la dernière tentative du zombie Joffrin pour ne pas mourir

C’est un monde où les mots n’ont pas de sens, où la réalité n’existe pas, où les journaux n’ont pas de lecteurs. Ce monde, Laurent Joffrin le connaît bien : il y travaille ; ces zombies, il les connaît mieux encore : il en est un. Tous les matins, il se lève en se disant qu’il est en train de crever : sa prose morte n’intéresse personne, même gratuitement sur tablette numérique. Joffrin crève ; alors, de temps en temps, c’est naturel, il refuse son sort : il se débat, cherche de l’air, c’est-à-dire des coupables, sans voir que le seul coupable, c’est lui, ses mots menteurs et sa réalité voilée.

Sa dernière tentative pour ne pas mourir s’appelle « Réacs en culotte courte », et c’est publié par son fanzine subventionné[1]. Il commence par la lassante liste de ses chers coupables : depuis vingt-cinq ans qu’il la fait, cette liste (« Les néo-réacs », « La vague populiste », « La montée des extrémismes », etc.), il n’a jamais pu trouver plus de cinq ou six journalistes et de deux ou trois écrivains : Finkielkraut, Zemmour, Lévy, Camus, et une pincée d’autres. Ça le désespère, Joffrin, parce qu’il adore faire des listes, il adore amalgamer, il adore dénoncer ; et il aimerait bien se renouveler. Mais non : des noms, il n’en a pas d’autres. Dans ces conditions, c’est dur de faire croire à un complot des forces de la Réaction ; et pourtant, il y en a forcément un, de complot, puisqu’on ne le lit pas.

Alors, il s’est creusé la tête, et n’y a rien trouvé. En revanche, il est tombé sur le livre d’une consœur, Pascale Tournier, qui a inventé, aux coupables habituels, une « progéniture nombreuse et remuante ». Des « conservateurs “nouvelle génération” » ? Joffrin n’y avait pas pensé ! Les vieux réacs se sont reproduits ! « Jeunes et branchés, [ils sont] omniprésents dans les médias ». Comme on se doute qu’il ne parle pas de Yassine Belattar, de Rokhaya Diallo ni de Yann Barthès, que l’on ne voit jamais « dans les médias », on attend la liste – qui ne vient pas : Joffrin n’a aucun nom à livrer. Pourtant, ces gens existent, il en est sûr, il sait qu’ils ont « appris par cœur La Défaite de la pensée d’Alain Finkielkraut, médité les œuvres de Houellebecq, annoté fébrilement les chroniques de Philippe Muray », plutôt que de le lire, lui : on mesure le crime.

Ces jeunes réactionnaires sont obsédés par « la décadence des nations modernes, la fin supposée de la transmission, les menaces qui pèseraient sur l’identité du vieux pays, le spectre d’un islam conquérant, la crise d’une foi chrétienne qu’il faut restaurer, l’affaiblissement proclamé des traditions et de l’autorité, les apories de la société marchande, la solitude de l’individu lancé dans la revendication incessante de nouveaux droits au milieu d’un hédonisme consommateur, la perte du sens du devoir et des valeurs éternelles que sont la famille, la patrie, la hiérarchie des genres, la spiritualité chrétienne et le respect des ancêtres ». C’est à s’y méprendre : ça passerait, chez quiconque, pour une profession de foi. En effet, quoi de plus impossible à nier, par exemple, que l’« islam conquérant » ou « l’affaiblissement des traditions et de l’autorité » ? Retourner les propositions – l’islam affaibli et l’autorité conquérante –, c’est donner dans l’absurde, et c’est pourquoi cet inventaire ressemble à un aveu : Joffrin sait que son énumération est vraie, et que lui-même ment – seulement toute sa carrière est fondée sur ces mensonges : les reconnaître pour tels, c’est s’avouer sa mort.

