La gifle qui va peut-être nous coûter cher, à nous les patriotes

À tous ceux qui se réjouissent de la soufflante reçue par Emmanuel Macron, je vous dis bravo. Oui, bravo de vous tirer avec vaillance une énième balle dans le pied ! Comme si notre camp avait besoin de ça…

Nous sommes déjà la proie de toutes les invectives, toues les supputations du pire, toutes les attaques et condamnations lorsque nous sommes sages comme des images ; alors imaginez ce que cet acte, plus la récente vidéo de Papacito, adressée à Mélenchon et sa horde, vont nous coûter. Je vois ça d’ici, entre une inondation télévisuelle de documentaires sur le IIIe Reich –  un exemplaire de Mein Kampf aurait d’ailleurs été retrouvé chez le copain de human baffe ! – et le déferlement de procureurs spécialistes de l’extrême-droite qui fait très peur ; au moins autant que le père Fouettard ou Françoise Rosay confessée par Fernandel dans L’Auberge rouge !

Non, mes amis, il n’y a pas de quoi rire car, si caricaturaux et anodins que soient les deux événements cités plus haut, il y aura toujours un gros troupeau de crétins pour s’inventer des frayeurs et voter là où on leur dira de voter. Et ça, ça n’arrange pas nos affaires…

Maintenant, faut-il s’exagérer ce geste qui, n’en doutons pas, va coûter bonbon à son auteur ? Je rappellerai à Macron que d’autres chefs d’État ont été jadis victimes de tentatives homicides autrement plus musclées. Pour ne citer que l’homme à la tête de poire – Louis-Philippe –, souvenons-nous de la Machine infernale – invention d’un certain Giuseppe Fieschi – qui lui était destinée ce 28 juillet 1835. Plus tard, avec l’attentat d’Orsini, le 14 janvier 1858, Napoléon III connaîtra lui aussi les frayeurs – réelles celles-là ! – de la mort qui vous frôle de près.

Côté présidents, il y aura bien entendu de Gaulle au Petit-Clamart, le 22 août 1962. Auparavant, Sadi Carnot (en 1894) et Paul Doumer (en 1932) avaient quant à eux succombé sous les coups de leurs assaillants respectifs. Moralité, même les attentats contre Macron relèvent du burlesque ! Alors doucement les basses sur la personne sacrée du Président, dont la gifle serait reçue par toute la France, selon Marlène Schiappa, qui s’est soudain crue André Malraux. Redescends, ma chérie, t’es pas du niveau !

Quoi qu’il en soit, certains traqueurs de chemises noires sont déjà au bord de souhaiter au contrevenant un sort identique à celui de Robert François-Damiens, lequel eut la mauvaise idée de tenter d’assassiner Louis XV. Pour prix de son crime de lèse-Majesté, ledit Damiens sera : « tenaillé aux mamelles, bras, cuisses et gras des jambes, sa main droite tenant en icelle le couteau dont il a commis le dit parricide, brûlée au feu de soufre, et sur les endroits où il sera tenaillé, jeté du plomb fondu, de l’huile bouillante, de la poix résine brûlante, de la cire et souffre fondus et ensuite son corps tiré et démembré à quatre chevaux et ses membres et corps consumés au feu, réduits en cendres et ses cendres jetées au vent. » À l’énoncé des réjouissances qui l’attendaient, le futur supplicié s’exclamera : « La journée sera rude ! »

Voici pour la grande Histoire, Macron n’étant encarté qu’à la petite. Et même si l’auteur de l’avoinée s’appelle Damien !

Quant à ceux qui adulent la chaîne d’information en continu CNews, donnez-vous la peine d’écouter les commentaires qu’on y entend en masse et vous comprendrez que la couardise y règne, même si moins qu’ailleurs. Seul Zemmour a eu le courage de dire que Macron avait ce qu’il méritait, à force d’avilir la fonction présidentielle, tout en prenant soin de condamner l’acte ridicule et improductif du « terroriste insoutenable d’extrême-droite », comme on devra désormais l’appeler. On ne rit pas !

Ah, si seulement le sieur Macron s’était effondré, après cette insignifiante gifle, en soupirant, tel César à Brutus, un « tu quoque mi fili » (toi aussi mon fils) au baffeur excité par ses vapeurs médiévales, là je m’inclinais…

Charles Demassieux