La discrimination positive dans les grandes écoles

M. Descoings est déçu, M. Sabeg est révolté, car les directeurs des grandes écoles ne veulent pas de quota.
Comment ne pas les approuver quand ils parlent d’égalité de traitement pour tous les candidats aux concours ? Comment ne pas acquiescer quand ils affirment craindre l’échec, y compris pour la recherche d’emploi, de ces élèves dont les résultats seraient suspectés de surévaluation ?
Mardi matin sur RTL, Éric Zemmour s’en est pris au patron de Sciences-Po et grand prêtre français de la discrimination positive. « Qu’importe, par exemple, qu’elle fasse naître au sein des classes sociales existantes de nouvelles castes, celle des gens qui ont eu accès à la voie privilégiée et celle, beaucoup plus large, composée de tous les autres, immanquablement renvoyés à un double échec : ne pas avoir réussi à accéder à la voie privilégiée et ne pas avoir, non plus, réussi via la voie « traditionnelle ». … En fait, Richard Descoings est à la confluence historique et idéologique d’une extrême gauche post-soixante-huitarde qui avait pour projet de liquider la culture bourgeoise, et d’une droite libérale qui veut livrer au marché des générations de consommateurs malléables parce qu’incultes. Il est à la fois le fossoyeur de l’élitisme républicain et l’idiot utile du capitalisme. Décidément, cet homme a tout pour plaire ! »
D’abord, une certitude : La « discrimination positive » (quel sabir !) à ce stade est bien trop tardive ! C’est en amont, dès qu’un élève est repéré comme candidat possible à l’élite de la nation, qu’il doit être aidé et surtout motivé, lui, sa famille et ses enseignants. C’est là que l’école doit jouer tout son rôle de compensation.
Ensuite, comment déterminer ces quotas ? Sur le critère de « minorité visible » ? Ce serait anticonstitutionnel et le restera, espérons-le : Il n’y a pas plusieurs sortes de français. Sur le critère du quartier de résidence ? Pas probant du tout, car les familles qui désirent vraiment que leurs enfants s’intègrent à la société française via l’excellence n’ont qu’un désir : fuir les ghettos économiques, ethniques et religieux.

Le mérite, la motivation, les résultats sont les seuls critères républicains. Encore faudrait-il que les enseignants continuent à pratiquer un minimum d’évaluation (Je pense surtout aux contrôles sur mesure des connaissances de ses élèves par chaque enseignant.) Encore faudrait-il qu’on donne aux bons élèves la possibilité de s’extraire du lot, d’avoir le spectacle d’autres réussites que la leur. Dans ce sens, la priorité donnée aux boursiers lors des dérogations de secteurs va dans le bon sens. Évidemment, c’est priver les écoles des quartiers difficiles de leurs bons élèves. Mais il faut savoir ce que l’on veut !
Et que veut dire « aider ? Ce n’est sûrement pas mâcher le travail aux élèves, y compris en leur suggérant les réponses. C’est, certes, mettre en avant la réussite (sans dévaloriser les autres, pas facile), mais c’est d’abord et avant tout être exigeant, rigoureux, ambitieux pour l’avenir. Pour réussir, il faut d’abord travailler et toujours travailler. Et on sait que les élèves issus des milieux moins favorisés ont encore plus d’efforts à faire que les autres.
J’ai connu, en d’autres lieux et en d’autres temps, le système des quotas scolaires, en particulier à l’entrée au lycée (Oberschule.) Un enfant d’ouvrier pouvait y entrer avec une moyenne de 8 ou 9, un enfant d’enseignant ou de médecin avec 15, un futur élève-officier y entrait automatiquement (C’était au professeur principal -il avait aussi un quota minimum- de persuader les parents de les faire s’engager !) Résultat : Des niveaux disparates nécessitant l’application de ces quotas tout le reste de la scolarité et de la vie professionnelle. Ceci pour arriver à des responsables incompétents, comme le régulateur de la centrale de Tchernobyl qui a accumulé en quelques heures toutes les erreurs et fausses manœuvres possibles.
Daniel Cabuzel
http://www.marianne2.fr/Zemmour-se-paie-l-intouchable-Descoings_a183358.html

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