La France comparée à la Corée du Sud, pays d’exception

Les seules véritables richesses d’un pays sont les hommes et les femmes qui l’habitent. Certains pays qui sont partis de très bas ont connu une progression fulgurante et d’autres un effondrement dramatique. Ce qui fait la différence, ce sont tout d’abord les valeurs qui structurent en profondeur une société, un peuple.

En 1961, la Corée du Sud apparaissait comme l’un des pays les plus pauvres du monde, avec un niveau de vie inférieur à celui du Kenya et proche de celui de l’Éthiopie. Ce pays a subi beaucoup d’épreuves, l’occupation japonaise jusqu’en 1945, puis la guerre de Corée en 1950. Les dommages furent extrêmement élevés en terme de pertes humaines et plus de 50 % du potentiel industriel fut détruit.

Néanmoins l’économie coréenne a surmonté tous les défis. Les résultats économiques sont spectaculaires : une croissance moyenne du PIB de 7 % depuis les années 70, un chômage quasi inexistant, la création de grands groupes très puissants (SamsungHyundaiLG et SK), une industrie très performante et diversifiée, une balance commerciale largement excédentaire avec un solde positif qui la place derrière la Chine, l’Allemagne, le Japon et les Pays-Bas, et à peu près à hauteur de la Suisse et de la Suède, autres grands pays exportateurs.

Un indicateur frappant est celui de la dette par habitant, en 2019 il s’élevait à 12 000 € pour un Coréen contre             42 000 € pour un Français !!

En termes de qualité de la vie, selon The Economist, la Corée du Sud se situait, en 2012, au dix-neuvième rang mondial derrière la Suisse mais devant la France. En 2012 toujours, pour la première fois, le pays est devenu exportateur net de produits culturels.  Cette même année, la Corée du Sud se situait au quatrième rang mondial des champions de l’innovation. Au classement Pisa (qui mesure le niveau des élèves), la Corée du Sud se classe 7e et la France 26e.

A contrario la France s’enfonce, son déficit explose, sa balance commerciale est largement déficitaire, sa dette est abyssale, le tissu industriel est fragile et ancien, peu de moyennes et grandes entreprises, le niveau des élèves régresse.

Quelles sont les causes de telles différences ?

Les Sud-Coréens sont un peuple très patriote, ils n’ont pas honte d’exprimer leur fierté et leur amour pour leur pays.   « notre pays » (우리나라). La Corée du Sud a une identité forte, son peuple a une grande unité culturelle. Les immigrants représentent 12 % de la population en France contre 2,25 en Corée du Sud, en majorité des Chinois, avec qui ils ont un socle culturel commun.

Le système de valeurs de ce pays est influencé par deux courants très puissants : le christianisme est aujourd’hui la première religion de Corée du Sud, devant le bouddhisme. De nombreux dirigeants de Corée du Sud, depuis 1945, sont chrétiens dont le catholique Kim Dae-jung (1998-2003) et le presbytérien Lee Myung-bak (2008-2013). Le dynamisme du christianisme est aussi visible par le grand nombre de missionnaires (10 000), essentiellement protestants, partis prêcher à l’étranger. La Corée du Sud est ainsi le second pays missionnaire après les États-Unis. La communauté protestante est sur-représentée au niveau politique, la proportion d’élus au Parlement se réclamant de cette confession oscillant entre 31 % et 41 % au cours des années 2000 et 2010.

Les valeurs transmises par le protestantisme sont la liberté individuelle et son corollaire, le sens des responsabilités, ainsi que la dignité de la personne. En France, quand les protestants (huguenots), ont dû fuir la persécution sous Louis XIV, ils se sont exilés en Suisse, en Hollande et ont développé les industries extrêmement prospères du textile, de l’horlogerie. Le sens du travail est très développé dans ces communautés.

