La légitimité présidentielle ?

Faut-il rappeler aujourd’hui la légitimité du président de la République. Personne ne conteste la légalité de l’élection. Mais la légitimité parle d’autre chose. Il s’agit de la qualité d’un pouvoir d’être conforme aux croyances des gouvernés quant à ses origines et à ses formes. On parle alors du bien-fondé, de l’autorité morale, des bonnes raisons par-delà la seule et stricte légalité.

Or, rappelons ici les résultats. 48.752.339 inscrits, un peu plus de 48,7 millions d’électeurs. 13.655.339 (13,6 millions) d’abstentions soit 28,01 % du corps électoral. Reste donc 35.096.478 votants (35 millions) soit près de 72 %. Mais parmi ces 72 %, il faut retrancher encore 2.233.904 (2,2 millions) de votes blancs, soit plus de 4,5 % des inscrits. À ceux-là il faut ajouter les votes nuls 805.249 soit 1,65 % des inscrits.

Les votes exprimés s’élèvent donc à 32.057.325 (32 millions) soit un peu plus de 65 % du corps électoral. En réalisant 18.768.639 votes, Emmanuel Macron réunit 38,5 % des inscrits au 2e tour de la présidentielle. Rappelons qu’au premier tour, il réunit 9.783.058 (9,7 millions) de voix soit 20 %, c’est-à-dire 1/5e du corps électoral.

C’est donc avec une assiette électorale d’un Français sur cinq que nous subissons les injonctions politiques de l’actuel président de la République. Et pour être élu, il aura fallu que 9 autres millions d’électeurs le préfèrent à son adversaire. Rappelons que le 3e homme, Jean-Luc Mélenchon obtint 7.712.520 (7,7 millions). Au passage, aucune plateforme de gouvernement n’aura été proposée entre les deux tours.

Par comparaison, François Mitterrand réunissait 15.708.262 (15,7 millions) pour un total d’inscrits en 1981 de 36.398.762 (36,3 millions) soit 43 % du corps électoral, avec à l’époque 14 % d’abstention. Au premier tour, il obtenait 7.505.960 sur 36.398.859, soit 20 %, mais avec une alliance objective avec le candidat communiste qui obtenait quant à lui 4.456.922 soit 12 %.

La France a donc changé sur deux points, indépendamment des partis représentés. L’abstention a sensiblement augmenté en 40 ans et le candidat élu l’a été sur un programme commun réunissant l’ensemble des partis de gauche en 81, alors qu’il l’a été sans aucune plateforme de gouvernement avec ses alliés de circonstance du 2e tour, obtenant leur vote par le rejet du parti d’en face.

C’est donc cela qui précipite la France dans la colère inédite des électeurs. Or, comment faire fonctionner une démocratie quand le président élu n’a pas le large assentiment du plus grand nombre ? Et ce d’autant, que le parti présidentiel a réunit lors des législatives 8.002.407 suffrages (8 millions) soit un peu plus de 16 % des inscrits, déclenchant 244 sièges du fait du vote par circonscriptions géographiques. Au passage, entre les deux élections, le mouvement présidentiel passe de 9,7 millions au 1er tour de la présidentielle à 8 millions pour le 2e tour des législative, soit une perte de 1,7 millions d’électeurs.

Si la légitimité parle du bien-fondé, la fondation qui donne autorité n’y est évidemment pas. Alors qu’aujourd’hui on va appliquer pour nos représentants la loi de la majorité absolue pour voter la motion de censure, soit 50 % du corps électoral des députés, comment expliquer que cette majorité absolue du corps électoral ne s’applique pas à l’élection présidentielle ? Que techniquement, il faille bien élire un président, par défaut d’une légalité à la majorité absolue, suffit à démontrer qu’il a une légalité par les textes de circonstance, mais qu’elle n’est pas conforme à l’esprit démocratique de la majorité absolue du corps électoral.

