La France a « l’Europe au cœur »… et le covid aux fesses

Ainsi monsieur Jean veut nous priver de boissons et de nourriture dans les trains que nous allons prendre en cette nouvelle année 2022. Mais c’est pour notre bien, annonce le zélé porte-voix du chouchou des pétochards, des rentiers et des agioteurs. Mourir du covid ou mourir de soif et d’inanition sur les trajets longue distance, voilà une question existentielle que devrait pourtant se poser notre matamore dont la riche expérience comme maire de Prades (6 000 habitants) et comme élu départemental des Pyrénées-Orientales, aurait dû contribuer à forger le caractère et à aiguiser le flair politique.

Natif du Gers, engagé dans une carrière politique sans éclat, Jean Castex fut affublé par ses compatriotes d’un sobriquet renvoyant à un célèbre acteur comique du Midi. Et de fait, dans le rôle du ravi de la crèche, il excellait et nous surprenait à chacune de ses interventions, surtout flanqué de son acolyte, le docteur Véran, chevalier à la triste figure. Manquait toutefois Salomon dont les diagnostics mortifères endeuillaient nos soirées télévisées de 2020. Depuis lors, Diafoirus a laissé pousser sa barbe et se tient coi.

Cependant, Castex, dont l’alarmisme prenait jusqu’ici l’air bonasse d’un vieux politicard blanchi sous le harnais, accent à couper au couteau en prime, durcit le ton, à l’exemple de son maître qui, pour séduire son électorat, ostracise les réfractaires au vaccin et les jette en pâture aux bien-pensants et aux tremblants. Terminées les grandes envolées sur le vivre-ensemble et le respect de l’autre, sur moi, président de tous les Français…

Pour Emmanuel Macron, l’année 2022 semble s’engager sous les meilleurs auspices, avec la présidence par la France du Conseil de l’UE pour six mois (du conseil, pas de l’UE, nuance). Aussi, à peine les douze coups de minuit du 31 décembre avaient-ils sonné que le président de la République faisait déployer tous azimuts les couleurs de l’Europe et retirer le drapeau tricolore de l’Arc de Triomphe. Et malgré la cérémonie au Panthéon où, main dans la main, Von der Leyden (l’Europe) et Emmanuel Macron (la France), voulaient faire croire à l’union sacrée et annonçaient de grands projets plus ou moins flous, Macron, en éliminant notre drapeau, avait montré où allaient son cœur et son idéologie. Pourtant, Ursula n’avait pas lésiné : « La voix de la France porte haut et fort. Et la France a l’Europe au cœur. » Les Français ne furent pas dupes. Du coup, dans la nuit, quelques petites mains macronistes remirent en place les trois couleurs.

Autre aubaine, le covid, car, savamment instrumentalisé, il est devenu la menace suprême, celle qui fait oublier toutes les autres pourtant beaucoup plus dangereuses : attentats, violences insécurité, immigration massive, communautarisme, déconstructionnisme, séparatisme, attaques systématiques contre les forces de police, paupérisation continue des plus pauvres et des plus fragiles, inflation, démantèlement du service public et, en guise de cadeau aux nouvelles générations, un endettement abyssal du pays.

L’épidémie a aussi le mérite d’asphyxier la campagne présidentielle pourtant déterminante pour notre avenir, mais l’essentiel pour le pouvoir n’est-il pas de remporter les élections pour mieux inféoder le pays à l’Europe et à la mondialisation ? Pour cela, une méthode infaillible : effrayer la population âgée qui vote massivement, au détriment des plus jeunes arbitrairement muselés et vaccinés (et qui ne votent pas ou peu), alors que selon de nombreuses études médicales, ils sont les moins en danger et les moins susceptibles de développer le covid. Porteurs du virus, sans doute, mais pas plus que les vaccinés ou ceux qui ont connu la maladie.