Désespéré, il invente à ces jeunes gens une « pensée réactionnaire » à son image, publicitaire et démagogique, et non à celle, inquiète et esthétique, de Balzac, Flaubert et Baudelaire – puisque tous les grands écrivains ont été réactionnaires.

Joffrin est à bout de forces, à présent ; il lui en reste à peine pour calomnier Camus, en l’accusant, malgré l’évidence, d’avoir dit qu’« il y avait trop de juifs à Radio France » ; il le fait par habitude, par instinct, par profession : comme journaliste, il est calomniateur par essence. Il calomnie, donc ; ça fait passer le temps en attendant de mourir – puisqu’il n’y a presque rien à sauver – si peu qu’il préfère se saborder.

« Qu’est-ce que c’est ce bruit ? demandent ses non-lecteurs qui, depuis la rive, au sec, lisent Exorcismes spirituels.

— Rien, c’est Joffrin qui donne des coups de hache dans la coque. Entre deux listes, ça le détend. »

Bruno Lafourcade

Vendredi 30 mars 2018

[1] « Réacs en culotte courte », Laurent Joffrin, Libération (27 mars 2018).

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11 Commentaires

  1. La phrase préférée de Joffrin : “Je ne peux pas vous laisser dire ça”. Comprendre: “Je vais vous empêcher de parler par tous les moyens”.

    La devise de l’intellectuel gaucho, comme tous les idéologues sectaires: “Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, et je me battrai pour vous empêcher de le dire”.

  2. Dans la longue litanie des croque-mitaines fantômes inventés par les gauchos, voici donc les jeunes réacs, qui prennent la suite de la désormais obsolète et démonétisée “fachosphère”, autre concept imaginaire tellement vide de contenu qu’il n’a jamais pris

    A force d’inventer des moulins à vent à combattre pour détourner le regard des vrais problèmes, le trotskyste lambertiste Joffrin s’est complètement ringardisé.

    Il lui reste néanmoins un pouvoir de nuisance, dans la capacité qu’ont les gauchos comme lui à pourrir tous les débats auxquels ils prennent part, usant de toutes les techniques rhétoriques à base de mauvaise foi et de malhonnêteté intellectuelle pour empêcher les diseurs de vérités de développer leur pensée: coupure incessantes, diabolisation, anathèmes…

  3. Joffrin-Mouchard a de quoi être jaloux de Zemmour ( par exemple ) quand on voit les tirages en librairie des livres de ce dernier par rapport aux siens .

  4. En langage du corps ,la photo de Joffrin dit : je vous écoute mais ce que vous dites m’ennuie profondément . Voilà pourquoi je dois supporter ma tête qui travaille fort à digérer du vide .

    La prochaine fois que vous aurez cette attitude avec quelqu’un , finissez votre phrase et quittez , sinon vous en paierez le prix .

  5. Joffrin fait plus de plateaux -télés de ses petits copains qu’il vend de livres. Comme Glucksman et les autres. Son intérêt : nul.

  6. “Qui se sent Mouchard, qu’il se mouche” !
    Qui se sent Tricard, qu’il se couche !

  7. Tel le chien de Pavlov, le sieur mouchard bave, mais en plus se roule dans son pipi, dès que le mot islam est prononcé.
    Puis, il vocifère et montre son seul croc sur ses mâchoires édentées de vieux clébard en fin de parcours pour tenter de mordre les “réacs” fassiss-rassiss que nous sommes…
    Pitoyable mouchard !!

  8. “trop de juifs…” n’est ce pas là une déclaration susceptible d’être attaquée en justice et de passer devant la 17è chambre!

  9. Toute la racaille,gauchos de tous poils est mal en point,et ceux qui prétendent ou plutôt prétendaient la représenter ne vont guère mieux .L’islam est l’ennemi déclaré de la France,et ils hurlent sus au FN …RN .

  10. Laurent Mouchard vient de découvrir les néo-réacs et il va en crever d’impuissance : quel pied ! 😀

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