C’est donc un véritable abus de pouvoir que de croire pouvoir gouverner selon les seuls désirs de son mouvement d’origine, sans compromis et échange avec d’autres mouvements politiques. Cette absence de clairvoyance sur la légitimité institutionnelle est un véritable dévoiement de la légalité, un aveuglement qui crée le divorce avec les électeurs.

Alors qu’on parle de violence en cherchant à condamner partout la violence, faudrait-il avoir l’intégrité intellectuelle d’y inclure la violence symbolique. En effet, la première des violences qui peut induire la seconde, c’est celle-ci, cette violence symbolique qui vise la soumission et la domination par un exercice délétère du pouvoir. Nous y sommes bien. Saluons Monsieur de Courson qui discerne sans doute bien le risque d’une réaction  à cette insupportable violence symbolique.

Pierre-Antoine Pontoizeau

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11 Commentaires

  1. Ah oui, je le dis depuis fort longtemps : légalité et légitimité, ce n’est pas du tout la même chose. Très heureux de lire un article de cette tenue. Super.

  2. Macron a été élu du fait d’une suite de circonstances opportunistes sur le plan électoral. De toute façon quel que soit le gouvernement en place, dorénavant et pour tout un ensemble de causes, la France sera difficilement gouvernable, et poursuivra sa marche vers un déclin sociétal, civique et économique. Sur le plan des retraites, il est évident que des réformes devront se faire, mais les mécontentements devraient surtout viser à obliger le gouvernement à les faire davantage financer par les grandes sociétés et multinationales qui génèrent des profits ubuesques, et en taxant plus en ce sens les individus fortunés. On sait tous que les gouvernements de la planète sont sous le joug plus ou moins inavoué d’un “système de pouvoir” financier et économique mondialisé, parfois occulte et mafieux, entre les mains d’une “poignée” d’individus, si l’on peut dire au regard de la population mondiale.

    • Je crois Breer que Macron a été conçu un lendemain de cuite , sur fond d alcool et de cocaïne. Ce qui pourrait expliquer qu il soit un agité du bocal et …..d autre chose. 🥳🥳🥳🥳🥳🥳🥳

    • On atteint un point de non retour c est évident. Macron , comme l a si bien écrit Jacques Guillemain est bien le pire fossoyeur de la France. Un criminel contre son peuple et un traitre face à son histoire. Maintenant plus personne ne pourra dire en se chiant dessus : ” on ne pouvait pas prévoir “.

  3. Je ne suis pas d’accord !
    La légalité de l’élection est très contestable.
    Pour moi c’est une évidence : il y a eu fraude !!!
    Comme aux États-Unis, au Brésil …

    • Eh oui mais vous savez bien que ces preuves ont été bien effacées à moins que…..tout à coup elles refassent surface, comme certains sms de Von der Lachienne….ce serait le pompon . Allez, on y croit !!!

  4. En plus de cette démonstration de l’illégalité de cette présidence, juste faire le bilan des 5 ou 6 ans de Macron …la France coule, dans tous les domaines et nous sommes à la veille d’une guerre !! Ça devrait suffire pour appliquer la Constitution et destituer Macron pour son incapacité de gérer le pays et pour sa mise en danger des français.
    C’est pour quand?
    Si cette Assemblée de pourris se décide un jour..

    • le peuple francais est devenu un peuple de moutons,le cerveau lave par les merdiats et la presse de gauche,plus de 40ans qu’ils votent pour ceux qui les detruisent ar qu’ils diabolisent les LE PEN,les seuls qui auraient pu sauver la france,maintenant trop tard,le changement de population a commencer,des centaines de banlieues islamiser ou la police ne rentre plus,l’islam progresse,soutenue par les partis au pouvoir,les francais vont le payer par des larmes de sang,dans les annees a venir,un ami parti en retraite,au portugal,ma dit avoir retrouver la france des annees 60 et le soleil,pas d’agression,les femmes sont respecter,il fait bon vivre,eux les francais ont choisis de detruire leur pays,honte a vous vos petits enfants vous maudiront

  5. Vous plaisantez là non ? 70% des inscrits l’ont rejeté et il est malgré tout ‘élu’ !!!

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