La ligne Philippot peut-elle survivre à la victoire de Trump ?
La victoire de Donald Trump pose la question de savoir si la politique dâaseptisation des professions de foi du Front National est de nature à conduire Marine Le Pen à la victoire en 2017.
Le succès de campagne du 25e président des Etats Unis, qui nâa pas mâché ses mots ces derniers mois, tout en se délectant de moments provocateurs, sonne comme un désaveu de la « ligne Philippot ». Câest toute la stratégie de « dédiabolisation » suivie par Marine le Pen qui fait désormais lâobjet dâune sourde remise en question.
Vouloir « dédiaboliser », câest déjà admettre quâon a un peu « fricoté » avec le diable et que, par conséquent, il y a quelque chose à se faire pardonner. Il nâest guère étonnant que dans ce contexte, Jean-Marie Le Pen, connu pour ses sorties provocatrices, était la victime expiatoire toute trouvée !
Les lobbys du médiatiquement correct ne sây sont pas trompés en se donnant pour programme de « révéler » au grand public par tous les moyens ce quâils considèrent comme « la véritable nature » du Front National, parti de « Haine » dâune France «rance » ne pensant quâà leurrer son auditoire.
Cette campagne de dédiabolisation a-t-elle rendu le Front National plus crédible aux yeux des Français ? Pas si sûr lorsquâon voit que, sous lâaction des médias du système, le FN reste perçu comme un parti « extrémiste » et « de droite » alors quâil nâest probablement ni lâun ni lâautre. Mais tel reste, pour le Français moyen, le label-produit du parti de Marine Le Pen, quand bien même M. Philippot, piégé par les journalistes, va jusquâà se déclarer « être Charlie » ou quand bien même madame Le Pen, déclare sans ambages « lâIslam compatible avec la République ».
On a lâimpression que le Front National a de plus en plus peur dâaffirmer ses choix politiques, quitte à perdre ses alliés les plus fidèles. Le départ du SIEL (Souveraineté, Indépendance et Liberté) et la faillite du Rassemblement Bleu Marine (RBM) qui en est la conséquence, en ont donné récemment la preuve. Sans compter la réserve presque maladive dont a fait preuve le FN face aux grands mouvements populaires de ces dernières années. Tout le contraire de la stratégie de M. Trump dont les messages politiques, allant parfois jusquâà la caricature, ont été émis et reçus avec la plus grande clarté.
Câest comme si, une sorte de « politiquement correct » interne au FN était en train dâimposer sa loi. Il ne suffit pas de sâaffirmer « ni de droite, ni de gauche » pour emporter lâadhésion populaire. Ce déclin de lisibilité risque de conduire le Front national à se priver dâun électorat sympathisant mais qui, faute dâun discours décomplexé, sera prêt à se tourner vers de nouvelles formations politiques droitières dont on voit déjà les premiers germes.
Une rupture avec la ligne actuelle, si chère à M. Philippot, verra-t-elle le jour ? Câest le défi auquel risque dâêtre confronté le Front National dans un proche avenir.
Philippe Frette