qu’il craignait de se révéler, derrière l’énoncé des différents points de son programme, de trahir l’essentiel de celui qui étouffe nos compatriotes depuis tant d’années. L’effort cosmétique et le packaging étaient hier à leur meilleur pour nous le présenter à nouveau sous une forme plus séduisante, mais le contenu en est encore plus dur à avaler. Et « Lui Président », pour cela, n’a pas hésité à se parer de son plus beau sourire carnassier. Pour marcher sur le trottoir qui mène à l’Élysée, il faut connaître l’art du maquillage !
Emmanuel Macron préconisait ainsi, je le cite : « … des transferts de souveraineté avec, entre autres, la création d’un gouvernement économique et l’instauration d’un budget de la zone euro. Ce nouveau gouvernement pourrait assurer des transferts financiers entre Etats membres et emprunter sur les marchés, tout en promouvant les réformes souhaitables dans les états membres… » Il est certain que notre Chère Madame Michu, à Guéret, dans la Creuse, là où bat le cœur de notre France au plus profond de sa ruralité, ne va pas y trouver son compte en allant acheter son pain de deux livres ! Mais sur un plateau de télévision, avant le caviar et les petits-fours de la Rotonde, à Paris et devant Maman Trogneux, ça en jette !
Alors soit, Marine a été agressive, hier soir, mais bon Dieu, elle avait de quoi l’être ! Devant le boulevard offert à Emmanuel Macron depuis des mois sur les chaînes de télévision et les radios, devant la hargne que les journalistes affichent à son endroit depuis si longtemps, devant l’injustice des traitements qui lui sont réservés par les éditorialistes, elle avait toutes les raisons de l’être. Devant la morgue condescendante des acteurs corrompus de la vie politique et leur mépris le plus total pour les dix millions de Français qui la suivent, elle avait largement de quoi se mettre en colère face à l’individu qui, sans honte, racole sur les trottoirs de l’Assemblée, dans les milieux d’affaire et dans ceux du show-biz pour se construire une stature d’homme d’état.
Et puis, convenons-en également, elle a marqué positivement sa différence et a gagné du terrain sur le champ de la crédibilité, car tout le travail de redressement de notre pays ne pourra être valablement engagé que si le ménage est fait sur notre territoire, dans nos administrations et dans certaines mentalités qui sont autant de cancers qu’il faut éradiquer sans tarder. Sur ce point, s’agissant notamment de la question de l’Islam dans notre société, rien de constructif ne pourra être entrepris tant que ce problème ne sera pas réglé. Si nous devons être le premier pays en Europe à éradiquer la montée en puissance du communautarisme musulman et à mettre un frein définitif à l’immigration sauvage pour apaiser notre société, cela permettant de reconstruire notre tissu social sur de bonnes bases, ce sera déjà une grande victoire pour Marine Le Pen. Je reprends ici une phrase de Saint-Exupéry que j’affectionne particulièrement pour illustrer mon propos : « On n’hérite pas la terre de nos ancêtres, on l’emprunte à nos enfants. » Cette Terre, cette société, cette France qui souffre d’être abîmée, meurtrie dans sa chair sociétale par ceux-là même qu’Emmanuel Macron est allé honteusement draguer jusque dans la Kasbah d’Alger, nous nous devons de la laisser propre pour nos enfants et nos petits-enfants. Et chacun sait qu’une partie de ces gens-là ne sont pas les parangons de l’ordre et de la propreté, il n’y a, pour s’en rendre compte, qu’à se balader dans les rues de leur capitale abîmée aujourd’hui. Alors oui, il fallait que ça sorte au nom de toutes celles et ceux qui lui font confiance et qu’elle dénonce sans ambiguïté la collusion de son contradicteur avec les milieux musulmans en France et à l’étranger.
S’il ne fallait retenir qu’un point de ce débat, ce serait celui-ci car pour commencer un travail efficace de reconstruction de notre société et de son économie, pour présenter au Monde une image apaisée de la France, il est urgent de la nettoyer. Et le Karcher de Nicolas n’y suffirait pas. Il est nécessaire de la débarrasser de toutes les sources de déstabilisation qui l’entraînent aujourd’hui vers le déclin qu’Emmanuel Macron et tous ses complices de l’Extrême Gauche et de la Droite molle, de Jean-Luc Mélenchon et Robert Hue à Christian Estrosi, qui tous ont honteusement rejoint le panache bariolé du jeune banquier, veulent cacher sous une grande idée d’universalité contrôlée par la finance et le profit à tout prix. (S’agissant de Hue et des insoumis, on se bidonne !)
Et si la colère de Marine Le Pen a été perçue hier comme un manque de self-contrôle, il faut plutôt l’en remercier car il faut parfois savoir s’emporter pour ne pas se laisser emporter.
Jean-Louis Chollet