Contrairement à la Chine, son grand voisin, le sens de cette liberté individuelle donne une assise très forte à la démocratie. En 1987, un mouvement de protestation national a eu lieu en Corée du Sud du 10 au 29 juin. L’Église catholique a aussi joué un rôle important à cette occasion. Ces manifestations (1 à 2 millions de personnes dans les rues) ont forcé le gouvernement au pouvoir à organiser des élections et à instituer d’autres réformes démocratiques qui ont conduit à la création de la Sixième République, l’actuel gouvernement de Corée du Sud. En 2016 , des manifestations monstres ont fait tomber la présidente, accusée de corruption.

Des libertés préservées

La gestion de la crise du covid n’a pas donné lieu, en Corée du Sud, à des mesures drastiques de confinement, de discrimination entre les citoyens, de passe vaccinal ou sanitaire. La mortalité y a été bien inférieure à ce qu’elle a été en France. La démocratie et les libertés ont été préservées.

La Corée du Sud se démarque également sur le dossier Russie/Ukraine en refusant de se joindre à toute action militaire en Ukraine, contrairement là-aussi, aux pays européens qui s’engagent activement en y envoyant des armes létales. Cette indépendance de la Corée du Sud lui assure un poids diplomatique, alors que celui de la France ne cesse de se réduire.

Un exemple pour l’avenir de la France ?

Aujourd’hui la Corée du Sud est un pays très puissant, qui a de bons résultats économiques, une qualité de vie enviable. Il est bien évidemment confronté à des défis qui lui sont propres (taux de natalité, consumérisme, moral des jeunes…)  Mais ce pays prouve que des valeurs communes et une identité forte sont le socle d’une nation et permettent de relever tous les défis.

À cet égard la France est un pays fragile et divisé, coupé de ses racines et de son histoire. L’immigration de masse a fortement fracturé son identité et affecté ses fondements. Ses dirigeants ne sont plus mus par une vision spirituelle, ils manquent de patriotisme et de courage.

La France, à moins qu’elle ne disparaisse (ce qui est possible), traversera de grandes épreuves pour que son peuple lève les yeux et retrouve son identité.

Christophe Sévérac

 

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7 Commentaires

  1. et encore vous n’avez pas comparé avec Singapour… Mais bon, nous nous avons nos (si) chers fonctionnaires !!! Pauvres de nous !

  2. il y a 75 ans c’était un pays du tiers monde, aujourd’hui… on a pris leur place
    c’était un pays où peu de citoyens savaient lire et écrire, aujourd’hui… on a pris leur place

  3. Un autre cas comparable à la Corée du Sud est celui de Singapour. Petit pays sans aucune ressource naturelle (il doit importer même son eau douce, de la Malaisie voisine) qui s’est hissé lui-aussi en 80 ans dans le club des plus riches du monde (en PNB par habitant).
    Comme la Corée c’est un pays asiatique, avec un fort patriotisme et une prévalence du bien commun sur le bien individuel.
    En revanche le moteur de son succès a été la présence à la tête de l’état d’un autocrate éclairé, Lee-Kwan-Yu, qui a résolument choisi le système de valeurs occidental : capitalisme orienté, sécurité, justice intègre. Tout y est fait pour favoriser les affaires… Mais la démocratie n’est pas au niveau de la Corée du Sud… Peut-être une question de religion ?

  4. Je n’ attend plus rien venant de l’ intérieur de mon pays , le salut ne viendra que de l’ extérieur….Tout est corrompu du sol au plafond …Dans le meilleur des cas la France deviendra un pays ” neutre” sans engagement militaire à l’ extérieur et sous protectorat Russe
    De mon point de vue c’ est la seule solution ( l’ Empire américain est à l’ agonie )

  5. Je ne comprends pas pourquoi, alors qu’on importe tellement de Richesses (environ 400000 par an), on a encore des dettes. D’autant plus qu’on a un Mozart de la finance à la barre.

    • Répondre à Michel BERNARD: 😉 Vous condamnez ce bon Mozart à l’enfer en disant cela…..

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