Face au danger, face aux irréductibles qui refusent le vaccin et que l’on nous invite à dénoncer, sinon stigmatiser ou punir, notre Président incarne le sauveur suprême pour les seniors et autres nombrilistes dont la petite personne est plus précieuse que le destin du pays. À coup sûr, ces fidèles électeurs ont apprécié la sortie du Président qui, droit dans ses bottes, a lancé à la cantonade: « Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder, et donc on va continuer à le faire jusqu’au bout. » À en croire les aboyeurs macronistes, ce serait eux les responsables de la contamination, ce qui est déraisonnable, vu le nombre de cas. En réalité, les non-vaccinés, surtout âgés, prennent des risques pour eux-mêmes, mais, à ce jour, la vaccination n’est pas obligatoire et ces obstinés ne contreviennent pas à la loi.

S’il est vrai que ces personnes sont en danger, peut-on affirmer sérieusement que, contaminées, elles prennent la place d’autres malades ? En réalité, n’est-ce pas là une façon de se dédouaner et de faire oublier la responsabilité du gouvernement et de ceux qui l’ont précédé) dans les carences hospitalières ? Une façon aussi de menacer ces “irresponsables”, de les traiter en pestiférés, en boucs émissaires. C’est là un langage clientéliste classique, alors que celui qui l’emploie n’est pas encore candidat, mais président de la République ! Et qu’il ne devrait pas, en tant que Président de tous les Français, instaurer la ségrégation. N’a-t-il pas affirmé, parlant des non-vaccinés, qu’ils étaient irresponsables et qu’un irresponsable n’est plus citoyen ? Par contre, les terroristes ne sauraient être déchus de leur nationalité, car « tout le monde est citoyen », avait-il déclaré en 2016.

Ce qui en dit long sur la désinvolture et la morgue de Macron, enfant gâté auquel tout est permis. Un langage de charretier savamment étudié mais qui, faisant suite aux “gens de peu’’, “aux gens de rien”, en dit long sur le regard que notre Président porte sur le pays profond, à ses yeux arriéré et rétrograde et qui constitue un frein à la « mondialisation heureuse » et à la modernité, fussent-elles mortelles pour nos valeurs, notre culture, notre histoire.

Aujourd’hui, notre pays est fracturé, désocialisé, les gens se regardent en chiens de fusils, car chacun est perçu comme un danger pour l’autre, et sont à deux doigts de dénoncer les déviants, les réfractaires. Ils ne se serrent plus la main mais se tendent le poing et se réfugient dans leurs cocons, en acceptant passivement le muselage et le confinement. Tout ce que, à quoi s’oppose, à juste titre, la jeunesse qui refuse d’être enterrée pour cautionner une politique organisée au profit des seuls électeurs macronistes.

Mais quel rôle joue donc notre factotum, sinon celui d’un Monsieur Loyal cherchant à persuader les Français que son maître est la meilleure assurance-vie contre la Camarde, la sauvegarde assurée, en un mot qu’il est le protecteur qui veille sur vous et pour qui il faut voter. À l’Assemblée nationale, après les rodomontades de Véran, Castex bombe le torse, gesticule, vitupère, accable les opposants au passe vaccinal en les rendant responsables de l’aggravation de l’épidémie. Et, se tournant vers ses anciens collègues républicains (qu’il a lâchés pour rejoindre Macron), il les accuse, en usant d’un mélo de pacotille et d’une indignation grand guignol : « Hier, 272 de nos concitoyens sont morts du fait de la maladie. Pendant ce temps… certains s’ingénient à faire des coups politiques ! » Mauvais remake des déclarations de Macron qui, confirmant ses “emmerder”, tirait à vue sur les non-vaccinés, dans un français laborieux : « Non seulement ils mettent en danger la vie des autres mais ils restreignent la liberté des autres, et ça, je ne peux pas l’accepter. » Pâle doublure du Président, le Premier ministre se fait aujourd’hui foudre de guerre. « Le pauvre homme », aurait dit Molière…

Max Chaleil